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La recherche du superflu engendre la misère de J.-J. ROUSSEAU

Publié le 07/01/2020

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Hannah Arendt suggère que nous réfléchissions de façon critique à la question : « Pourquoi travaillons-nous ? » Rousseau avait déjà entrepris cette réflexion en exposant les conditions du bonheur pour l'homme : un état d'équilibre entre les besoins et les moyens de les satisfaire ; des besoins élémentaires que chacun satisfait facilement par son seul travail. Le danger principal qu'entraîne la rupture de cet équilibre est la disparition de l'indépendance, c'est-à-dire pour Rousseau de la liberté.

Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu’ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique ; en un mot, tant qu’ils ne s’appliquèrent qu’à des ouvrages qu’un seul pouvait faire, et qu’à des arts qui n’avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons, et heureux autant qu’ils pouvaient l’être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d’un commerce indépendant : mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre ; dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour ■ deux, l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire, et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu’il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l’esclavage et la misère germer et croître avec les moissons.

J.-J. Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, IIe partie, coll. «Textes philosophiques», Hatier, 1992, p. 114.

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« térisé par l'équilibre entre les besoins et les forces néces­ saires pour les satisfaire.

Dans ce texte, ce n'est déjà plus du premier état de nature dont il est question, mais d'un état où les hommes ont connu une certaine évolution (voir la description, au début du texte).

Mais chacun se suffit encore à lui-même, vit de façon autar­ cique car ses besoins restent élémentaires, peut produire tout seul ce dont il a besoin et n'a donc avec ses semblables que des rapports fondés sur l'égalité et l'indépendance.

La dégradation viendra premièrement de la coopération dans le travail, rendue nécessaire par la complexité crois­ sante des objets produits (on peut construire seul sa cabane, pas un palais) ; deuxièmement de la «surproduction » due à la capacité de produire plus que ce qu'on peut consom­ mer.

Cette production supplémentaire suscitera de nouveaux besoins et des échanges, mais l'égalité et l'indépendance deviendront impossibles.

Le travail devient un rapport social.

Plus les besoins sont nombreux et variés, moins on peut pro­ duire seul de quoi les satisfaire, plus la dépendance vis-à-vis des autres grandit et la liberté diminue.

« La propriété s'introduisit » : la surproduction entraîne l'accumulation et l'appropriation des produits du travail.

« Le travail devint nécessaire » : non plus le travail auto-suffisant décrit dans la première partie du texte, mais le travail exploité par les propriétaires pour entretenir et développer leurs propriétés : travail non nécessaire, engendrant la misère et l'esclavage.. »

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