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compte, dans cette perspective, c'est la totalité du livre qui contribue à faire le portrait du personnage.

Publié le 29/03/2015

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compte, dans cette perspective, c'est la totalité du livre qui contribue à faire le portrait du personnage.

On voit ici une possibilité d'articuler un développement quelque peu paradoxal :

--> Partir du portrait description (l'auteur interrompt le récit de l'action pour décrire le personnage plus ou moins en pied). Il peut aussi éclater cette description en plusieurs élé­ments.

Dans ce cas, nous sommes dans la problématique des sujets El et D. Le portrait vaut pour l'information qu'il apporte, mais plus encore pour le travail de style qu'il permet.

4 Passer à l'opposé du cas précédent. Le romancier écarte tout élément descriptif pour se contenter d'une pré­sentation « béhavioriste « de son personnage : le personnage est montré en action, cette seule action suffisant à en faire le portrait.

On peut soutenir le paradoxe selon lequel les portraits de personnages les plus réussis sont ceux où l'écrivain n'a pas recours aux portraits descriptions. L'absence de certains éléments, spécialement ceux concernant le physique, peut même être considérée comme un plus, le personnage ayant ainsi un caractère plus ouvert.

II

Un roman est-il une «histoire« ?

Le roman traditionnel dans la ligne de Balzac reposait sur trois piliers : une intrigue charpentée, de solides descrip­tions, des personnages consistants.

La question « Le roman est-il une "histoire "?« se rapporte au premier de ces points. La question peut être formulée autrement :

— Quelle importance accordez-vous à ce que l'on appelle l'action dans un roman ?

— Une oeuvre sans visées réalistes (et donc ne décrivant pas la société) peut atteindre une vérité supérieure sur l'époque : il en va ainsi de l'oeuvre de Kafka qui, d'une manière à la fois mythique et onirique, a exprimé la dérélic­tion de l'homme moderne.

V

Dans un ouvrage consacré au roman, Claude Roy écrit : «... Ce que ces histoires imaginaires nous donnent, c'est la véritable histoire de la vie réelle, l'histoire que n'ont jamais écrite les historiens. «

En vous appuyant sur des exemples précis tirés des oeuvres que vous connaissez, vous préciserez dans quelle mesure ce propos rend compte de votre expérience de lecteur.

011> Problématique très proche de la précédente. Nous sommes face à un paradoxe : l'imaginaire est plus vrai que le réel. Nous retrouvons cette idée que l'oeuvre de fiction va au-delà des apparences pour dégager l'essentiel. Elle dégage ainsi la vérité d'une époque.

Cela explique par exemple la situation elle-même para­doxale de Balzac, écrivain politiquement conservateur et qui enfante une oeuvre profondément révolutionnaire (parce que la vérité qu'il exprime, parfois en l'outrant, est révolu­tionnaire).

Il serait possible de travailler sur un autre axe. Celui qui aurait lu Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettel­heim pourrait en utiliser la substance. Les contes de fées, histoires vraiment imaginaires, expriment des vérités pro­fondes du psychisme et des relations humaines ; en cela elles contribuent à la formation psychologique des enfants.

VI

Un écrivain contemporain prétend qu'il n'y a que deux sortes de romans, «le roman qui nous fait oublier notre vie, et le roman qui nous explique notre vie «.

Partagez-vous cette opinion ? Auquel de ces deux romans donnez-vous, pour votre part, votre préfé­rence?

Le libellé est curieux. La seconde question paraît consi­dérer comme acquise une réponse affirmative à la première. Or, il semble bien que, quel qu'il soit, un roman nous fait oublier provisoirement notre vie. Nous sommes « pris « par la lecture, oubliant nos préoccupations pour prendre en compte celles des personnages. Mais le fait de se déconnec­ter ainsi du réel n'empêche pas la réflexion et donc l'action d'« explication « du roman.

Il faudrait d'ailleurs s'arrêter sur ce mot « explication «. L'auteur de la réflexion à commenter n'envisage évidem­ment pas un roman didactique qui, à la manière d'un cours, apporterait explications et conseils. Le roman suscite une prise de conscience et, en cela, nous aide à nous comprendre nous-mêmes. Cette prise de conscience implique une prise de distance par rapport à soi-même que le roman facilite.

Il serait donc possible de travailler sur l'opposition Littéra­ture de divertissement/Grande littérature dans une première partie. La littérature de divertissement, appelée aussi littéra­ture d'évasion, provoque un oubli mais ne laisse pas de traces dans la personnalité du lecteur.

Notons au passage que l'oubli, la coupure d'avec le réel, peut outrepasser le temps de la lecture. A la manière d'Emma Bovary ou Don Quichotte, le lecteur, la lecture finie, continue de vivre dans un univers romanesque.

Dans une seconde partie, il serait cependant bon de montrer que si la grande littérature nous transforme, oubli de soi et prise de conscience vont souvent de pair.

VII

A la question : qu'y a-t-il de vrai dans vos his­toires? le romancier contemporain Michel Tour­nier avoue être tenté de répondre : «Rien, j'ai tout inventé.«

Pensez-vous, d'après vos lectures, que tout soit inventé dans les romans?

II> On cite souvent, dans le même esprit, une formule de Boris Vian. Celui-ci disait que tout était vrai dans ses livres parce que tout était inventé.

Nous sommes très proches, dans les deux cas, des sujets ci-dessus. En s'écartant d'un simple démarquage du réel, l'écrivain accède à une vérité plus grande. Il est possible aussi de travailler sur le couple originalité-imitation : CI.

VIII

Les lecteurs, les spectateurs, les critiques, les comédiens, les auteurs eux-mêmes parlent souvent des personnages des oeuvres littéraires ou cinématographiques comme s'ils étaient des êtres réels.

Pensez-vous que cette assimilation puisse toujours être acceptée et sans réserve?

PI> Les principaux éléments sur cette question sont dans El et D.

Quelques axes : Le roman à clés

On parle de roman à clés quand aux différents personnages du roman correspondent des personnes précises que les ini­tiés identifient aisément. Ce cas se présente mais assez rare­ment. Le plus souvent, le romancier crée un personnage en amalgamant des éléments empruntés à plusieurs personnes.

Plus vrai que vrai

Le personnage prend une sorte d'autonomie. Les écrivains disent souvent que leurs personnages leur échappent : au moment de l'écriture ou après, spécialement dans le cas où ils sont mis en scène.

Dans la vie des amateurs de littérature, ces êtres de papier jouent parfois un rôle plus important que des êtres de chair et d'os.

Veillez à éviter l'assimilation personnage-auteur. Évitez aussi la réaction naïve rencontrée de temps à autre dans les copies. Le candidat fait des reproches au personnage (Il n'aurait pas da faire ça...). Le personnage est issu de la seule volonté de l'auteur. A la limite, une critique peut se rapporter à l'auteur, mais celle qui se rapporte au person­nage n'a aucun sens.

Un archétype

Le personnage est souvent « irréel « parce que simplifié par rapport à la complexité du réel, mais, en même temps, supé­rieurement réel parce qu'il incarne une tendance : tendance d'une époque ou tendance de l'âme humaine.

IX

Il y a des romans que vous aimez, d'autres que vous aimez moins ou que vous n'aimez pas.

Dites quelles sont vos impressions de lecteur; don­nez vos raisons ; justifiez-les par l'étude précise de quelques exemples significatifs.

Sujet « subjectif« puisqu'il ne requiert qu'un certain bagage littéraire et un jugement personnel. Cependant, celui qui n'a rien lu ne peut pas tricher.

Il importe ici de ne pas ennuyer le correcteur en récitant un cours ou ce qu'on trouve partout. Étonne-moi ! disait Coc­teau à ses proches. Pour lutter contre la tendance du correc­teur à s'endormir (suite au fort pouvoir soporifique des copies), étonnez-le !

SUJETS POUR EXERCICES

I

Au cours de vos lectures, il vous est sans doute arrivé de rencontrer des personnages antipathiques, odieux, révol­tants, mais auxquels vous vous êtes vivement intéressé, qui vous ont peut-être même captivé, passionné.

Vous tâcherez d'analyser les raisons de cette appa­rente contradiction, en illustrant votre exposé d'exemples précis.

II

Suffit-il de raconter un roman pour en rendre compte?

Vous donnerez votre avis sur cette question en prenant appui sur des oeuvres précises que vous connaissez bien.

