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Inconscient : théorie et pratique de Freud

Publié le 30/03/2014

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a) L'inconscient est pareil à un grand cercle qui enfermerait le conscient comme un cercle plus petit. Il ne peut y avoir de fait conscient sans stade antérieur inconscient, tandis que l'inconscient peut se passer de stade conscient et avoir cependant une valeur psychique. L'inconscient est le psy¬chique lui-même et son essentielle réalité. Sa nature intime nous est aussi inconnue que la réalité du monde extérieur, et la conscience nous renseigne sur lui d'une manière aussi incomplète que nos organes des sens sur le monde extérieur.

S. Freud, L'Interprétation des rêves, chap. vii, VI, PUF, 1967.

b) Le refoulement : Nous assimilons donc le système de l'inconscient à une grande antichambre, dans laquelle les tendances psychiques se pres-sent, tels des êtres vivants. À cette antichambre est attenante une autre pièce, plus étroite, une sorte de salon, dans lequel séjourne la conscience. Mais à l'entrée de l'antichambre, dans le salon veille un gardien qui ins¬pecte chaque tendance psychique, lui impose la censure et l'empêche d'en¬trer au salon si elle lui déplaît. Que le gardien renvoie une tendance don¬née dès le seuil ou qu'il lui fasse repasser le seuil après qu'elle a pénétré dans le salon, la différence n'est pas bien grande et le résultat est à peu près le même. Tout dépend du degré de sa vigilance et de sa perspicacité. Cette image a pour nous cet avantage qu'elle nous permet de développer notre nomenclature. Les tendances qui se trouvent dans l'antichambre réservée à l'inconscient échappent au regard du conscient qui séjourne dans la pièce voisine. Elles sont donc tout d'abord inconscientes. Lorsque, après avoir pénétré jusqu'au seuil, elles sont renvoyées par le gardien, c'est qu'elles sont incapables de devenir conscientes : nous disons alors qu'elles sont refoulées. Mais les tendances auxquelles le gardien a permis de franchir le seuil ne sont pas devenues pour cela nécessairement conscientes ; elles peu¬vent le devenir si elles réussissent à attirer sur elles le regard de la conscien¬ce. Nous appellerons donc cette deuxième pièce : système de la précons-ciente. Le fait pour un processus de devenir conscient garde ainsi son sens purement descriptif. L'essence du refoulement consiste en ce qu'une ten¬dance donnée est empêchée par le gardien de pénétrer de l'inconscient dans le préconscient. Et c'est ce gardien qui nous apparaît sous la forme d'une résistance, lorsque nous essayons, par le traitement analytique, de mettre fin au refoulement.

S. Freud, Introduction à la psychanalyse, IIIe partie, chap. xix, Payot, 1976.

 

c) L'idée refoulée et le symptôme : Il peut [...] arriver que l'expulsé [...] provoque encore du désordre [...] à certains égards, le refoulement est resté inefficace [...] [Ainsi les malades] n'ont pas réussi à refouler l'idée à laquel¬le est liée leur désir insupportable. Ils l'ont bien chassée de leur conscience et de leur mémoire, et se sont épargné, apparemment, une grande somme de souffrances, mais le désir refoulé continue à subsister dans l'inconscient ; il guette une occasion de se manifester et il réapparaît bientôt à la lumière, mais sous un déguisement qui le rend méconnaissable ; en d'autres termes, l'idée refoulée est remplacée dans la conscience par une autre qui lui sert de substitut, d'ersatz, et à laquelle viennent s'attacher toutes les impressions de malaise que l'on croyait avoir écartées par le refoulement.

[Le symptôme est] ce substitut de l'idée refoulée. [...] Si l'on parvient à rame¬ner ce qui est refoulé au plein jour — cela suppose que des résistances consi¬dérables ont été surmontées —, alors le conflit psychique né de cette réinté¬gration, et que le malade voulait éviter, peut trouver sous la direction du médecin une meilleure solution que celle du refoulement. Une telle méthode parvient à faire évanouir conflits et névroses. Tantôt le malade convient qu'il a eu tort de refouler le désir pathogène et il accepte totalement ou partiellement ce désir ; tantôt le désir lui-même est dirigé vers un autre but plus élevé et, pour cette raison, moins sujette à critique (c'est ce que je nomme la sublima¬tion du désir) ; tantôt on reconnaît qu'il était juste de rejeter le désir, mais on remplace le mécanisme automatique, donc insuffisant, du refoulement par un jugement de condamnation morale rendu avec l'aide des plus hautes instances spirituelles de l'homme ; c'est en pleine lumière que l'on triomphe du désir.

S. Freud, Cinq leçons sur la psychanalyse, leçon II, Payot, 1966.

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