LE TRISTAN DE THOMAS D'ANGLETERRE : LA QUÊTE DE KAHERDIN

La blessure symbolique

Tristan est blessé d'une lance empoisonnée, et seule Yseut peut le guérir ; les autres « mires* » n'y connaissent rien ; cette impuissance ne surprend pas Tristan, qui ne doute pas une seconde de son amie. C'est que la blessure reçue au cours d'un combat pour l'amour d'une dame devient l'emblème de la blessure d'amour, que seule peut guérir celle qui l'a infligée. Tristan supplie Kaherdin de rappeler à la reine la première blessure qu'elle a soignée, qu'il associe dans une sorte de raccourci temporel des plus significatifs à la scène du philtre. Les talents de magicienne d'Yseut ne sont pas vraiment en cause : sa présence peut davantage que tous les philtre dont elle pourrait user pour ramener à la vie le corps meurtri de son ami. En suppliant Yseut de venir

Yseut aux Blanches Mains a entendu tout cela : chez les femmes, l'amour se change aisément en haine, et la haine est plus durable que l'amour. Elle a beaucoup aimé Tristan, mais de se savoir dédaignée pour une autre transforme cet amour en une haine farouche : elle se vengera si elle peut.

Kaherdin s'en va. Sur les conseils de Tristan, il emporte des marchandises très riches pour se présenter à la Cour comme un marchand. La traversée est sans histoire. Grâce à des cadeaux judicieux, il est bien accueilli par le roi Marc, et a accès auprès de la reine, à laquelle il montre l'anneau de Tristan, sous prétexte d'en comparer l'or avec celui d'une broche qu'elle pourrait acheter. Elle le prend à l'écart, et il lui apprend la triste vérité, la suppliant de l'accompagner pour sauver Tristan « envenimé » que personne ne peut guérir.

Désespérée, Yseut demande conseil à Brangien, et après