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Techniques et tabous

Publié le 30/03/2014

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Techniques et tabous

La distinction entre les deux types de vie matérielle, celui qui consiste à piller la nature et celui qui la transforme [...] correspond à quelque chose de très profond. En effet les techniques qui prolongent l'instinct et perfec¬tionnent seulement les moyens d'appropriation directe ne sont pas ressen¬ties comme des nouveautés qui bouleversent l'ordre naturel. Elles ne plon¬gent pas directement dans le surnaturel et c'est simplement le problème de la réussite ou de l'échec, dans la chasse et la pêche par exemple, qui suscite des pratiques magiques. Au contraire, les procédés qui domestiquent le nature, qui visent à la transformer au profit de l'homme, comme l'agricul¬ture ou la métallurgie, font tout de suite mesurer au primitif l'écart entre la culture et la nature. Par ce moyen, il s'aventure dans un monde nouveau, inconnu, qui lui fait éprouver le besoin de se justifier soit par des interdits, des tabous, quand on reste sur le plan où la nouveauté est une impureté, soit par des mythes et des rites religieux, quand on décharge la culpabilité sur des puissances sacrées. C'est pourquoi [...] les forgerons sont considérés comme des êtres impurs et les instruments de fer font l'objet de tabous. C'est aussi pour cette raison que, dans la sphère religieuse, on attribue à des

 

héros civilisateurs, à de grands ancêtres mythiques, l'invention des tech¬niques qui donnent à l'homme la maîtrise de la nature, comme l'agricultu¬re ou la production du feu.

J. Cazeneuve, L'Ethnologie, Larousse.

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