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Les vérités de Clamence (La Chute de Camus)

Publié le 10/08/2014

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C'est ce même jour qu'il entend, un rire sur le pont des Arts. Bon rire « franc «, repris en écho deux fois dans les pages suivantes, comme autant de clés : lui aussi a un « bon rire franc «, et devant la prétendue innocence des honnêtes gens, il y a de quoi rire. Le rire est donc bien une remise en question et une accusation, et il émane de Clamence lui-même son sourire double dans le miroir le prouve.

 

La lucidité

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« E X P 0 S É S F C H E S Ill -LA SINCÉRITÉ EN SOCIÉTÉ La duplicité Le mensonge est généralisé.

Clamence montre le double visage de chacun.

Le moraliste rappelle que tout peut être interprété de deux façons, que les vertus ont un revers : on confond froideur et vertu.

Pire, on ne distingue pas la générosité de l'égoïsme, la loyauté de la trahison.

Car tout est jeu, rien ne vaut la peine qu'on se sacrifie.

C'est pourquoi, paradoxalement, les seuls lieux de sincérité sont le théâtre et le football, puisque les règles y sont claires.

Au contraire, longtemps, Clamence, comme Camus peut-être, a vécu dans l'illusion d'un accord général.

L'hypocrisi~ La société vit dans l'hypocrisie et ne supporte pas la vérité : de beaux prin­ cipes, et surtout pas d'étiquettes.

Clamence proclame que l'exploitation de son semblable est la règle, mais nous refusons l'étiquette d'esclavagistes.

Hypocrisie plus grande encore, dit-il, des intellectuels : !'Occupation a révélé des « philo­ sophes froussards », qui taisent la vérité en politique, alors que le devoir de l'ar­ tiste - il le réaffirmera à Stockholm -est de la crier partout et toujours.

IV -ART ET VÉRITÉ L'agencement narratif Clamence est à la recherche de la vérité.

Pourtant, sa narration est une mise en forme, ce que la rhétorique appelle une dispositio.

Les aveux sont dosés, les anec­ dotes agencées, les allusions au tableau volé artistiquement saupoudrées, et la struc­ ture d'ensemble parfaitement rodée, sous des dehors spontanés.

C'est au moment prévu qu'on aboutit dans la chambre.

Il entretient des énigmes, savamment distil­ lées, sur son objectif et ses secrets, car l'art exige un aménagement de la vérité.

L'ironie La figure favorite de Clamence est l'ironie*.

Elle maintient l'ambiguïté, auto­ rise la distance.

Elle est l'arme de l'indignation, parce qu'elle permet à celui qui est trop ému de contenir son émotion et de dénoncer plus violemment le scandale.

L'ironie exprime, n'en doutons pas, la souffrance: lorsqu'il prend conscience de l'universelle hypocrisie, Clamence-Camus reçoit toutes les blessures à la fois.

Il relit les dernières années avec ces nouvelles données: la violence de l'attaque ré­ vèle l'ancienneté de la haine et de la jalousie.

L'ensemble de La Chute est un cri de douleur.

Le premier titre pressenti en rendait parfaitement compte : Le Cri.

Brouiller les cartes Mais il faut reprendre son pouvoir, dominer à nouveau.

Marquer sa supériorité par la rétention de l'information, le tableau volé par exemple, mener le jeu entre vérité et mensonge, décider de ce qui est vrai et faux, du faux plus vrai que le vrai, comme il y joue page 126.

Conclusion : Le mensonge est donc partout, dans son miroir, dans la société, dans la confession même.

Cultivant le paradoxe, Clamence pré­ tend être plus vrai en mentant, ne serait-ce que par souci esthétique !. »

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