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Le beau et le jugement de goût

Publié le 30/03/2014

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Le beau et le jugement de goût

 

Dès que l'on porte un jugement sur des choses uniquement d'après des concepts, toute représentation de beauté disparaît. On ne peut donc indi¬quer une règle d'après laquelle quelqu'un pourrait être obligé de reconnaître la beauté d'une chose. On ne veut pas se laisser dicter son jugement par quelque raison ou par des principes lorsqu'il s'agit de savoir si un habit, une maison, ou une fleur sont beaux. On veut examiner l'objet de ses propres yeux, comme si la satisfaction qu'on y rend dépendait de la sensation ; et cependant, si l'on déclare alors que l'objet est beau, on croit avoir pour soi toutes les voix et l'on prétend à l'adhésion de chacun, bien que toute sensa¬tion personnelle ne soit décisive que pour le sujet et sa satisfaction propre... Le jugement de goût ne postule pas lui-même l'adhésion de chacun (seul un jugement logique universel peut le faire, parce qu'il peut présenter des rai¬sons) ; il ne fait qu'attribuer à chacun cette adhésion comme un cas de la règle dont il attend la confirmation de l'accord des autres et non pas de concepts. L'assentiment universel est donc seulement une idée. Est beau ce qui plaît universellement sans concept.

E. Kant, Critique de la faculté de juger, § 8, Vrin, 1979.

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