Historique de exquis

« Qu’est -ce que la morale ? Sur quelle valeur se fonde- t-elle ? Et d’où découlerait la valeur de toutes les valeurs ? Que vaut la valeur des valeurs morales ? La généalogie a pour vocation de relever la s ource de provenance des valeurs morales de son temps et de souligner pourquoi nous devrions troquer certaines valeurs pour d’autres jugées plus saines.

Nietzsche s’attaque en priorité aux valeurs judéo -chrétiennes car elles s’énoncent comme tenant lieu de la fondation de la pensée occidentale.

Selon le généalogiste, c es valeurs prô nées sont par excellence altruistes en se déployant sur la nég ation de soi, c’est- à-dire sur le rejet des instincts vitaux, sur leur capacité à nous culpabiliser et sur la pitié ou la compassion.

Ces valeurs en apparence généreuses sont intrinsèquement estimées « bonnes » et s’érigent comme critères d’évaluation pour juger la concordance des affections et des actions humaines en vue de la réalisation du Bien.

Comme le relève Nietzsche à la fin de son texte, la morale réside classiquement dans la distinction du bien et du mal qu’il réinterprète en termes de « bon » et de « méchants » : « C’est sans le moindre doute que l’on a attribué au ‘ bon’ une valeur supérieure à celle du ‘ méchant’ » .

Ces catégories éthiques de bonté et de méchanceté reposent ultimement sur l’idée d’un autre monde, d’un monde sur -naturel absolu, qui tranche sur le monde d’ici- bas complément dévalorisé.

Cette transcendance déprécie le mo nde réel du corps et des ses manifestations instinctives.

À quoi veut en venir le penseur allemand ? La généalogie a pour mission de dévoiler les postulats de toute mo rale qui prétend à l’absolu en les relativisant de façon an -historique pour faire apparaître le fond sans fond de ces morales.

Par ailleurs , il ne s’agit pas seulement de dissocier et de reconnaître le mal et le bien car cette connaissance doit guider nos actions, si nous voulons ê tre des personnes morales .

Les idées morales ont ainsi un statut singulier sans commune mesure avec les autres idées , puisqu’elles sont, a contrario des idées purement théoriques ou théoriques, sensées avoir une incarnation dans notre vie quotidienne .

Ce qui explique qu’elles cessent d’être des idées pour s’ériger en valeurs.

Les valeurs sont, par exemple , la liberté, la vérité, la justice, la fraternité, l’honneur, la générosité, l’égalité, etc… Tout l’enjeu n’est donc pas uniquement théorique mais aussi et surtout pratique.

Car les valeurs commandent nos vies.

On mesure alors la « gravité » en un double sens de ce qui est grave et de ce autour duquel tourne le fondement de la morale que peut. »