Devoir de Philosophie

Le volontarisme bonapartiste, le discours de Bordeaux.

Publié le 22/03/2014

Extrait du document

discours

Le volontarisme bonapartiste, le discours de Bordeaux. 

 

Intro 

« Le peuple comprend que je ne suis sorti de la légalité que pour rentrer dans le droit «. A ces mots Louis-Napoléon Bonaparte cherche à justifier le coup d’Etat 2 décembre 1851. La quête de légitimité devient en effet une obsession pour le prince-président. C’est notamment ce qu’il exprime dans son discours de Bordeaux du 9 octobre 1852. Louis-Napoléon Bonaparte est le neveu de Napoléon Ier, il devient en décembre 1852 Napoléon III. L’année 1852 est une année charnière : fin 1851 avait eu lieu la sanction du coup d’Etat. Louis-napoléon Bonaparte s’était empressé conformément aux annonces du 2 décembre, de faire valider son acte par un vaste plébiscite au Suffrage universel : 7,46 millions de « oui « pour 10 millions d’inscrits et 8,1 millions de votants. Après le coup d’Etat du 2 décembre 1851, Louis Napoléon Bonaparte n’a plus à s’inquiéter d’un éventuel renversement initié par les parlementaires. Les républicains et le péril rouge semblent moins obscurcir l’horizon politique. Toutefois, les classes possédantes et la France rurale s’inquiètent de l’avenir, tant sur les plans intérieurs qu’extérieurs. Face aux interrogations du peuple, il entreprend un voyage dans le Midi de la France concerne tout particulièrement les départements contestataires de 1851 : région lyonnaise, Languedoc, Provence, aquitaine. Le voyage s’achève à bordeaux, ou le chef de l’Etat est accueilli par Haussmann, sous-préfet de la Gironde. Fort d’un plutôt bon accueil et d’une popularité grandissante, il prononce un discours dans lequel il déclare accepter l’empire. Ce discours demeure comme étant l’un des plus fameux de Napoléon III. Il y fait lui-même référence à plusieurs reprises. 

Il convient alors de se demander en quoi ce texte est crucial pour le prince-président, en quoi il lui permet d’introduire la restauration de l’empire. 

Louis-Napoléon Bonaparte cherche dans un premier temps à rassurer les populations, et dans une seconde acceptation, dévoile sa vision de l’empire… 

 

I. Rassurer pour mieux régner. 

Dans cette partie nous verrons comment Louis-Napoléon cherche à rassurer tant la population française que les souverains Européens. Il se veut respectueux des valeurs républicaines, se montre comme l’ambassadeur de tout un peuple, voire le sauveur de la patrie face au péril révolutionnaire. Il cherche dans un second temps à s’inscrire dans la continuité de Napoléon Ier, il cherche donc à légitimer le retour de l’empire mais attention, il veut se démarquer de l’empereur également. 

A. Le porteur des valeurs de la République et de la démocratie ? 

« Jamais peuple n’a témoigné d’une manière plus directe, plus spontanée, plus unanime, la volonté de s’affranchir… « L5 Fait référence au suffrage universel que Louis Napoléon s’empresse de rétablir après le coup d’Etat. Il fait notamment approuver son action par un plébiscite. Par-là, cherche donc à s’inscrire dans le respect de la république mais montre aussi qu’il va plus loin : jamais le peuple ne s’est ainsi exprimé !! (Bien sûr, les contextes de ces élections contrôlée mais certains auteurs comme (trouvé le nom) montre que ce contrôle ne suffit pas à expliquer un tel vote…). Mais l’essentiel est de dire qu’ici, Napoléon cherche à la fois à rassurer, appuyer sa légitimité sur le peuple. 

« aujourd’hui la France m’entoure de ses sympathies car je ne suis pas de la famille des idéologues « L7-8 : se veut pragmatique, en contraste avec des théoriciens, veut, présenter un programme concrets, cherche à attirer une population paysannes, désireuse de politiques sociales et en même temps attirer les milieux des affaires bordelais, en se présentant comme un homme rationnel, (il veut mettre en place plus de libéralisme) « pour le bien du pays « : se montre comme le sauveur de la nation de deux façons : déjà ils se présentent comme porteur de la paix, en barrière au péril rouge, aux révolutions… et d’un autre côté, défenseur de la patrie «  pour le bien du pays «, « vous tous qui m’entourez, qui voulez, comme moi, le bien de notre patrie « 

Sauveur aussi avec «  certaines personnes se disent « l’empire c’est la guerre «. Moi je dis, l’Empire c’est la paix « l12 portée d’avantage internationale : vers les souverains européens, peur avec le souvenir d’un Empire napoléonien belliqueux (les guerres napoléoniennes) Il cherche à se montrer comme un grand conciliateur « ramener dans le courant du grand fleuve populaire les dérivations hostiles qui vont se perdre dans profit pour personne «. 

