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L'intelligence subsistera éternellement de N. MALEBRANCHE

Publié le 05/01/2020

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L'intelligence subsistera éternellement

N. MALEBRANCHE (1638-1715)

 

Le rationalisme de Malebranche, successeur de Descartes, s'oppose à la fois aux « libertins » sceptiques ou athées, qui ne veulent se fier qu’à l'expérience sensible, et aux « dévots », qui obéissent à une foi aveugle.

 

La Raison dont je parle est infaillible, immuable, incorruptible. Elle doit toujours être la maîtresse : Dieu même la suit. En un mot, il ne faut jamais fermer les yeux à la lumière : mais il faut s’accoutumer à la discerner des ténèbres, ou des fausses lueurs, des sentiments confus, des idées sensibles, qui paraissent lumières vives et éclatantes à ceux qui ne sont pas accoutumés à discerner le vrai du vraisemblable, l’évidence de l’instinct, la Raison de l’imagination son ennemie. L’évidence, l’intelligence subsisteront éternellement. La foi est véritablement un grand bien, mais c’est qu’elle conduit à l’intelligence de certaines vérités nécessaires, essentielles, sans lesquelles on ne peut acquérir ni la solide vertu, ni la félicité étemelle. Néanmoins la foi sans intelligence, je ne parle pas ici des mystères, dont on ne peut avoir d’idée claire ; la foi, dis-je, sans aucune lumière, si cela est possible, ne peut rendre solidement vertueux. C’est la lumière qui perfectionne l’esprit et qui règle le cœur : et si la foi n’éclairait l’homme et ne le conduisait à quelque intelligence de la vérité, et à la connaissance de ses devoirs, assurément elle n’aurait pas les effets qu’on lui attribue. Mais la foi est un terme aussi équivoque que celui de Raison, de philosophie, de science humaine.

 

Nicolas de Malebranche, Traité de morale (1683), I, chap. 2, 12, in Œuvres, tome 2, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 1992.

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« paraissent lumières vives et éclatantes à ceux qui ne sont pas accoutumés à discerner le vrai du vraisemblable, l'évidence de l'instinct, la Raison de l'imagination son ennemie.

L'évi­ dence, l'intelligence subsisteront éternellement.

La foi est véritablement un grand bien, mais c'est qu'elle conduit à l'intelligence de certaines vérités nécessaires, essentielles, sans lesquelles on ne peut acquérir ni la solide vertu, ni la féli­ cité éternelle.

Néanmoins la foi sans intelligence, je ne parle pas ici des mystères, dont on ne peut avoir d'idée claire; la foi, dis-je, sans aucune lumière, si cela est possible, ne peut rendre solidement vertueux.

C'est la lumière qui perfectionne l'esprit et qui règle le cœur: et si la foi n'éclairait l'homme et ne le conduisait à quelque intelligence de la vérité, et à la connaissance de ses devoirs, assurément elle n'aurait pas les effets qu'on lui attribue.

Mais la foi est un terme aussi équi­ voque que celui de Raison, de philosophie, de science humaine.

Nicolas de MALEBRANCHE, Traité de morale (1683), 1, chap.

2, 12, in Œuvres, tome 2, coll.« Bibliothèque de la Pléiade», Gallimard, 1992.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE L'intelligence ici ne doit pas être entendue, selon la psy­ chologie moderne, comme la faculté de résoudre des pro­ blèmes nouveaux (conception purement technique) mais comme la compréhension rationnelle de la vérité.

Il faut remarquer ici l'image de la lumière, d'origine platonicienne et qui prendra une telle importance au xv111° siècle quand les « Lumières » deviendront synonymes de connaissance rationnelle.

Le terme de raison reste équivoque tant qu'elle est mal distinguée de la sensibilité ou de l'imagina­ tion, tant que l'évidence est confondue avec l'instinct, et le vrai avec ce qui est seulement vraisemblable.

De même, la foi est équivoque quand elle est conçue séparément de l'intelligence, alors qu'elle y prépare et y conduit.

Même quand il s'agit des « mystères » de la reli­ gion, dont l'homme ne peut avoir d'idée claire dans cette. »

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