la passion nous eloigne-t-elle de la réalité
Publié le 16/10/2013
Extrait du document
«
trompe de monde : il prend pour la réalité le monde intérieur de ses affects.
"Ce qui m'arrive est un grand bien",
dira l'homme passionnément épris.
Il oublie que ce monde n'existe nulle part, sinon dans sa sensibilité
subrepticement placée dans le monde.
Le passionné élabore une réalité conforme aux jugements qu'il porte sur
les faits qui seuls sont réels.
La passion éloigne du réel par l'univers quasi féerique qu'elle crée.
Comme l'a décrit STENDHAL, par son
analyse de la cristallisation, l'homme passionné d'amour pare l'objet de sa flamme de toutes les vertus, - et
particulièrement de vertus effectivement absentes.
La passion est une puissance mystificatrice qui trompe son
monde, une puissance fabricatrice d'illusions.
Les yeux ne se dessillent que lorsqu'elle cesse : "Je ne la savais
pas ainsi".
Ce cri de la raison retrouvé, SWANN le poussera aussi reconnaissant dans Odette de Crécy une
femme, et non plus la créature de son désir.
L'imagination cesse lorsque la possession commence : lorsque la
réalité s'impose et que se dissipe l'aspiration à la réalité.
La passion éloigne de la réalité par le but qu'elle se propose.
Il existe au fond de toute passion une aspiration à
l'infini et une tendance à la répétition.
Le désir se satisfait ; il ne saurait être satisfait.
La passion diffère
toujours parce qu'elle exige davantage.
Le joueur ne veut que jouer encore ; l'avare ne veut que davantage
d'argent.
La passion n'a pas de cesse parce qu'elle ne peut pas s'achever.
Ce pourquoi il existe une passion
amoureuse, - mais non pas une passion de la sexualité.
La sexualité trouve à se satisfaire.
Mais comment
apaiser une soif délirante (Phèdre.
244 a, 249 d - 250 a) d'infini ? La passion exprime une tendance de retour et
de répétition dans le passé qui ne sont autres que des mouvements de renfermement sur soi. DESCARTES se
prend de passion pour des jeunes femmes qui ne sont que des figures masquées de la même petite fille,
compagne de ses jeux d'enfance.
Cependant, l'exemple du Phèdre incite à réviser cette thèse qui voudrait voir dans l'amour un éloignement de la
réalité.
Le délire amoureux est en recherche du vrai monde, de la seule réalité : le monde des Idées.
Ne serait - il
pas possible de concevoir la passion comme une recherche de la réalité ?.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- LA PASSION ÉLOIGNE-T-ELLE DE LA RÉALITÉ ?
- La passion nous éloigne-t-elle de la réalité ?
- La passion éloigne-t-elle de la réalité ?
- Que pensez-vous de ce bilan du classicisme français : «La réussite classique fut bien une conquête, l'équilibre classique non le produit d'une sagesse rassise, d'une prudence habile à ménager le pour et le contre, mais l'expression d'un élan, d'une poussée vers l'avant. Ce qui distingue Racine de Corneille, en 1665, c'est sa nouveauté, son modernisme. Ce qui, dans les traités ou les dictionnaires du temps, condamne un mot ou un tour, c'est qu'il est «vieux», et rien ne caractérise mieu
- La passion éloigne-t-elle de la réalité ?