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L'art et le réel: BERGSON (commentaire)

Publié le 09/08/2014

Extrait du document

bergson

Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée:

Quand un musicien compose une symphonie, son oeuvre était-elle possible avant d'être réelle ? Oui, si l'on entend par là qu'il n'y avait pas d'obstacle insurmontable à sa réalisation. Mais de ce sens tout négatif du mot on passe, sans y prendre garde, à un sens positif : on se figure que toute chose qui se produit aurait pu être aperçue d'avance par quelque esprit suffisamment informé, et qu'elle préexistait ainsi, sous forme d'idée, à sa réalisation ; conception absurde dans le cas d'une oeuvre d'art, car dès que le musicien a l'idée précise et complète de la symphonie qu'il fera, sa symphonie est faite. Ni dans la pensée de l'artiste, ni, à plus forte raison, dans aucune autre pensée comparable à la nôtre, fût-elle impersonnelle, fût-elle même simplement virtuelle, la symphonie ne résidait en qualité de possible avant d'être réelle. Mais n'en peut-on pas dire autant d'un état quelconque de l'univers pris avec tous les êtres conscients et vivants? N'est-il pas plus riche de nouveauté, d'imprévisibilité radicale, que la symphonie du plus grand maître?

 

BERGSON

INTRODUCTION

Bergson propose ici une réflexion sur le rapport entre réel et possible au terme de laquelle il apparaît que la vie dépasse en nouveauté ce que n'importe quel esprit pourrait en prévoir (définir à l'avance) en terme de possibilité.

 

I. LES DEUX SENS DU POSSIBLE

bergson

« -De ce sens négatif, glissement vers un sens positif et, selon Bergson, trompeur: la possibilité est confondue avec la préexistence potentielle, dans quelque esprit, de l'objet sous forme d'idée complète.

Il n'y aurait ainsi aucun écart entre conception et réalisation.

- Il y a là une sorte d'illusion rétrospective: en partant du constat de l'existence actuelle, on imagine que cette existence était programmée telle quelle dans une pensée antérieure.

II.

L'ŒUVRE D'ART -La symphonie ne réside dans aucun esprit «en qualité de possible avant d'être réelle».

Ce qui peut exister, c'est son schéma, un plan, une direction globale, une intention.

- Analyse de l'invention artistique.

On montre qu'aucune œuvre n'est entière­ ment pensée à l'avance jusque dans ses plus infimes détails: la matière à œuvrer oblige toujours à en modifier ponctuellement le projet en cours de réalisation.

- C'est donc pure illusion que d'affirmer une créativité potentielle: seule est à considérer la créativité qui fait ses preuves en ayant produit.

III.

L'UNIVERS DU VIVANT -L'univers dans sa totalité est infiniment plus complexe et riche qu'une œuvre d'art.

D'autant plus que Bergson y souligne la présence de «tous les êtres conscients et vivants», c'est-à-dire des organismes et des pensées animés de la capacité d'innover, dans les comportements et les idées.

- De même qu'on ne doit pas admettre la préexistence idéale ou conceptuelle de l'œuvre d'art avant sa réalisation, on ne peut imaginer un esprit quelconque (au passage, cela pose un problème théologique: le vivant peut-il dépasser les prévisions de Dieu?) capable de contenir en lui, comme possible, un état de l'univers non encore réalisé.

- On constate ainsi l'impossibilité de prévoir - y compris scientifiquement - la diversité, à tout moment, du réel, et les innovations qui s'y manifestent.

Ce qui est en cause dans ce texte, c'est la théorie d'un déterminisme (cf.

Laplace) conçu de telle façon que, si le monde était connu, à un moment, avec toutes ses lois, on en pou~rait prévoir, pour le moment suivant, toutes les transformations et donc la réalité complète.

On retrouve là l'opposition entre mécanisme et vitalisme: Bergson est partisan de ce dernier, et il affirme le caractère radicalement imprévisible de la vie et de la conscience.

CONCLUSION Dans sa richesse innovante, le monde fait obstacle à une connaissance exhaustive, même scientifique.

Le texte de Bergson -où résonne un appel à vivre la surprise, l'émerveillement face à la multitude des manifestations de la vie -signale au passage combien l'œuvre d'art lui semble insuffisamment novatrice par rapport à l'effervescence du réel.

80. »

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