faute de gout

«             Le goût désigne, en partie, un phénomène collectif, l'orientation d'une société ou d'un milieu vers certaines formes d'art nettement déterminées (on peut alors dire que le goût est "socialement déterminé"). Admettons qu'un groupe d'Indigènes australiens assiste à une exposition d'art moderne en Suisse.

Il semble plutôt probable que la grande majorité d'entre eux trouvent les oeuvres exposées plus laides que des peintures aborigènes.

Leur caractère propre n'a pas grand-chose à voir avec ça, ce sont plutôt leur culture et leurs habitudes qui les auront rendus peu réceptifs à ce genre d'art et orientera leur jugement esthétique. Même si tous les critiques occidentaux acclament cette exposition, on ne pourra blâmer ces individus pour ce jugement.

Cela consiste-t-il vraiment en une faute de goût, une non-reconnaissance de la beauté de ces oeuvres quand la culture des aborigènes est très différente de celle des Européens et a donc façonné leurs goûts différemment ? Leur faute de goût existe-t-elle vraiment ou n'est-elle qu'un critère inventé par la société ? De plus, le goût concernerait alors moins le beau que les usages. La faute de goût s'ancre alors dans les profondeurs sociales ; on ne saurait en être tenu responsable et blâmé puisqu'elle ne relèverait pas de la liberté individuelle ou de l'acte responsable.

Des critères extérieurs à la volonté personnelle et incontrôlables (époque, catégorie sociale...) aident à façonner le . »