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Dans quelle mesure est-il injurieux de qualifier un être humain d'inconscient? Inconscience et culpabilité

Publié le 20/03/2015

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Dans quelle mesure est-il injurieux de qualifier un être humain d'inconscient?

 

Introduction : inconscience et irresponsabilité I --- Que reproche-t-on exactement à celui qu'on traite d'inconscient?

 

Il --- Suis-je responsable de mon inconscience?

 

Introduction Qualifier un être humain d'inconscient, c'est avant tout constater son impuissance à se penser dans le temps.

 

L'inconscience, en effet, se manifeste d'abord sous la figure de l'insouciance : l'homme qu'elle caractérise ne se préoccupe pas de son avenir et ne semble pas tirer les leçons de son expérience passée.

 

Aussi refait-il constamment les mêmes erreurs et nous paraît-il indigne de notre confiance.

 

L'inconscient est incapable de répondre de lui-même en tant qu'avenir.

 

Son esprit, sensible à la seule force de l'impression présente, semble aussi versatile que les affects et les désirs qui le traversent : il manque de force pour leur résister.

 

Qualifier un être humain d'inconscient revient donc à lui reprocher la faiblesse de son âme ou de sa volonté : il n'est pas à la hauteur de ce que l'on croit pouvoir légitimement attendre d'un homme.

 

Aussi la gravité de l'injure dépend-elle étroitement d'un idéal d'homme fondé sur une vision particulière de la vie psychique et, plus précisément encore, des pouvoirs de la conscience.

 

Soumis à leurs caprices, l'inconscient devient de plus en plus esclave de lui-même ou, si l'on préfère, de l'anarchie de ses instincts, qui s'accroît à mesure qu'il leur abandonne la conduite de sa vie.

 

Freud nous dit qu'il est constitué par les désirs que la censure refoule hors du champ de la conscience.

 

H faudrait pourtant s'interroger sur la nature de cette censure avant de miser sur la prétendue puissance de ces désirs obscurs pour se disculper.

 

Il n'est pas anodin qu'en sa philosophie de la conscience apparaisse le concept de «salaud«.

 

Nous nous refusons par conséquent à considérer l'inconscient comme l'effet d'une lâcheté secrète et coupable.

 

Autrement dit, reconnaître que l'inconscience est un symptôme de faiblesse revient pour nous à regretter ce qu'est un homme, non à condamner le mauvais usage qu'il fait d'une volonté dont il aurait, par l'effet d'un mystérieux privilège, la libre disposition.

 

m Pour une défense de la même notion : Nietzsche, La Volonté de puissance, trad.

 

« Dissertations 53 étroitement d'un idéal d'homme fondé sur une vision particulière de la vie psychique et, plus précisément encore, des pouvoirs de la conscience.

Déterminer dans quelle mesure il est injurieux de traiter un homme d'inconscient exige donc que l'on prenne la mesure de ces pouvoirs.

I - Que reproche-t-on exactement à celui qu'on traite d'inconscient ? a) Les remarques précédentes, qui visent à élucider le sens du mot « inconscient » lorsqu'il est employé pour stigmatiser le comportement de quelqu'un, nous portent à croire que l'inconscience n'est rien d'autre qu'un relâchement chronique de l'attention, qu'un défaut de conscience qui livre l'homme au bon plaisir de ses envies et de ses penchants.

Soumis à leurs caprices, l'inconscient devient de plus en plus esclave de lui-même ou, si l'on préfère, de l'anarchie de ses instincts, qui s'accroît à mesure qu'il leur abandonne la conduite de sa vie.

« Aussi bien, écrit Platon, passe-t-il chacun de ses jours à complaire au désir qui lui échoit au passage [ ...

] c'est cet homme-là qui a la beauté bariolée ; c'est de lui que beaucoup d'hommes et nombre de femmes envieront sans doute l'existence, en tant qu'il enferme en lui le plus grand nombre [ ...

]de façons individuelles de vivre'.

» b) Les excentricités de cet homme recouvrent de couleurs chatoyantes son manque de style et d'originalité réelle.

Sa vie n'a aucune unité propre : elle semble tanguer au gré des velléités qui s'agitent au fond de son âme impuissante à leur imposer sa loi.

« Les âmes les plus faibles de toutes, écrit en ce sens Descartes, sont celles dont la volonté ne se détermine point à suivre certains jugements, mais se laisse continuellement emporter aux passions présentes 2 • »Cette faiblesse susciterait plus de pitié que de mépris si elle n'était, secrètement ou explicitement, jugée coupable.

« Il n'y a d'âme si faible, écrit encore Descartes, qu'elle ne puisse, étant bien conduite, acquérir un pouvoir absolu sur ses passions3.

» II -Suis-je responsable de mon inconscience ? a) Si nous rejetons, en effet, la totalité de l'inconscient du côté du corps et si nous admettons, avec Alain, que l'âme est « ce qui refuse le corps4 » par la conscience qu'elle prend des passions qui correspondent aux 1.

La République, L.

VIII, 561 c-e, Gallimard, Pléiade, 1950, p.

116.

2.

Les Passions de l'âme, art.

48, p.

992.

3.

Ibid., art.

50, p.

994.

4.

D~finitions, Gallimard, Pléiade, p.

1031.. »

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