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IDÉALISME ET MATÉRIALISME L'IMMATÉRIALISME

Publié le 24/03/2015

Extrait du document

TEXTE
Hylas. — Ne peut-il y avoir rien de plus clair que vous voulez changer toutes les choses en idées ? Vous, dis-je, qui ne rougissez pas de m'accuser de scepticisme! C'est si clair qu'on ne peut le nier.
Philonous. — Vous vous trompez. Je ne veux pas transformer les choses en idées, je veux plutôt transformer les idées en choses ; car les objets immédiats de la perception qui, d'après vous sont seulement les apparences des choses, je les tiens pour les choses réelles elles-mêmes.
Hylas. — Des choses! Vous pouvez soutenir ce qui vous plaît ; mais certainement vous ne nous laissez rien que les formes vides des choses, l'extérieur seulement qui frappe les sens.
Philonous. — Ce que vous appelez les formes vides et l'extérieur des choses, cela me paraît les choses elles-mêmes... Nous nous accordons tous deux sur ce point que nous percevons seulement des formes sensibles, mais nous différons sur cet autre : vous soutenez que ce sont des apparences vaines et pour moi ce sont des êtres réels. Bref vous ne vous fiez pas à vos sens ; moi je m'y fie.
Hylas. — Vous croyez vos sens, dites-vous ; et vous semblez vous féliciter parce que vous êtes d'accord sur ce point avec
 
l'opinion courante. D'après vous, les sens découvrent la véri-table nature d'une chose. S'il en est ainsi : d'où vient qu'ils ne sont pas d'accord? Pourquoi la forme, pourquoi les autres qualités sensibles ne restent-elles pas identiques quand on les perçoit de toutes sortes de manières ? Et pourquoi devons-nous employer un microscope pour mieux découvrir la véritable nature d'un corps, si celle-ci se découvrait à l'oeil nu?
Philonous. — A parler strictement, Hylas, nous ne voyons pas le même objet que nous touchons, et l'objet qu'on perçoit au microscope diffère de celui qu'on percevait à l'oeil nu. Mais si l'on avait estimé que chaque variation suffisait à créer une nouvelle espèce ou un nouvel individu, la quantité infinie et la confusion des noms aurait rendu le langage impossible. Aussi pour l'éviter... on a uni plusieurs idées, saisies par différents sens, ou par le même sens à divers moments ou en diverses circonstances, mais qui, a-t-on remarqué, ont pourtant quelque connexion dans la nature soit qu'elles coexistent, soit qu'elles se succèdent ; toutes ces idées, on les rattache à un seul nom et on les considère comme une seule chose... «
(Berkeley, 3e dialogue entre Hylas et Philonous, Œuvres, Aubier, t. II, traduction Leroy.)

N'oublions pas que Berkeley est un évêque anglican et que ses intentions sont apologétiques. Aux matérialistes, aux athées qui proclament : « Dieu n'existe pas, l'âme n'existe pas «, Berkeley répond : « C'est la matière qui n'existe pas. Seuls Dieu et les esprits existent. «
Au lieu de dire que Dieu a créé la matière et que l'homme connaît la matière par des « idées «, Berkeley fait l'économie
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de cette entité mystérieuse, de cette substance matérielle énigmatique. Pour lui le spectacle de l'univers, loin de jaillir de façon inintelligible d'une matière opaque est directement imprimé par le Créateur, sous forme d'idées c'est-à-dire de représentations sensibles, dans la conscience des créatures. Le monde est un message de Dieu. C'est un « discours que Dieu tient aux hommes «. C'est même un discours admirable, cohérent et harmonieux qui manifeste la toute-puissance et la souveraine bonté de ce divin locuteur qui me parle quand je déchiffre le monde sensible. Lorsque les métaphysiciens maté-rialistes parlent de substance, de force, d'étendue abstraite, ils mettent un écran de lourdes fictions entre Dieu et cette parole quotidienne de Dieu qu'est le monde. Bergson saisit effective-ment l'essentiel de la doctrine de Berkeley quand il la commente en ces termes : «La matière serait un langage que Dieu nous parle. Les métaphysiques de la matière épaississent chacune des syllabes, lui faisant un sort, l'érigeant en entité indépen-dante, détourneraient alors notre attention du sens sur le son et nous empêcheraient de suivre la parole divine. «
LE MATÉRIALISME MARXISTE


« 1.

! ' '' '' y'opinion courante.

D'après vous, les sens découvrent la ven­ table nature d'une chose.

S'il en est ainsi : d'où vient qu'ils ne sont pas d'accord? Pourquoi la forme, pourquoi les autres qualités sensibles ne restent-elles pas identiques quand on les perçoit de toutes sortes de manières? Et pourquoi devons-nous employer un microscope pour mieux découvrir la véritable nature d'un corps, si celle-ci se découvrait à l' œil nu? Philonous.

- A parler strictement, Hylas, nous ne voyons pas le même objet que nous touchons, et l'objet qu'on perçoit au microscope diffère de celui qu'on percevait à l'œil nu.

Mais si l'on avait estimé que chaque variation suffisait à créer une nouvelle espèce ou un nouvel individu, la quantité infinie et la confusion des noms aurait rendu le langage impossible.

Aussi pour l'éviter ...

on a uni plusieurs idées, saisies par différents sens, ou par le même sens à divers moments ou en diverses circonstances, mais qui, a-t-on remarqué, ont pourtant quelque connexion dans la nature soit qu'elles coexistent, soit qu'elles se succèdent ; toutes ces idées, on les rattache à un seul nom et on les considère comme une seule chose ...

" (Berkeley, 3e dialogue entre Hylas et Philonous, Œuvres, Aubier, t.

Il, traduction Leroy.) COMM•NTAIRE a) Présentation du texte Il suffi~ de présenter les deux personnages du dialogue dont les noms symbolisent les doctrines.

Hylas, cela veut dire en grec « matière».

Hylas est matérialiste au moins en ce sens qu'il affirme l'existence des objets matériels.

Les apparences sen­ sibles, les formes, les couleurs, ne sont que la manière dont les objets matériels du monde, dont les choses, nous appa­ raissent.

Il y a des choses réelles cachées sous les apparences.

Par exemple, ce grand rectangle vert qui m'apparaît est une porte.

Et il y a réellement une porte, là, devant moi.

Je m'en apercevrai en me cognant contre elle.

Philonous dont le nom signifie en grec« ami de l'esprit» (Berkeley 1685-1753 avait d'abord enseigné le grec à Trinity College), c'est l'immatérialiste qui est dans ces dialogues le porte-parole de Berkeley.

Pour lui la matière n'existe pas! Cette porte haute et solide, peinte en vert, à laquelle je me suis cogné douloureusement n'est pas du tout une chose matérielle qui existerait en dehors de mes sensations.

Elle n'est 147. »

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