Devoir de Philosophie

À cette réflexion, Gandalf se redressa

Publié le 29/03/2014

Extrait du document

n’est pas le premier Semi-Homme que j’ai vu sortir des légendes du Nord pour paraître dans les Terres du Sud. «

À cette réflexion, Gandalf se redressa et serra les bras de son fauteuil, mais il ne dit rien et arrêta d’un regard l’exclamation prête à sortir des lèvres de Pippin. Denethor regarda leurs visages et hocha la tête, comme pour signifier qu’il y avait déjà beaucoup lu avant que ce ne fût dit. Lentement, tandis que les autres restaient silencieux et immobiles, Faramir fit son récit, les yeux toujours posés sur Gandalf, encore que de temps à autre son regard s’égarât sur Pippin, comme pour rafraîchir le souvenir d’autres qu’il avait déjà vus.

Tandis que se déroulait l’histoire de la rencontre avec Frodon et son serviteur et des événements d’Henneth Annûn, Pippin se rendit compte que les mains de Gandalf tremblaient, serrées sur le bois sculpté. Elles paraissaient blanches à présent et très vieilles, et, les regardant, Pippin vit que Gandalf, Gandalf lui-même, était inquiet, qu’il avait même peur. L’air de la pièce était renfermé et immobile. Enfin, quand Faramir parla de sa séparation d’avec les voyageurs et de leur résolution d’aller à Cirith Ungol, sa voix baissa, il hocha la tête et soupira. Gandalf se leva alors d’un bond.

« Cirith Ungol ? La Vallée de Morgul ? dit-il. À quel moment, Faramir, à quel moment ? Quand les avez-vous quittés ? Quand atteindraient-ils cette Vallée maudite ? «

« Je les ai quittés il y a deux, jours au matin, répondit Faramir. Il y a quinze lieues de là à la Vallée du Morgulduin, en allant droit au sud, et alors ils seraient encore à cinq lieues de la Tour maudite. Au plus tôt : ils ne pourraient y être avant aujourd’hui, et peut-être n’y sont-ils pas encore arrivés. Je vois en fait ce que vous craignez. Mais l’obscurité n’est pas due à leur entreprise. Elle a commencé hier soir, et tout l’Ithilien était dans l’ombre la nuit dernière. Il est clair pour moi que l’Ennemi avait longuement combiné une attaque contre nous, et l’heure en était déjà arrêtée avant que les voyageurs ne quittassent ma garde. «

Gandalf arpenta la salle. « Avant hier matin, près de trois jours de, voyage ! À quelle distance se trouve le lieu de votre séparation ? «

« À quelque vingt-cinq lieues à vol d’oiseau, répondit Faramir. Mais je ne pouvais venir plus vite. J’ai couché hier soir dans Cair Andros, la longue île dans le Fleuve au nord, que nous tenons en défense, et des chevaux y sont entretenus sur notre rive. Quand les ténèbres grandirent, j’ai su que la hâte était nécessaire, et je suis parti de là avec trois autres qui pouvaient aussi avoir une monture. J’envoyai le reste de ma compagnie renforcer la garnison aux Gués d’Osgiliath. J’espère n’avoir pas mal fait ? « Il regarda son père.

« Mal fait ? s’écria Denethor, dont les yeux flamboyèrent soudain. Pourquoi le demander ? Les hommes étaient sous ton commandement. Ou me demandes-tu de juger tous tes actes ? Ton comportement est humble en ma présence, il y a pourtant longtemps maintenant que tu ne t’es détourné de ton propre chemin sur mon conseil. Vois donc : tu as parlé avec adresse, comme toujours, mais moi, n’ai-je pas vu ton regard fixé sur Mithrandir, cherchant si tu avais dit ce qu’il fallait ou trop ? Il y a longtemps qu’il a ton coeur sous sa garde.

« Ton père est vieux, mais pas encore gâteux, mon fils. Je vois et j’entends comme j’ai toujours accoutumé, et rien ne m’a échappé de ce que tu as à moitié dit ou passé sous silence. Je connais la réponse à bien des énigmes. Hélas, hélas pour Boromir ! «

« Si ce que j’ai fait vous déplaît, mon père, dit posément Faramir, j’aurais bien voulu connaître votre pensée avant que le fardeau d’un jugement d’un tel poids me fût imposé. «

« Cela aurait-il servi à modifier ton jugement ? dit Denethor. Je gage que tu aurais encore fait exactement la même chose : Je te connais bien. Tu veux toujours paraître noble et généreux comme un roi de l’ancien temps, bienveillant et doux. Cela peut convenir à quelqu’un de haute lignée, s’il jouit de la puissance et de la paix. Mais dans les heures désespérées, la douceur peut n’avoir pour récompense que la mort. «

« Soit ! « dit Faramir.

