Devoir de Philosophie

Commentaire: Éthique, V, 18, démonstration, corollaire et scolie.

Publié le 23/03/2015

Extrait du document

Proposition XVIII

Personne ne peut avoir Dieu en haine.

Démonstration

L'idée de Dieu qui est en nous est adéquate et parfaite (par les propositions 46 et 47, partie II) ; et de ce fait, en tant que nous contemplons Dieu, en cela nous sommes actifs (par la proposition 3, partie III), et par conséquent (par la proposition 59, partie 3) aucune Tristesse accompagnant l'idée de Dieu ne peut être donnée, c'est-à-dire (par la 7e définition des Affects), personne ne peut avoir Dieu en haine. CQFD.

Corollaire

L'Amour envers Dieu ne peut se tourner en haine.

Scolie

Or, on peut objecter que, lorsque nous comprenons Dieu comme cause de toutes choses, par là même nous considérons Dieu comme cause de la Tristesse. Mais à cela je réponds que, en tant que nous comprenons les causes de la Tristesse, en cela (par la proposition 3 de cette partie) celle-ci cesse d'être une passion, c'est-à-dire (par la proposition 59, partie 3), en cela elle cesse d'être une Tristesse ; et dès lors, en tant que nous comprenons Dieu comme cause de la Tristesse, en cela nous sommes joyeux.

Éthique, V, 18, démonstration, corollaire et scolie.

« Textes commentés 49 Contempler Dieu, c'est nécessairement l'aimer.

Parole mystique ? On a pu : dire qu'avec la dernière partie de !'Éthique, Spinoza ne tenait pas jusqu'au bout 1 sa pensée de l'immanence absolue, sa pensée dans l'immanence absolue.

En 1 vérité, Spinoza, dans la partie V, tire les conséquences de l'idée de Dieu telle qu'elle a été saisie dans la première partie : Dieu comme puissance absolument infinie, cause libre de lui-même et de toutes choses, s'identifiant dès lors à la Nature.

Certes, de Dieu, les hommes ont pu avoir différentes conceptions : ils l'ont •.

pensé comme pur Esprit informant la matière inerte, comme intelligence transcendante et origine mystérieuse du monde ; ou encore comme volonté indifférente produisant tout selon son bon plaisir, ou bien comme puissance créatrice visant la réalisation d'un modèle, le Bien (I, 23, scolie 2).

Au nom de Dieu, ils ont pu joindre les« images des choses qu'ils ont l'habitude de voir» (II, 4 7, scolie), et lui prêter toutes les passions « humaines, trop humaines ».

Dieu vengeur ou Dieu miséricordieux, il est alors l'objet de crainte ou d'espérance, de tristesse et de joie mêlées.

Mais de l'essence éternelle et infinie de Dieu, c'est-à-dire du Réel tel qu'il 1 est en lui-même, nous pouvons avoir une connaissance adéquate : comme le 1 montrent II, 45 à 47, cette connaissance est même nécessairement en nous en tant qu'elle est enveloppée dans chacune de nos idées.

Dès lors, si nous parvenons à contempler Dieu par cette idée adéquate, la Joie de cette connaissance active est une action pure, sans mélange.

Elle est la Joie de comprendre le Réel comme dynamique absolument positive.

Non seulement / nous comprenons que ce que nous appelons un mal, ou une tristesse, n'existe ., pas en soi, mais seulement en relation avec notre finitude : elle est cette contrariété éprouvée par notre conatus, ou action essentielle, à cause d'un autre f conatus, exerçant une action opposée.

Mais en plus, la compréhension de cette 11 réalité, c'est-à-dire de la causalité à l'œuvre dans tout processus, est augmentation active de notre puissance : des tristesses d'autrui, ou de nos propres tristesses, nous cessons alors de pâtir.

La Joie de comprendre !'Être 1 comme cause de toutes choses (y compris de cette Joie elle-même) est une Joie accompagnée de l'idée de Dieu comme cause : elle est Amour de Dieu.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles