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Peut-on déceler entre imaginaire et réel des relations plus subtiles, peut-être même une complémentarité ?

Publié le 30/08/2014

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L'imaginaire et le réel, loin de se contredire brutalement, n'en finis­sent pas de communiquer et d'échanger leurs qualités. Au point qu'il peut arriver que le réel lui-même, dans sa quotidienneté, s'aligne sur l'imagi­naire et s'en trouve sérieusement modifié : peut-être la contagion est-elle alors excessive ou pathologique, qui abolit toute différence entre les deux. Sans nécessairement approuver cette confusion, force est de reconnaître qu'il existe bien une dialectique entre l'imaginaire et le réel : celle-ci ne peut précisément se maintenir qu'entre deux domaines distincts, sinon contradictoires, et c'est bien pourquoi l'absorption de l'un par l'autre, interdisant les échanges, peut être jugée excessive.

« [1 -La contradiction apparente] Par définition, semble-t-il, l'imaginaire peut-être repéré comme n'ap­ partenant pas authentiquement au réel.

La production imaginaire a ceci de singulier qu'elle peut ressembler à des éléments concrets, avoir une allure proche de celle du réel qui m'entoure, il n'en reste pas moins que je ne peux la confondre avec l'ensemble des choses matérielles au milieu des­ quelles je vis quotidiennement.

Dans cette optique, on peut affirmer avec Sartre que l'image n'est elle­ même qu'un analogon : ce qui la singularise, c'est qu'elle renvoie à de l'absence, à du «pas-là».

Lorsque mon attention est prise par un film ou un spectacle théâtral, je me coupe de la réalité pour pénétrer dans un monde qui est bien d'abord autre que le quotidien (même s'il y res­ semble) : les corps que je vois sur l'écran ont l'air d'être des corps réels, les personnages dont je suis les aventures peuvent être vraisemblables, il n'en reste pas moins que ce monde est un monde illusoire et que, dès la fin du spectacle, c'est à la réalité elle-même que j'ai à nouveau à faire, mes réactions relativement à elle n'étant pas du tout de même nature que celles suscitées pendant la projection du film.

Quand je me trouve face à du réel, je ne peux m'en abstraire comme j'interromps un feuilleton télévisuel, en appuyant simplement sur une touche de télécommande.

La réalité exige des réponses, des comporte­ ments adaptés à ses qualités, elle me rappelle sans arrêt à l'ordre dès que les réactions ne sont pas adéquates à la situation.

Passer réellement un examen, ce n'est pas imaginer qu'on le passe : dans le second cas, le fan­ tasme flatteur peut dominer, j'imagine que je le réussis brillamment; dans le réel, il se peut par contre que j'échoue lamentablement.

Si l'imaginaire est, au moins en partie, satisfaisant pour mes désirs, la réalisation de ces derniers demande de tout autres efforts dans la réalité.

[Il -L'imaginaire emprunte au réel] À s'en tenir à cette opposition, on ne considère toutefois qu'une ver­ sion- et pas nécessairement la plus importante- de l'imaginaire: celle qui se déploie dans la rêverie, dans toutes les occasions où 1' esprit se laisse aller à enjoliver le réel, ou à s'en détacher, pour obéir au désir.

Encore peut-on au moins remarquer que, même dans de tels cas, mon imagination ne contredit pas en totalité le réel : elle lui emprunte des élé­ ments, elle reconstruit avec ses emprunts une version différente, mais elle n'en est pas totalement séparée.

Si l'on s'intéresse aux aspects de l'imaginaire qui lui permettent d'être productif ou efficace, on fait immédiatement le même constat : tout ima­ ginaire s'élabore avec des éléments extraits de la réalité.

Et l'image obte­ nue n'est pas forcément stérile, inféconde, ou d'une tonalité telle qu'elle. »

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