« Soit ! s’écria Denethor. Mais pas seulement la tienne, Seigneur Faramir : celle aussi de ton père et de tout ton peuple, qu’il t’appartient de protéger, maintenant que Boromir est parti. «

« Souhaiteriez-vous donc, dit Faramir, que nos rôles eussent été échangés ? «

« Oui, je le souhaiterais, certes, dit Denethor. Car Boromir était loyal envers moi, il n’était l’élève d’aucun magicien. Il se serait souvenu des besoins de son père, et il n’aurait pas gaspillé ce que la fortune lui offrait. Il m’aurait apporté un beau cadeau. «

Pendant un instant, la réserve de Faramir céda. « Je vous prierai de vous rappeler, mon père, pourquoi ce fut moi qui allai en Ithilien, et non lui. En une occasion, au moins, votre décision a prévalu, il n’y a pas longtemps. Ce fut le Seigneur de la Cité qui lui donna cette mission. «

« Ne ranime pas l’amertume de la coupe que je me suis préparée moi-même, dit Denethor. Ne l’ai-je pas sentie maintes nuits à présent sur ma langue, prévoyant qu’il reste encore pis dans la lie ? Comme je le vois maintenant, en vérité. Ah, qu’il pût n’en pas être ainsi ! Que cette chose me fût parvenue ! «

« Reprenez courage ! dit Gandalf. Boromir ne vous l’aurait apportée en aucun cas. Il est mort, et d’une belle mort, qu’il repose en paix ! Mais vous vous abusez. Il aurait tendu la main vers cette chose, et, la prenant, il serait tombé. Il l’aurait gardée pour son propre compte, et, à son retour, vous n’auriez pas reconnu votre fils. «

Le visage de Denethor se durcit et se fit froid. « Vous avez trouvé Boromir moins facile à soumettre à votre direction, n’est-ce pas ? dit-il doucement. Mais moi qui étais son père, je dis qu’il me l’aurait apportée. Vous êtes peut-être un sage, Mithrandir, mais avec toutes vos subtilités, vous ne possédez pas toute la sagesse. On peut trouver des conseils qui ne relèvent ni des toiles des magiciens ni de la hâte des sots. Je possède en la matière

davantage de savoir et de sagesse que vous ne l’imaginez. «

« Quelle est donc cette sagesse ? « demanda Gandalf.

« Elle est suffisante pour percevoir qu’il est deux folies à éviter. L’usage de cet objet est dangereux. À l’heure présente, l’envoyer aux mains d’un Semi-Homme sans intelligence dans le pays de l’ennemi lui-même, comme vous l’avez fait, vous et ce fils à moi, est pure folie. «

« Et le Seigneur Denethor, qu’aurait-il fait ? «

« Ni l’une ni l’autre de ces deux choses. Mais assurément aucun argument ne lui aurait fait soumettre cet objet à un hasard que seul l’espoir d’un fou pouvait envisager, risquant notre ruine finale si l’ennemi recouvrait ce qu’il avait perdu. Non, il aurait fallu le garder, le cacher, le cacher au plus profond des ténèbres. Ne pas s’en servir, dis-je, sinon dans la nécessité la plus extrême, mais le placer hors de son atteinte, sinon à la suite d’une victoire si finale que ce qui nous arriverait alors nous serait complètement égal, puisque nous serions morts. «

« Comme à votre accoutumée, mon seigneur, vous ne pensez qu’au seul Gondor, dit Gandalf. Mais il est d’autres hommes et d’autres vies, et des temps encore à venir. Et, quant à moi, j’ai pitié même de ses esclaves. «

« Et où les autres hommes chercheront-ils du secours, si le Gondor tombe ? répliqua Denethor. Si j’avais maintenant cet objet dans les profonds souterrains de cette citadelle, nous ne tremblerions plus de peur sous cette obscurité, et nos conseils ne seraient pas troublés. Si vous ne croyez pas que je pourrais supporter l’épreuve, c’est que vous ne me connaissez pas encore. «

« Je ne m’y fie cependant pas, dit Gandalf. Si je l’avais fait, j’aurais pu envoyer l’objet ici et le confier à votre garde, m’épargnant ainsi, à moi et à d’autres, bien des angoisses. Et à présent, en vous entendant parler, je vous fais moins, et non plus, confiance qu’à Boromir. Non, retenez votre courroux ! Je ne me fie même pas à moi-même en cette affaire et j’ai refusé l’objet, même en don de plein gré. Vous êtes fort et vous pouvez encore vous gouverner vous-même en certaines matières, Denethor, mais si vous aviez reçu cet objet, il vous aurait défait. Serait-il enterré sous les racines mêmes du Mindolluin qu’il consumerait encore votre esprit au fur et à mesure que les ténèbres grandissent, et que les choses pires encore qui suivent seront bientôt sur nous. «

Les yeux de Denethor flamboyèrent de nouveau un moment, et Pippin sentit une fois de plus la tension entre leurs deux volontés, mais à présent leurs regards lui semblaient presque des lames scintillant dans un duel d’un oeil à l’autre. Il tremblait, redoutant quelque coup terrible. Mais soudain Denethor se détendit et redevint froid. Il haussa les épaules.

« Si je l’avais ! Si je l’avais ! dit-il. Tous ces mots et ces si sont vains. Il est parti dans l’Ombre, et seul le temps montrera quel destin l’attend, et nous avec. Dans ce qu’il en reste, que tous ceux qui luttent contre l’Ennemi s’unissent et conservent de l’espoir tant qu’ils le peuvent, et quand il n’y en aura plus, qu’ils gardent encore le courage de mourir libres. « Il se tourna vers Faramir. « Que penses-tu de la garnison d’Osgiliath ? «

« Elle n’est pas forte, répondit Faramir. J’ai envoyé la Compagnie d’Ithilien la renforcer, comme je l’ai dit. «

« Pas suffisamment, je pense, dit Denethor. C’est là que le premier coup tombera. Il leur faudra un capitaine résolu. «

« Là et ailleurs en maints endroits, dit Faramir avec un soupir. Hélas pour mon frère, que j’aimais, moi aussi ! « Il se leva. « Me permettrez-vous de me retirer, père ? « À ce moment, il vacilla et prit appui sur le fauteuil de son père.

« Tu es fatigué, je vois, dit Denethor. Tu as fait une chevauchée rapide et longue, et sous des ombres mauvaises dans l’air, m’a-t-on dit. «

« Ne parlons pas de cela ! « dit Faramir.

« Nous n’en parlerons donc pas, dit Denethor. Va donc te reposer comme tu le pourras. Les besoins de demain seront plus durs. «

Tous prirent alors congé du Seigneur de la Cité et allèrent prendre du repos, tandis qu’ils le pouvaient encore. Dehors régnaient des ténèbres sans étoiles quand Gandalf, accompagné de Pippin portant une petite torche, gagna leur logement. Ils ne parlèrent pas avant de se trouver derrière des portes bien closes. Alors, Pippin prit enfin la main de Gandalf.

« Dites-moi, demanda-t-il, y a-t-il aucun espoir ? Pour Frodon, j’entends, ou du moins pour Frodon surtout. «

Gandalf posa sa main sur la tête de Pippin. « Il n’y en a jamais eu beaucoup, répondit-il. Seulement un espoir de fou, m’a-t-on dit. Et quand j’ai entendu le nom de Cirith Ungol. « Il s’interrompit et alla à la fenêtre, comme si ses yeux pouvaient percer la nuit vers l’Est. « Cirith Ungol ! murmura-t-il. Pourquoi de ce côté-là, je me demande ? « Il se retourna. « Tout à l’heure, Pippin, le coeur a failli me manquer, à la mention de ce nom. Et pourtant je crois, en vérité, que la nouvelle apportée par Faramir comporte un certain espoir. Car il semble clair que notre Ennemi a enfin ouvert sa guerre et fait le premier mouvement alors que Frodon était encore libre. De sorte que maintenant, pendant bien des jours, son regard sera tourné de côté et d’autre, mais non sur son propre pays. Pourtant, Pippin, je sens de loin sa hâte et sa crainte. Il a commencé plus tôt qu’il ne l’aurait voulu. Il s’est produit quelque chose qui l’a mis en mouvement. «

Gandalf resta un moment plongé dans la réflexion. « Peut-être, murmura-t-il. Peut-être votre étourderie même a-t-elle servi, mon garçon. Voyons : il y a cinq jours maintenant qu’il a dû découvrir que nous avions abattu Saroumane et pris la Pierre. Et puis quoi ? Nous ne pouvions en faire grand usage, ni à son insu. Ah ! je

me demande. Aragorn ? Son temps approche. Et il est fort, et dur par en dessous, Pippin, audacieux, déterminé, capable de prendre ses propres décisions et de grands risques au besoin. Ce pourrait être cela. Il pourrait avoir utilisé la Pierre et s’être montré à l’Ennemi, le défiant, dans ce dessein même. Je me demande. Enfin… nous ne connaîtrons pas la réponse avant l’arrivée des Cavaliers de Rohan, s’ils ne viennent pas trop tard. Nous avons de mauvais jours devant nous. Dormons, pendant que nous le pouvons ! «

« Mais «, dit Pippin.

« Mais quoi ? dit Gandalf. Je n’admettrai qu’un seul mais ce soir. «

« Gollum, dit Pippin. Comment diantre ont-ils pu se promener avec lui, et même le suivre ? Et j’ai pu voir que Faramir n’aimait pas plus que vous l’endroit où il les emmenait. Qu’est ce qui ne va pas ? «

« Je ne puis répondre à cela pour le moment, dit Gandalf. Mon coeur devinait toutefois que Frodon et Gollum se rencontreraient avant la fin. Pour le bien ou pour le mal. Mais de Cirith Ungol, je ne parlerais pas ce soir. Une trahison, une trahison, je crains, une trahison de la part de cette misérable créature. Mais il le faut bien. Rappelons-nous qu’un traître peut se trahir lui-même et faire un bien qu’il n’a pas en vue. Cela peut être, parfois. Bonne nuit ! «

Le lendemain vint avec un matin semblable à un crépuscule brun, et le moral des hommes, un moment ragaillardi par le retour de Faramir, retomba au plus bas. On ne revit pas de cette journée les Ombres ailées, mais de temps à autre venait un faible cri, et nombre de ceux qui l’entendaient s’immobilisaient, frappés d’une peur passagère, tandis que les moins vaillants fléchissaient et pleuraient.

Et Faramir était reparti. « On ne lui a laissé aucun repos, murmurèrent certains. Le Seigneur mène son fils trop durement, et il lui faut à présent faire double travail : le sien et celui de son frère qui ne reviendra, plus. « Et des hommes regardaient toujours vers le nord, demandant : « Où sont les Cavaliers de Rohan ? «

De fait, Faramir n’était pas parti de son propre chef. Mais le Seigneur de la Cité était maître de son Conseil, et il n’était pas d’humeur, ce jour-là, à s’incliner devant l’opinion d’autrui. Le Conseil avait été convoqué de bonne heure le matin. Là, tous les capitaines avaient jugé qu’en raison de la menace dans le Sud, leur force était trop…, réduite pour porter aucun coup de guerre de leur côté, à moins d’une arrivée fortuite des Cavaliers de Rohan. Jusque-là, on devait garnir les, murs et attendre.

« Cependant, dit Denethor, nous ne devrions pas abandonner à la légère les défenses extérieures que les Ramenas ont édifiées avec tant de peine. Et l’Ennemi doit payer chèrement le passage du Fleuve. Ce passage, il ne peut l’accomplir en force suffisante pour attaquer la Cité, ni au nord de Cair Andros à cause des marais, ni au sud vers Lebennin à cause de la largeur du Fleuve, qui nécessite de nombreuses embarcations. C’est à Osgiliath qu’il fera porter son poids, comme auparavant quand Boromir lui a interdit le passage. «

« Ce ne fut là qu’un essai, dit Faramir. Aujourd’hui, nous pouvons faire payer à l’Ennemi dix fois nos pertes à ce passage et pourtant regretter l’échange. Car il peut plus facilement se permettre de perdre une armée que nous une compagnie. Et la retraite de ceux que nous enverrons en campagne au loin sera périlleuse s’il remporte le passage en force. «

« Et Cair Andros ? dit le Prince. Il faut tenir cela aussi, si Osgiliath est défendue. N’oublions pas le danger sur notre gauche. Les Rohirrim peuvent arriver comme ils peuvent ne pas le faire. Mais Faramir nous a parlé de grandes forces qui s’avançaient toujours vers la Porte Noire. Il peut en sortir plus d’une armée, qui se dirigeront sur plus d’un passage. «

« Il faut prendre beaucoup de risques en guerre, dit Denethor. Cair Andros est garnie d’hommes et on ne peut en envoyer davantage aussi loin. Mais je ne céderai pas le Fleuve ni le Pelennor sans les défendre s’il y a encore ici un capitaine qui ait le courage d’exécuter la volonté de son maître. «

Tous restèrent alors silencieux, mais Faramir dit enfin : « Je ne m’oppose pas à votre volonté, sire. Puisque vous êtes privé de Boromir, j’irai et je ferai ce que je pourrai à sa place si vous l’ordonnez. «

« Je l’ordonne «, dit Denethor.

« Eh bien, adieu ! dit Faramir. Mais si je dois revenir, ayez meilleure opinion de moi. «

« Cela dépend de la façon de ton retour «, dit Denethor.

Ce fut Gandalf qui parla le dernier à Faramir avant qu’il ne partît en direction de l’Est. « Ne sacrifiez pas votre vie par témérité ou par amertume, dit-il. On aura besoin de vous ici, pour d’autres choses que pour la guerre. Votre père vous aime, Faramir, et il s’en souviendra avant la fin. Adieu ! «

Ainsi le Seigneur Faramir était maintenant reparti, emmenant avec lui tous les volontaires ou les hommes qui n’étaient pas indispensables. Du haut des murs, certains regardaient à travers l’obscurité vers la cité ruinée, et ils se demandaient ce qui pouvait s’y passer, car rien n’était visible. Et d’autres observaient, plus que jamais, le Nord et supputaient les lieues qui les séparaient de Théoden en Rohan. « Viendra-t-il ? Se souviendra-t-il de notre alliance ? « disaient-ils.

« Oui, il viendra, dit Gandalf, même s’il arrive trop tard. Mais réfléchissez ! La Flèche Rouge n’a pu l’atteindre, au mieux, qu’avant-hier, et les lieues sont longues depuis Edoras. «

Il faisait de nouveau nuit quand vinrent d’autres renseignements. Un homme arriva en hâte des gués, disant qu’une armée était sortie de Minas Morgul et qu’elle approchait déjà d’Osgiliath, et elle avait été rejointe par des régiments du Sud, les Haradrim, grands et cruels. « Nous avons appris aussi, poursuivit le messager, que le Capitaine Noir est de nouveau à leur tête, et la peur qu’il inspire l’a précédé au-delà du Fleuve. «

« davantage de savoir et de sagesse que vous ne l’imaginez. » « Quelle est donc cette sagesse ? » demanda Gandalf.

« Elle est suffisante pour percevoir qu’il est deux folies à éviter.

L’usage de cet objet est dangereux.

À l’heure présente, l’en voyer aux mains d’un Semi -Homme sans intelligence dans le pays de l’ennemi lui - même, comme vous l’avez fait, vous et ce fils à moi, est pure folie. » « Et le Seigneur Denethor, qu’aurait -il fait ? » « Ni l’une ni l’autre de ces deux choses.

Mais assurément aucun argument ne lui aurait fait soumettre cet objet à un hasard que seul l’espoir d’un fou pouvait envisager, risquant notre ruine finale si l’ennemi recouvrait ce qu’il avait perdu.

Non, il aurait fallu le garder, le cacher, le cacher au plus profond d es ténèbres.

Ne pas s’en servir, dis -je, sinon dans la nécessité la plus extrême, mais le placer hors de son atteinte, sinon à la suite d’une victoire si finale que ce qui nous arriverait alors nous serait complètement égal, puisque nous serions morts. » « Comme à votre accoutumée, mon seigneur, vous ne pensez qu’au seul Gondor, dit Gandalf.

Mais il est d’autres hommes et d’autres vies, et des temps encore à venir.

Et, quant à moi, j’ai pitié même de ses esclaves. » « Et où les autres hommes chercheront -ils du secours, si le Gondor tombe ? répliqua Denethor.

Si j’avais maintenant cet objet dans les profonds souterrains de cette citadelle, nous ne tremblerions plus de peur sous cette obscurité, et nos conseils ne seraient pas troublés.

Si vous ne croyez pas q ue je pourrais supporter l’épreuve, c’est que vous ne me connaissez pas encore. » « Je ne m’y fie cependant pas, dit Gandalf.

Si je l’avais fait, j’aurais pu envoyer l’objet ici et le confier à votre garde, m’épargnant ainsi, à moi et à d’autres, bien des angoisses.

Et à présent, en vous entendant parler, je vous fais moins, et non plus, confiance qu’à Boromir.