III

Dans Les Caves du Vatican (1914), André Gide écrit : «II y a le roman et il y a l'histoire. D'avisés critiques ont considéré le roman comme de l'histoire qui aurait pu être, l'histoire comme un roman qui avait eu lieu. Il faut bien reconnaître en effet que l'art du romancier souvent emporte la créance, comme l'événement parfois la défie... «

Vous apprécierez ce jugement en vous appuyant sur des exemples précis empruntés à vos lectures personnelles.

IV

Certaines éditions de poche, pour faciliter le choix du lecteur éventuel, présentent au dos du volume un bref résumé de l'ouvrage publié.

Quelles réflexions cette pratique vous inspire-t-elle? L'intérêt de l'oeuvre romanesque se réduit-il à l'anecdote ou fait-il intervenir d'autres éléments?

V

On a souvent remarqué que le roman pouvait aussi bien se concentrer sur l'évocation de destinées individuelles que s'ouvrir sur la peinture d'une époque (ou d'un évé­nement). S'il est vrai que ces deux aspects ne s'excluent pas, ils peuvent néanmoins attirer plus ou moins le lec­teur: vous, de quel côté votre goût vous porte-t-il ?

Vous répondrez à partir de l'analyse d'exemples tirés de votre expérience de lecteur.

VI

A propos du roman, un critique contemporain af­firme : « La plupart des critiques sont d'accord pour dire que le roman est avant tout un récit imaginaire. Ainsi le romancier est un écrivain qui a le don de raconter des histoires propres à piquer la curiosité des lecteurs... Lorsqu'il laisse imprimer le mot "ro­man" sur la couverture de son livre, il prend l'enga­gement de distraire. S'il ne le tient pas, s'il invite seulement à penser ou à rêver, il est philosophe, poète, mais il n'est pas romancier.«

Commentez cette affirmation.

VII

Tout le monde ne s'intéresse pas à la poésie ; tout le monde ne va pas au théâtre. Mais tout le monde a lu un roman.

Vous vous interrogerez sur les raisons d'une telle popula­rité, et vous essaierez de dire pourquoi, dans tel cas pré­cis, vous vous êtes intéressé vous-même à une oeuvre de ce genre.

VIII

« Les gens ne s'intéressent pas aux héros heureux. Il leur faut du tragique, du mythique, du monstrueux, du terrifiant.«

Jacques Lacarrière, L'Été grec.

Vous commenterez cette affirmation en vous référant à des héros de la littérature (romans, théâtre, etc.) que vous avez rencontrés au cours de vos lectures.

IX

Dans les oeuvres théâtrales ou romanesques que vous connaissez, vous avez pu rencontrer des figu­res variées de l'autorité.

Vous évoquerez les différentes manières dont ces per­sonnages incarnent l'autorité et vous réfléchirez sur les réactions que suscite autour d'eux leur comportement.

X

« Certains romans médiocres ont parfois pour nous

plus de valeur qu'un chef-d'oeuvre.«

Georges Jean, Le Roman (Peuple et culture).

En vous fondant sur des exemples précis tirés de vos lec­tures, vous commenterez cette réflexion.

XI

Un romancier écrit :

« Le but suprême du romancier est de nous rendre sensible l'âme humaine, de nous la faire connaître et aimer dans sa grandeur comme dans sa misère, dans ses victoires et dans ses défaites. Admiration et pitié, telle est la devise du roman. «

Après vous être interrogé sur la signification et la portée de cette réflexion, vous en éclairerez /es divers aspects en vous référant de façon précise aux romans que vous avez pu étudier en classe ou rencontrer lors de lectures personnelles.

XII

Dans une lettre à sa soeur Pauline Beyle, datée du 3 août 1804, Stendhal écrit :

«Tu sens bien que, dans les romans, l'aventure* ne signifie rien : elle émeut et voilà tout; elle n'est bonne ensuite qu'à oublier. Ce qu'il faut, au contraire, se rappeler, ce sont les caractères.«

Stendhal, Correspondance.

En prenant des exemples précis dans vos lectures per­sonnelles, vous direz si vous partagez ce point de vue.

* Le sens est proche d'« intrigue«, d'«histoire« dans le sens employé plus haut.

XIII

«Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme, car il s'agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l'amour. Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion... «

Albert Camus, L'Homme révolté.

