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La lutte contre les préjugés a-t-elle une fin ?

Publié le 10/10/2014

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Dissertation de Philosophie. La lutte contre les préjugés a-t-elle une fin ? Il arrive parfois qu'au détour d'une discussion, d'un débat ou d'une phase de la vie courante nous nous retrouvions face à des intersections, celles ci- correspondant à des idées que l'on porte sur certaines situations, qui nous opposent la plupart du temps à d'autres groupes d'individus. Ces idées, la majeure partie du temps infondées, n'ont pas fait au préalable l'objet d'une réflexion personnelle. Alors, nos choix face à ses situations rentrent souvent en contradiction de par la subjectivité de notre jugement. L'intégralité de ces pensées n'ayant pas suscité une réflexion antécédente sont les préjugés, un automatisme cérébral inhérent à notre mode de vie. Tout individu prônant la réflexion personnelle et le jugement étudié d'un cas, tel que le ferait tacitement un philosophe, s'engage donc à combattre, même parfois de manière inconsciente, les préjugés, d'en faire son sacerdoce, afin de s'approcher autant que faire se peut de l'objectivité. Mais nous sommes en droit de nous demander si cette lutte supposée "sans fin" de par la tournure de la problématique pallie par son manque de circonscription ou de par son absence d'objectif : et au final, trouve-t-elle dans cette carence une finalité ? Afin de savoir si la guerre contre toute forme de préjugé a réellement une finalité, nous allons nous demander d'où viennent ces derniers, et s'ils peuvent alors être combattus dans quelque mesure qu'il soit. Il convient tout d'abord de définir la notion de "préjugé", provenant de "prae" - avant - et "judicare" - juger - . Ce dernier désigne généralement une opinion, souvent commune, qui n'a pas été vérifiée : le préjugé peut alors prendre la forme d'une rumeur ou d'une croyance, mais il résulte toujours d'un jugement anticipé et non fondé. Le préjugé correspond donc à tout jugement, le plus souvent erroné, porté sur autrui, sans avoir élaboré soi-même auparavant un raisonnement logique et réfléchi. Selon Kant, "le préjugé est un jugement provisoire adopté comme principe". Le préjugé désignerait alors une forme de paresse intellectuelle, qui consisterait en l'adhésion immédiate à un jugement subjectif issu par exemple de l'opinion publique, faute de volonté et de réflexion. Cette idée a été défendue par Arthur Schopenhauer dans "L'art d'avoir toujours raison", où il s'efforce de montrer comment l'opinion subjective d'un petit groupe d'individus, en étant adoptée progressivement par d'autres personnes, devient acceptée par une société toute entière. On peut donc voir dans la société un climat favorable à l'inculcation de préjugés dès le plus jeune âge, société qui pousserait, voire forcerait à accepter tel quel des jugements et idées prémâchés qui ne conviendraient pas forcément &...

« différents, par exemple entre Europ éens et Asiatiques, ou entre catholiques et musulmans.  Ainsi,  à   cause de l'illusion d' être dans le vrai, et dans l'ignorance de son erreur de jugement, l'homme   porterait sur autrui un regard fauss é. On peut donc voir dans la lutte contre les pr éjug és une forme   de lutte contre l'irr éflexion, une lutte pour favoriser le d étachement des opinions et croyances au   profit d'un jugement personnel r éfléchi plus juste et plus nuanc é. Par exemple, les philosophes, en   ayant la volont é d' être toujours au plus pr ès de la v érité, pourraient mener ce combat contre les   pr éjug és, tout comme les scientifiques le feraient en cherchant constamment des explications   rationnelles aux faits r éels. Ainsi, une minorit é non "corrompue" par la soci été ou leur culture   s'affranchiraient de la barri ère du pr éjug é afin d’occire le jugement impersonnel et de mener une   guerre hercul éenne contre l'humanit é toute enti ère, conditionn ée. En poussant lui­m ême sa r éflexion   afin de l'amener  à un raisonnement critique, le philosophe peut se rapprocher de la v érité, et donc   aider l'homme  à se d étacher de ses pr éjug és. La finalit é  de cette guerre serait donc principalement   d'amener chacun de nous au plus proche de la v érité, en se lib érant des pr éjug és propres  à la   culture, la soci été ou l'environnement religieux de chacun, de par des raisonnements rationnels   fond és sur nos exp ériences personnelles, ce qui implique que l'on ne devrait pas juger sans   conna ître. On peut donc dire qu'en int égrant, m ême inconsciemment, toutes formes de pr éjug és, l'on   s'enferme dans des  à priori, dans un jugement erron é du monde que l'on ne voit pas tel qu'il est,   mais tel qu'on nous l'a fait voir : pr éjuger, c'est donc se priver de la v érité, et la guerre visant  à   é liminer le pr éjug é de la soci été résiderait en ce que la minorit é pensante fasse  éclater les pr éjug és   aux yeux des hommes. En ce sens, la lutte contre les pr éjug és b énéficierait donc bel et bien d'une   fin, aussi inaccessible et utopique soit­elle. Cependant, si la guerre contre les pr éjug és a une   conclusion, peut­on r éellement l'atteindre ? Le fait que la d élicatesse de la question trait ée ici s'appuie en grande partie sur la polys émie   du terme "fin" nous am ène, apr ès s' être interrog é sur l'objectif d'une croisade contre les pr éjug és,  à   nous demander si cette lutte peut r éellement trouver une fin, c'est­ à­dire si la guerre contre les   pr éjug és poss ède une issue valable, un d énouement, m ême hypoth étique, et quelles seraient, le cas   é ch éant, les conditions n écessaires  à l'ach èvement de cette lutte. Nous avons donc vu   pr écédemment que les pr éjug és nous emp êchaient de faire face  à la r éalit é du monde tel qu'il est,   qu'ils nous   enfermaient plut ôt dans un univers illusoire que l'on tient soi­m ême pour vrai, faute d'une   autre version comparable  à celle que l'on nous a inculqu ée. En effet, l'habitude des id ées re çues et   le manque b éant de r éflexion entretiennent un monde ne poss édant qu'une v érité toute relative.

  Comme nous l'avons dit auparavant, le philosophe tente de se lib érer des pr éjug és pour esp érer   percevoir la r éalit é telle qu'elle est. Son objectif est donc d'aider les autres hommes  à se d étourner   de leurs pr éjug és pour  à leur tour per c evoir le vrai, jusque­l à enseveli sous le monceau commun   d'id ées re çues v éhicul ées et aliment ées par l'int égralit é de la soci été dans laquelle l'homme vit. C'est   ce que repr ésente Platon dans "l'all égorie de la caverne", une hypotypose profonde d évelopp ée dans   le Livre VII de  La R épublique  : la caverne, symbole du monde o ù nous vivons, n'est qu'une illusion ;  . »

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