Non, retenez votre courroux ! Je ne me fie même pas à moi - même en cette affaire et j’ai refusé l’objet, même en don de plein gré.

Vous êtes fort et vous pouvez encore vous gouverner vous -même en certaines matières, Denethor, mais si vous aviez reçu cet objet, il vous aurait défait.

Serait -il enterré sous les racines mêmes du Mindolluin qu’il consumerait encore votre esprit au fur et à mesure que les t énèbres grandissent, et que les choses pires encore qui suivent seront bientôt sur nous.

» Les yeux de Denethor flamboyèrent de nouveau un moment, et Pippin sentit une fois de plus la tension entre leurs deux volontés, mais à présent leurs regards lui semb laient presque des lames scintillant dans un duel d’un œil à l’autre.

Il tremblait, redoutant quelque coup terrible.

Mais soudain Denethor se détendit et redevint froid.

Il haussa les épaules. « Si je l’avais ! Si je l’avais ! dit -il.

Tous ces mots et ces si sont vains.

Il est parti dans l’Ombre, et seul le temps montrera quel destin l’attend, et nous avec.

Dans ce qu’il en reste, que tous ceux qui luttent contre l’Ennemi s’unissent et conservent de l’espoir tant qu’ils le peuvent, et quand il n’y en aura p lus, qu’ils gardent encore le courage de mourir libres. » Il se tourna vers Faramir.

« Que penses -tu de la garnison d’Osgiliath ? » « Elle n’est pas forte, répondit Faramir.

J’ai envoyé la Compagnie d’Ithilien la renforcer, comme je l’ai dit.

» « Pas suffi samment, je pense, dit Denethor.

C’est là que le premier coup tombera.

Il leur faudra un capitaine résolu. » « Là et ailleurs en maints endroits, dit Faramir avec un soupir.

Hélas pour mon frère, que j’aimais, moi aussi ! » Il se leva.

« Me permettrez -vous de me retirer, père ? » À ce moment, il vacilla et prit appui sur le fauteuil de son père. « Tu es fatigué, je vois, dit Denethor.

Tu as fait une chevauchée rapide et longue, et sous des ombres mauvaises dans l’air, m’a -t- on dit.

» « Ne parlons pas de cel a ! » dit Faramir.

« Nous n’en parlerons donc pas, dit Denethor.

Va donc te reposer comme tu le pourras.

Les besoins de demain seront plus durs. » Tous prirent alors congé du Seigneur de la Cité et allèrent prendre du repos, tandis qu’ils le pouvaient enco re.

Dehors régnaient des ténèbres sans étoiles quand Gandalf, accompagné de Pippin portant une petite torche, gagna leur logement.

Ils ne parlèrent pas avant de se trouver derrière des portes bien closes.

Alors, Pippin prit enfin la main de Gandalf. « Dites -moi, demanda -t- il, y a -t- il aucun espoir ? Pour Frodon, j’entends, ou du moins pour Frodon surtout. » Gandalf posa sa main sur la tête de Pippin.

« Il n’y en a jamais eu beaucoup, répondit - il.

Seulement un espoir de fou, m’a -t- on dit.

Et quand j’ai enten du le nom de Cirith Ungol.

» Il s’interrompit et alla à la fenêtre, comme si ses yeux pouvaient percer la nuit vers l’Est.

« Cirith Ungol ! murmura -t- il.

Pourquoi de ce côté - là, je me demande ? » Il se retourna.

« Tout à l’heure, Pippin, le cœur a failli m e manquer, à la mention de ce nom.

Et pourtant je crois, en vérité, que la nouvelle apportée par Faramir comporte un certain espoir.

Car il semble clair que notre Ennemi a enfin ouvert sa guerre et fait le premier mouvement alors que Frodon était encore li bre.

De sorte que maintenant, pendant bien des jours, son regard sera tourné de côté et d’autre, mais non sur son propre pays.

Pourtant, Pippin, je sens de loin sa hâte et sa crainte.

Il a commencé plus tôt qu’il ne l’aurait voulu.

Il s’est produit quelque chose qui l’a mis en mouvement.

» Gandalf resta un moment plongé dans la réflexion.

« Peut-être, murmura -t- il.

Peut - être votre étourderie même a -t- elle servi, mon garçon.

Voyons : il y a cinq jours maintenant qu’il a dû découvrir que nous avions abattu Sa roumane et pris la Pierre.

Et puis quoi ? Nous ne pouvions en faire grand usage, ni à son insu.

Ah ! je. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles