Visage et personne
Publié le 30/03/2014
Extrait du document
Parler et écouter ne font qu'un, ils ne se succèdent pas. [...] Ce que l'on dit, le contenu communiqué n'est possible que grâce à ce rapport de face à face où autrui compte comme interlocuteur avant même d'être connu. On regar¬de un regard. Regarder un regard, c'est regarder ce qui ne s'abandonne pas, ne se livre pas, mais qui nous vise : c'est regarder le visage.
Le visage n'est pas l'assemblage d'un nez, d'un front, d'yeux, etc., il est tout cela certes, mais prend la signification d'un visage par la dimension nouvel¬le qu'il ouvre dans la perception d'un être. Par le visage, l'être n'est pas seu¬lement enfermé dans sa forme et offert à la main — il est ouvert, s'installe en profondeur et, dans cette ouverture, se présente en quelque manière per¬sonnellement. Le visage est un mode irréductible selon lequel l'être peut se présenter dans son identité. Les choses, c'est ce qui ne se présente jamais personnellement et, en fin de compte, n'a pas d'identité. [...] Les choses donnent prise, elles n'offrent pas de visage. Ce sont des êtres sans visage.
E. Lévinas, Difficile liberté, I, Au-delà du pathétique, Éthique et esprit «,
Livre de Poche, 1988.
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