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LE LANGAGE COMME SYSTÈME

Publié le 24/03/2015

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langage

Dans la langue, il n'y a que des différences. Bien plus, une diffé­rence suppose en général des termes positifs entre lesquels elle s'établit, mais dans la langue il n'y a que des différences sans termes positifs. Qu'on prenne le signifié en le signifiant, la langue ne comporte ni des idées ni des sons qui préexisteraient au système linguistique, mais seulement des différences concep­tuelles et des différences phoniques issues de ce système. Ce qu'il y a d'idées ou de matière phonique dans un signe importe moins que ce qu'il y a autour de lui dans les autres signes. La preuve en est que la valeur d'un terme peut être modifiée sans qu'on touche ni à son sens ni à ses sons, mais seulement par le fait que tel autre terme voisin aura subi une modification.

(F. de Saussure, Cours de linguistique générale,

 

réédition de 1967, Payot, p. 166.)

Au XIX' siècle la linguistique était avant tout atomistique (c'est-à-dire analytique : on étudiait à part chaque élément du langage) et diachronique (c'est-à-dire historique). On considérait à part chaque élément du langage et on cherchait son origine dans un état antérieur de la langue. Il est vrai qu'on étudiait passionné‑

 

ment la grammaire comparée des diverses langues indo-euro­péennes mais c'était avant tout pour reconstruire hypothétique­ment une langue antérieure.

Ferdinand de Saussure opère dans l'étude du langage une révo­lution. Au point de vue analytique, atomistique, il substitue le point de vue structuraliste. Ce qui compte c'est le système constitué par une langue. Les éléments ne comptent plus que par le système d'oppositions et de différences que leur ensemble constitue. Les « différences conceptuelles et les différences phoniques « sont « issues du système «.

 

Au point de vue diachronique, c'est-à-dire historique (qui ne s'intéresse qu'à l'origine de tel ou tel élément linguistique, à son évolution dans le temps) il substitue le point de vue syn­chronique. Le point de vue synchronique est étroitement lié au point de vue structuraliste puisque la linguistique synchronique étudie la relation entre les éléments coexistants qui constituent, à tel instant de l'histoire, le système d'une langue donnée.

langage

« .

' 1' COMMENTAIRE a) Présentation du texte Ce texte est emprunté à la deuxième partie du Cours de linguis­ tique générale (dont la première édition, posthume, remonte à 1916) intitulé linguistique synchronique.

Il nous permettra de préciser quelques-unes des idées fondamentales de la linguis­ tique saussurienne.

b) Explication détaillée du texte ...

Dans la langue ...

Nous trouvons ici un des concepts saussu­ riens fondamentaux, le concept de langue.

Saussure distingue soigneusement la langue (l'élément structural et social du langage) de la parole (individuelle et variable).

Mes paroles sont par exemple une actualisation personnelle de la langue française.

La langue est « la partie sociale du langage extérieure à l'individu, qui à lui seul ne peut ni la créer, ni la modifier ...

L'individu a besoin d'un apprentissage pour en connaître le jeu ...

Elle est si bien une chose distincte qu'un homme privé de l'usage de la parole conserve la langue pourvu qu'il com­ prenne les signes vocaux qu'il entend.

» La langue se prête à une étude scientifique, objective.

Elle est une « chose » pour parler comme Durkheim (1858-1917), ce contemporain de Ferdinand de Saussure (1857-1913).

Elle porte les deux marques de tout fait social objectif, elle est collective (puisque indépen­ dante de chacun des locuteurs particuliers), elle est coercitive (puisqu'elle s'impose à chacun de nous) .

...

Qu'on prenne le signifié ou le signifiant, Avant toute autre explication il faut éclairer les concepts fonda­ mentaux de signifié et de signifiant.

Le signe linguistique, dit Saussure, « unit un concept et une image acoustique ...

Nous proposons de conserver le mot signe pour désigner le total et de remplacer concept et image acoustique respective­ ment par signifié et signifiant».

Par exemple l'idée de « sœur » sera le signifié, la suite de sons s - ô -r qui désigne cette idée en français sera le signifiant.

Indiquons à ce propos que pour Saussure il n'y a aucun rapport intrinsèque entre le signifié et le signifiant, entre l'idée et la suite de sons qui exprime cette idée.

Aucune ressemblance, aucun rapport intérieur entre cette idée de sœur et les sons qui la désignent.

La même idée pourrait être représentée par n'importe quel autre son ; l'existence de langues différentes le montre clairement.

« Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore puisque nous entendons par signe le total résultant de l'association d'un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : le signe linguistique est arbitraire.

» 33. »

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