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Que signifie et que vaut la formule : « petites causes, grands effets », qu'on applique souvent à l'interprétation des faits historiques ?

Publié le 15/09/2014

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Enfin le monde historique semble nous montrer une disproportion plus générale encore, car les événements qui le constituent dépendent de conditions physiques et de conditions biologiques et de plus de conditions psychologiques : les bouleversements politiques résultent de changements dans l'opinion populaire et des passions de la masse; les décisions qui modifient l'orientation de tout un pays dépendent de quelques chefs qui ne sont pas toujours ceux qui occupent les postes officiels. Or, rien de moins rationnel, apparemment, que les réactions psychiques de l'homme : une maladresse suffit à le révolter tandis qu'avec une petite attention on le gagne à ses idées. Le résultat s'amplifié quand on a affaire à un conducteur de peuples : suivant qu'un ambassadeur lui plaît ou lui déplaît, suivant qu'il 

« 290 LOGIQUE a) Sa fausseté peut se démontrer à priori car il doit y avoir au moins autant dans la cause que dans l'effet sous peine de Yioler une loi essentielle de l'esprit, le principe de raison suffisante.

b) De plus, l'expérience nous montre que si rien ne se perd, rien ne se crée : dans le domaine matériel, seul susceptible de mesure et pour lequel seuls les qualificatifs de « grand " et de " petit " ont leur signifi­ cation propre, il n'y a que des transformations répétées de substances dont la quantité reste identique.

c) Enfin, si les faits qu'on invoque, aussi nombreux et aussi frappants soient-ils, semblent justifier la formule « petites causes, grands effets '" c'est qu'on voit la cause là où elle n'est pas.

Ainsi, l'allumette jetée par le fumeur n'a mis le feu qu'aux brins d'herbe près desquels elle est tombée; le feu s'est ensuite propagé de brin d'herbe en brin d'herbe, de haie en haie, d'arbre en arbre, de pinède en pinède, mais ce n'est pas l'allumette qui l'y a apporté.

De même, dans les êtres vivants, l'excitation déclenche la libération d'énergies accumulées dans les centres nerveux : ce n'est pas l'excitation qui produit les contractions musculaires résultant de ce déclenchement.

Enfin si les amours d'un grand chef ont des conséquences mondiales, c'est parce qu'elles l'amènent à ne plus s'intéresser à la bataille ou à se laisser influencer par de nouveaux conseillers : ce changement est proportionné avec sa cause, de même que les changements dans la conduite de la guerre, au niveau des chefs subalternes, reste proportionné à sa cause, à savoir aux ordres reçus.

C.

Signification à retenir.

- La formule « petites causes, grands effets " n'est donc acceptable que si on prend le mot «cause" dans un sens large pour désigner tout antécédent qui conditionne ou occasionne les changements observés.

a) Le plus souvent la petite cause à laquelle on attribue de grands effets n'est que la condition, c'est-à-dire ce qui permet à la cause de produire son effet.

Ainsi c'est le courant électrique qui fait tourner les moteurs, porte à l'incandescence le filament de nos lampes, chauffe les résistances de notre radiateur; en abaissant la manette qui ferme le circuit, l'agent ne fait que rendre possible le passage du courant.

De même.

le servant d'artillerie qui, au commandement, tire sur la ficelle pour déclen­ cher le percuteur et le percuteur lui-même, qui enflamme l'amorce, ne sont pas la cause du coup de canon : si l'obus part, c'est à cause de l'explosion de la charge de poudre; l'explosion de l'amorce, à elle seule, n'aurait produit aucun effet de cet ordre.

Il en est de même de l'allumette jetée par le fumeur : en définitive, si les broussailles et les pins brûlent, c'est parce qu'ils sont combustibles; aussi lorsqu'une ville bâtie en bois est dévastée par le feu le matériau de construction est considéré comme la cause principale du sinistre.

Si une petite cause paraît parfois produire de grands effets, c'est le plus souYent qu'on prend une condition pour la cause véritable.

b) En histoire et dans les actions humaines en général intervient aussi l'occasion qui peut, elle aussi, être confondue avec la cause.

Pas plus que la condition, l'occasion ne produit pas l'effet; elle ne conditionne même pas strictement, comme cette dernière, l'action de la cause véritable.

Elle constitue seulement, pour l'agent réfléchi et libre qu'est l'homme, une. »

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