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TEXTE-QUESTIONS Centres étrangers 1, juin 2002: Texte de Kant sur la société

Publié le 25/03/2015

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L'homme est un être destiné à la société (bien qu'il soit aussi, pourtant, insociable), et en cultivant l'état de société il éprouve puissamment le besoin de s'ouvrir à d'autres (même sans viser par là quelque but) ; mais d'un autre côté, embarrassé et averti par la crainte du mauvais usage que

5 d'autres pourraient faire du dévoilement de ses pensées, il se voit contraint de renfermer en lui-même une bonne partie de ses jugements (particulière¬ment quand ils portent sur d'autres hommes). C'est volontiers qu'il s'entre¬tiendrait avec quelqu'un de ce qu'il pense des hommes qu'il fréquente, de même que de ses idées sur le gouvernement, la religion, etc. ; mais il ne peut

/o avoir cette audace, d'une part parce que l'autre, qui retient en lui-même prudemment son jugement, pourrait s'en servir à son détriment, d'autre part, parce que, concernant la révélation de ses propres fautes, l'autre pour¬rait bien dissimuler les siennes et qu'il perdrait ainsi le respect de ce dernier s'il exposait à son regard, ouvertement, tout son coeur.

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> QUESTIONS

1. Dégagez l'idée centrale et le mouvement du texte.

2. Expliquez :

a. « en cultivant l'état de société il éprouve puissamment le besoin de s'ouvrir à d'autres (même sans viser par là quelque but) « ;

b. « parce que, concernant la révélation de ses propres fautes, l'autre pourrait bien dissimuler les siennes et qu'il perdrait ainsi le respect de ce dernier s'il exposait à son regard, ouvertement, tout son coeur «

3. La vie en société nous rend-elle dépendants du jugement d'autrui ?

 

Kant soutient que l'homme est par nature sociable et insociable. Il est sociable, parce qu'il est par nature poussé à rechercher la compagnie de ses semblables afin de développer ses qualités d'homme. Mais il est inso­ciable parce qu'il répugne à s'ouvrir complètement à eux et craint l'image qu'ils lui renverront de lui. Le premier paragraphe du texte pose cette thèse. Le second (à partir de « C'est volontiers «) la développe.

 

C'est un cercle vicieux de la méfiance qui explique l'insociabilité de l'homme : on craint qu'autrui ne se serve de nos opinions à nos dépens; et d'être le seul à se dévoiler. Du coup, on suspecte autrui et on se renferme davantage, etc. Kant pose donc la question de l'influence d'autrui sur le jugement de chacun et plus largement, il interroge le hiatus qui sépare les apparences et l'essence, ce que l'on donne à voir et ce que l'On est vraiment.

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« -- Toutes séries, Centres étrangers 1, juin 2002 SUJET 20 de POUCE ANALYSE DU TEXTE • société : le terme désigne ici, au sens large, les relations avec ses semblables.

•dévoilement de ses pensées : il s'agit de leur extériorisation, par la parole ou par des gestes.

•jugement: c'est l'exercice de la raison, qui cherche à déterminer le bien et le mal dans le registre pratique, et à discerner le vrai du faux dans le domaine théorique.

• fautes : contrairement aux erreurs, les fautes ont une connotation morale.

Elles désignent chez Kant un manquement à l'exigence pratique, une action dont on reconnaît qu'elle est contraire à ce qu'elle aurait dû être.

• respect : c'est le sentiment moral par excellence, qui nous enjoint de consi­ dérer autrui comme un être digne et responsable, bref, comme une fin en soi et non (seulement) comme un moyen.

• cœur : il ne désigne pas ici l'organe physiologique, mais le « lieu » des senti­ ments et des affects.

INTÉRÊT PHILOSOPHIQUE DU TEXTE L'intérêt du texte est de définir I' « insociable sociabilité » de l'homme (Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique, proposition 6) et d'en mettre au jour la cause.

D'un côté en effet, il est de la nature de tout homme de rechercher la compagnie de ses semblables.

L'homme n'est pas fait pour être seul, et a besoin de communiquer avec autrui afin d'exister en tant qu'homme.

Mais de l'autre, il s'en méfie, et cette méfiance s'entretient selon un cercle vicieux: nous nous méfions d'autrui qui se cache parce qu'il se méfie de nous, ce qui le rend encore plus méfiant, etc.

PROBLÉMATIQUE DE LA QUESTION 3 La question est de savoir si cette attitude mixte d'ouverture et de retrait envers autrui a des conséquences sur notre jugement personnel.

La vérité d'une opinion se mesure-t-elle au nombre et à l'influence de ceux qui la soutiennent ? Suffit-il que l'on se trouve en compagnie de gens « bien pensants » pour que l'on se démette de sa propre faculté de juger en la calquant sur la leur ? UTILISER SES CONNAISSANCES On puisera des idées dans les cours sur la conscience, en particulier sur !'inter­ subjectivité (relation entre les consciences) mais aussi sur la vérité (pour les 129. »

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