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Zazie une épopée?

Publié le 05/09/2018

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Le récit de Queneau et son adaptation par Louis Malle usent sans conteste de procédés et de ressorts épiques mais ils semblent moins bâtis sur de l'action que sur une illusoire quête de vérité, sans valeur initiatique puisque, de son séjour parisien, l'héroïne ne sort pas grandie mais constate simplement qu'elle a vieilli. La quête de Zz ne débouche que sur du scepticisme de même que la méditation de Gb ne transmet aucune autre connaissance que le fait de se savoir \"vivant\". Si Zz a changé, c'est parce qu'elle a fait l'expérience de la déception (elle n'a pas vu le métro) et du doute (elle ne sait pas pourquoi elle n'a rien à craindre de son oncle -ch5). Queneau a en effet souvent revendiqué pour son œuvre un sérieux à chercher sous la surface du rire, à l'image d'Alcofribas Nasier (alias François Rabelais) comparant sa fiction à une silène, petit monstre cachant une divinité.

« Trouscaillon, en se faisant offrir des « bloudjinnzes » mais en restant méfiante et en l'identifiant immédiatement comme un véritable satyre. →le monde souterrain du métro et de la Cave évoque aussi celui du Cyclope ou des Enfers.

→Marceline a la douceur de Pénélope restée au foyer. →enfin, la perte de la mémoire de PS rappelle l'épisode des Lotophages (peuple imaginaire "mangeur de lotus" que rencontre Ulysse et ses compagnons qui sont victimes pour certains de cette fleur de l'oubli). B - Des scènes de combat épiques De plus, Queneau et Louis Malle ont inséré dans leurs œuvres des scènes de combat qui sont amplifiées de façon épique. *Dans le roman, après le spectacle de Gabriel, le groupe d'amis se retrouve « Aux Nyctalopes » « pour manger une soupe à l'oignon » (chapitre 17) et après un échange de gifles entre Gridoux et la veuve Mouaque, les « loufiats » de l'établissement se mêlent du conflit qui dégénère en bagarre généralisée. *Dans le film, cette rixe est fusionnée avec l'épisode de la brasserie, dans le chapitre 12, où les personnages mangeaient de la choucroute. →Des procédés d'amplification épique sont utilisés dans les deux œuvres : on voit surgir de nulle part un nombre disproportionné de serveurs déchaînés, tels une armée.*Queneau utilise des hyperboles : « Jamais on upu croire qu'il y en u tant » ou des comparaisons à la fois drôles et emphatiques : « tel le coléoptère attaqué par une colonne myrmidonne », *tandis que le cinéaste amplifie la scène en multipliant les gags visuels : les comédiens se battent avec de la choucroute, les serveurs sortent par dizaines des placards et sont empilés les uns sur les autres à la fin. →Une autre scène de combat, plus grave, poursuit ce procédé d'amplification quand arrive Aroun Arachide dans le chapitre 18 avec de vrais militaires qui mitraillent la veuve Mouaque: *Louis Malle développe beaucoup plus ce qui devient une véritable scène de guerre, presque réaliste si le champ de bataille n'était pas une salle de brasserie parisienne. Le grossissement volontaire des visages des combattants lorsqu’ils encerclent l'établissement peut être également interprété comme un procédé d'amplification. C- Des caractéristiques générales de l'épopée Mais l’on peut affirmer plus largement que Zazie dans le métro dans son ensemble contient bien des procédés épiques. →La dimension collective de l’œuvre existe, parce que derrière les quelques héros qui se détachent, c'est toute une population qui est photographiée : le peuple de Paris. →D'autre part, on note I ‘intrusion du merveilleux. *Louis Malle utilise un certain nombre de montages irréalistes, notamment pendant la course -poursuite entre Zazie et Trouscaillon : -par exemple, elle lance ses « bloudjinnzes » par-dessus le satyre, et comme par magie, elle se retrouve de I ‘autre côté pour les recevoir. -les personnages utilisent des ballons de baudruche pour sauter de la tour Eiffel... *Dans le film comme dans le roman, le dénouement avec la fuite des héros grâce à un monte-charge providentiel manipulé par Marceline/ Albertine semble miraculeux: c'est un peu la transposition romanesque de ce qu'est au théâtre le « Deus ex machina » donc une sorte d'intervention semi-divine.. »

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