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La conscience de soi doit-elle quelque chose à la présence d'autrui ?

Publié le 20/03/2015

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La conscience de soi doit-elle quelque chose à la présence d'autrui?

 

Introduction : je ne suis pas toujours le mieux placé pour savoir qui je suis I --- Notre connaissance d'autrui est-elle nécessairement indirecte?

 

Question : cette antériorité signifie-t-elle que la connaissance d'autrui conditionne la conscience de soi?

 

Il --- Examen de la valeur de la psychologie introspective a) Autrui dans les méditations de Descartes b) Impossibilité d'une aperception immédiate (cf. texte de Comte) c) Autrui comme «médiateur indispensable entre moi et moi-même III --- La pensée est-elle possible hors d'une communauté humaine?

 

Qui peut, mieux que moi, connaître les mouvements profonds de mon âme, percevoir les mille nuances fugitives des sentiments que j'éprouve à chaque instant de ma vie?

 

Le point de vue que j'occupe sur ma propre personne semble privilégié car je ne suis pas, comme autrui, obligé de deviner la signification de mes comportements.

 

S'il arrive, par exemple, qu'autrui se méprenne lorsque je ris «jaune«, je sais d'un savoir immédiat, intuitif et indubitable ce que mon rire cache.

 

Ainsi suis-je spontanément disposé à croire que la présence d'autrui, ce témoin réduit à formuler des conjectures plus ou moins crédibles sur ma vie psychique, n'apporte rien d'essentiel à la conscience que j'ai de moi-même.

 

En certaines circonstances pourtant, autrui se montre plus clairvoyant que moi sur mon propre compte et il ne m'est pas indispensable de consulter un psychanalyste pour apprendre des vérités qui me concernent et que j'aurais volontiers laissées à l'ombre de ma mauvaise foi ou dans la nuit de mon inconscient.

 

La conscience de soi doit-elle donc quelque chose à la présence d'autrui?

 

Il importe donc d'examiner les affirmations de la psychologie qui, parce qu'elle croit en une aperception immédiate de l'esprit par lui-même, juge accessoire ou dérisoire le rôle de la présence d'autrui dans l'accès à la conscience de soi.

 

Elle met entre parenthèses l'existence d'autrui, qui, parce qu'il appartient au monde sensible, est douteuse.

 

Je ne me découvre vraiment moi-même, je ne me sais chose pensante qu'après m'être coupé, par le doute, du monde et de mes semblables.

 

Autrui ne tarde pourtant pas à resurgir, en la personne de Dieu, dans le fil des méditations cartésiennes.

 

Bergson, si souvent critique à l'égard de celui-ci, reconnaît que la pensée demeure confuse tant qu'elle ne s'est pas extériorisée dans la forme objective, universelle du langage.

 

Platon lui-même a toujours refusé de dissocier recherche de la vérité et dialogue ; Socrate, son maître, ayant fait de la formule delphique «connais-toi toi-même« sa devise, n'a cessé de débattre avec ses concitoyens.

 

L'un et l'autre savaient quels efforts coûte l'accès à la conscience de soi et ils se défiaient des illusions qui menacent la pensée solitaire.

 

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« Dissertations 49 m'est pas indispensable de consulter un psychanalyste pour apprendre des vérités qui me concernent et que j'aurais volontiers laissées à l'ombre de ma mauvaise foi ou dans la nuit de mon inconscient.

La conscience de soi doit­ elle donc quelque chose à la présence d'autrui ? I - Notre connaissance d'autrui est-elle nécessairement indirecte ? a) Comment se fier au témoignage et au jugement qu'autrui porte sur moi si la connaissance qu'il a de moi n'est qu'indirecte, s'il est obligé de comparer mes comportements aux siens pour s'assurer de la nature des émotions et des pensées qui les motivent? Peut-il être sûr, parce qu'il sait que la honte le fait rougir, que mon visage empourpré trahit un sentiment semblable ? J'ai peut-être trop chaud, je suis peut-être essoufflé.

De sorte que cette rougeur de mes joues n'est qu'un symptôme susceptible de recevoir plusieurs interprétations également plausibles.

Il est rassurant de penser que la connaissance qu'autrui a de moi est indirecte, qu'elle passe par la connaissance qu'il a de lui-même, parce que nous pouvons déduire de cette croyance que nous sommes les mieux placés pour savoir qui nous sommes et que notre for intérieur est une forteresse imprenable.

b) Il est pourtant clair que l'enfant qui comprend le sourire de sa mère ne s'est jamais vu sourire lui-même et qu'il n'a pas besoin d'accomplir un détour compliqué par la connaissance qu'il a de lui-même pour saisir le sens du sourire qui lui est adressé.

La connaissance qu'il en a est directe, intuitive.

Si cela ne signifie pas que cette connaissance soit infaillible - il est des sourires trompeurs -, il est certain néanmoins que l'enfant comprend les gestes, l'attitude et les expressions du visage d'autrui alors qu'il n'a de lui-même qu'un savoir confus.

A un âge plus avancé, nous ignorons encore quelle expression a notre regard lorsque nous sommes en colère, abattu ou amoureux.

Aussi sommes-nous étonnés lorsqu'autrui découvre aux moindres tressaillements de notre physionomie des sentiments que nous pensions avoir parfaitement dissimulés.

Semblables en cela à l'enfant que nous avons évoqué, nous connaissons autrui avant de nous connaître nous-même.

c) Cette antériorité de la connaissance d'autrui nous incite à penser, contre le sens commun et toute la tradition philosophique classique, qu'elle conditionne la conscience que nous avons de nous-même.

Il importe donc d'examiner les affirmations de la psychologie qui, parce qu'elle croit en une aperception immédiate de l'esprit par lui-même, juge accessoire ou dérisoire le rôle de la présence d'autrui dans l'accès à la conscience de soi.. »

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