Peut-on être trop sage?

Si la sagesse est synonyme de prudence, alors effectivement, l'on peut être trop sage. En effet, on peut être trop prudent et ne pas oser entreprendre. Mais on ne peut pas être trop sage si l'on considère que la sagesse est l'autonomie de la conscience et l'exercice de la vertu. En effet, en suivant Aristote, on peut dire que «le sage est, à un suprême degré, l'homme qui ne relève que de lui-même» (Ethique à Nicomaque). Ce n'est pas celui qui n'a point de passion, c'est celui dont

les passions sont raisonnables. Ce qui différencie les passions du sage de celles du fou, ce n'est pas leur intensité (le sage peut aimer sa propre femme plus intensément que le fou n'aime celle du voisin), c'est leur qualité: les passions du sage sont éclairées par la raison, et cela ne les rend pas plus intenses ou moins intenses, cela les rend autres. C'est dans cette mesure qu'il est impossible d'être «trop» sage. Etre sage, c'est être au-delà du trop et du pas assez.