A l'aide d'exemples précis, vous expliquerez et discute­rez, s'il y a lieu, ces affirmations.

XIV

L'écrivain contemporain Claude Roy écrit (Défense de la littérature): «Certains esprits refusent le roman. Ils y voient une amusette, un gaspillage de forces. Ils trouvent la vie (ou l'histoire) plus riche en histoires, la science plus excitante, et que la philosophie donne mieux à penser. Comment peut-on lire des romans ? Moi, Monsieur, je ne lis que des Mémoires. Et moi que des traités scientifiques. Pas de temps à per­dre.«

Vous direz, en vous appuyant sur des exemples précis, ce que vous pensez de ces reproches adressés par « cer­tains esprits « au roman.

XV

« Un roman, c'est d'abord une oeuvre qui détient un élément si possible captivant, distrayant et son auteur est jusqu'à un certain degré un séducteur. Grâce au style, au langage, au rythme, à la construc­tion qui sont les siens, l'écrivain invite le lecteur à

accepter d'être pris au piège, de souscrire à son des‑

sein.«

Heinrich Will, Une mémoire allemande, 1978.

Commentez cette affirmation.

XVI

En janvier 1976, lors de la parution de son roman la Valse aux Adieux, l'écrivain tchèque Milan Kundera déclarait : « Dans la vie, l'homme est continuellement coupé de son propre passé et de celui de l'humanité. Le roman permet de soigner cette blessure. «

L'opinion de M. Kundera sur la fonction de l'oeuvre roma­nesque rejoint-elle votre expérience personnelle de lec­teur?

XVII

« L'esprit du roman est l'esprit de complexité. Chaque roman dit au lecteur : "Les choses sont plus compli­quées que tu ne le penses." C'est la vérité éternelle du roman, mais qui se fait de moins en moins entendre dans le vacarme des réponses simples et rapides qui précèdent la question et l'excluent.«

Vous direz, en vous appuyant sur des exemples précis, quelles réflexions vous inspire cette remarque de Milan Kundera.

XVIII

Dans ses Poésies, Isidore Ducasse écrit : « Le roman est un genre faux, parce qu'il décrit les passions pour elles-mêmes ; la conclusion morale est absente.«

A partir de vos lectures, expliquez et commentez cette citation,

XIX

André Malraux dans L'Homme précaire et la littéra­ture, écrit que « le génie du romancier est dans la part du roman qui ne peut être ramenée au récit«.

Vous commenterez et éventuellement discuterez cette affirmation à la lumière d'exemples précis empruntés à votre expérience personnelle de lecteur de romans.

XX

« Un bon roman nous dit la vérité sur son héros; mais un mauvais roman nous dit la vérité sur son auteur. «

G.K. Chesterton.

 

Commentez cette réflexion en vous appuyant sur des exemples précis tirés de vos lectures.

« Autres sujets commentés / 201 compte, dans cette perspective, c'est la totalité du livre qui contribue à faire le portrait du personnage.

On voit ici une possibilité d'articuler un développement quelque peu paradoxal : -+ Partir du portrait description (l'auteur interrompt le récit de l'action pour décrire le personnage plus ou moins en pied).

Il peut aussi éclater cette description en plusieurs élé­ ments.

Dans ce cas, nous sommes dans la problématique des sujets @Jet~- Le portrait vaut pour l'information qu'il apporte, mais plus encore pour le travail de style qu'il permet.

-+ Passer à l'opposé du cas précédent.

Le romancier écarte tout élément descriptif pour se contenter d'une pré­ sentation «béhavioriste» de son personnage : le personnage est montré en action, cette seule action suffisant à en faire le portrait.

On peut soutenir le paradoxe selon lequel les portraits de personnages les plus réussis sont ceux où !'écrivain n'a pas recours aux portraits descriptions.

L'absence de certains éléments, spécialement ceux concernant le physique, peut même être considérée comme un plus, le personnage ayant ainsi un caractère plus ouvert.

II Un roman est-il une "histoire"? Le roman traditionnel dans la ligne de Balzac reposait sur trois piliers : une intrigue charpentée, de solides descrip­ tions, des personnages consistants.

La question «Le roman est-il une "histoire"?» se rapporte au premier de ces points.

La question peut être formulée autrement: - Quelle importance accordez-vous à ce que l'on appelle l'action dans un roman?. »

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