Hegel: concepts principaux

Phénomène : Le phénomène est l'un des moments de la manifestation de soi qu'est l'être en tant qu'esprit.

Ce moment expose la différence, la distance, la séparation d'avec soi impliquée par toute manifestation.

Apparaître [du grec : phainomai], c'est se scinder, s'opposer ou s'objecter son propre être, devenir objet à soi-même et, par là, se vivre comme un sujet faisant face à un objet où il ne se reconnaît pas lui-même.

et des vicissitudes d'un tel rapport peut bien être désignée comme une «phénoménologie de l'esprit«.

Le terme du développement de la conscience est le dépassement d'elle-même dans la pleine reconnaissance par le sujet de son identité avec l'objet : alors, l'esprit se manifeste comme esprit dans le savoir absolu de l'identité de ce qui est su et de ce qui sait.

Raison : Hegel reprend la définition kantienne de la raison [Vernunft] comme totalisation, c'est-à-dire comme identification de l'identité et de la différence (l'entendement suppose et fixe, au contraire, leur différence, en tant qu'identification seulement formelle d'une différence reçue empiriquement de l'extérieur).

Mais, pour Hegel, cette totalisation --- jugée par Kant théorétiquement illusoire --- est la réalité ou vérité absolue.

Seul est vrai le tout ou le rationnel.

La totalisation rationnelle ainsi réelle est aussi bien objective que subjective : la différence des choses s'identifie en elle-même et l'identité de la pensée se différencie en son sein.

Identité des opposés, la raison se reconnaît dans ce qui, pour l'entendement --- lequel différencie les opposés en les identifiant fixement, chacun, à eux-mêmes ---apparaît comme un mystère : le rationalisme hégélien s'est bien pensé comme l'assomption conceptuelle de la révélation religieuse du mystère chrétien (identité de l'universalité ou identité à soi divine et de la singularité ou différence humaine).

La raison s'affirme, dans le processus du sens et de l'être, d'abord en creux ou négativement --- tel est le moment «négativement-rationnel« qui dialectise ses oppositions figées par l'entendement ---, puis positivement en dévoilant le contenu réel de l'identité des opposés : tel est le moment «positivement-rationnel« de la spéculation hégélienne.

Spéculatif : Se dit d'un moment du processus constitutif de tout ce qui a sens et être, à savoir du moment terminal, total ou vrai, qui consiste dans l'identification rationnelle positive --- en un contenu réel avéré --- des différences que l'entendement (premier moment) fixe en leur abstraite identité à soi, et que la raison négative ou dialectique (deuxième moment) dissout en montrant que chacune d'elles est, bien plutôt, opposée à elle-même, contradictoire, pur néant.

Si bien que la pensée de l'être n'a pas à injecter en lui subjectivement ou arbitrairement un sens qui lui ferait violence, mais peut et doit se contenter de le refléter (speculum signifie : miroir) en son sens propre, se déployant dans un mouvement immanent d'auto-détermination.