B. L’héritier de l’Empereur ? 

Nous amène à voir tout un registre par lequel Louis-Napoléon cherche à se légitimer par son nom tout en s’en écartant On peut introduire cette partie par une citation extérieure au texte, celle de François Furet qui nous dit «  Napoléon III comprend que son nom lui permet d’incarner la légitimité contre la loi, la souveraineté nationale contre le gvt représentatif «. Ici, on voit ces références à Napoléon Ier 

« J’ai, comme l’empereur, des conquêtes à faire «, «voilà pourquoi la France semble vouloir revenir à l’empire « L12 quand il parle de confiance dans le présent et sécurité dans l’avenir, fait-il référence à un âge d’or de l’empire, une période de confiance, la France un pays fort, domine l’Europe ? Un peu tiré par les cheveux, creuser peut-être un peu l’empire Napoléonien. 

Cherche donc à asseoir sa légitimité en s’inscrivant dans une certaine continuité (pouvoir traditionnel et charismatique) mais se démarque aussi de l’empereur précédent en affirmant «  l’empire c’est la paix « L12, il a effectivement des conquêtes à faire mais sont d’un autre ordre que celles de l’Empereur : elles sont d’ordre économiques, sociales, politiques. 

II. Le second Empire : une perspective de progrès ? 

Dans cette partie, nous verrons comment le mot « volontarisme « peut prendre tout son sens. Par volontarisme il faut comprendre une doctrine selon laquelle la volonté tient une place dans les évolutions futures. C’est-à-dire que la simple volonté de changer les choses, ou du moins, la démonstration de cette volonté peut impulser des changements futurs. Ici, Nous verrons donc comment Napoléon Bonaparte exprime sa vision de ce que doit être et faire le Second Empire. Il présente une politique ambitieuse tant sur le plan interne que sur le plan de la politique extérieure. 

A. Sur le plan Interne : développer le pays, élever le peuple. 

 

Une politique ambitieuse sur le plan intérieur, se veut l’homme de la politique sociale « au sein de la terre la plus fertile du monde, peut à peine jouir de ses produits de premières nécessité. « : semble vouloir mettre ne place une politique de développement intérieur par l’éducation mais aussi par une politique de grands travaux « d’immenses territoires incultes à défricher, des routes à ouvrir, des ports à creuser « : ici on voit une accumulation « des routes à ouvrir, des ports à creuser, des rivières à rendre navigables, des canaux à terminer, notre réseau chemin de fer à compléter « L.20 montre une forte volonté de progrès, de développement, voire presque une foule de projets ! On peut imaginer l’enthousiasme dont il veut faire preuve ici. 

Note : Napoléon III, et le second Empire seront par la suite marqué par les révolutions industrielles, et donc le progrès. 

Il cherche ensuite à « éduquer le peuple «, semble vouloir incarner l’homme des politiques sociales que les populations paysannes désirent tant : «  je veux conquérir à la religion, à la morale, à l’aisance, cette partie encore si nombreuse de la population qui, au milieu d’un pays de croyance et de foi connait à peine les préceptes du Christ « ligne 16. Louis- Napoléon veut restaurer l’empire et semble vouloir le faire dans le but de faire avancer la société : il l’a montré dans ses références à Napoléon Ier : ce n’est pas un retour en arrière. Il veut s’inscrire certes dans une certaine continuité, une tradition républicaine mais aussi montrer que la restauration de l’Empire va vers le futur, vers le progrès. Et le peuple doit en être acteur et doit pouvoir se développer, voire s’enrichir «  conquérir à l’aisance cette partie de la population […] qui, au sein de la terre la plus fertile du monde, peut à peine jouir de ses produits de premières nécessité«. 

 

B. La politique extérieure 

Napoléon III semble ici partisans de plus de libéralisme, veut développer le pays, le commerce notamment avec l’extérieur : ce qui nous amène à parler de sa politique extérieure. 

«Nous avons tous nos grands ports à l’Ouest à rapprocher du continent américain « : partisan de plus d’échange, veut développer d’autres relations, des relations commerciales «  par la rapidité de ces communications qui nous manquent encore «. 

Quant à l’extérieur, une autre volonté transparait, d’autres conquêtes voient le jour : doter la France d’un empire colonial. Les raisons ne sont pas belliqueuses mais économique, politiques et sociales «  nous avons en face de Marseille un vaste royaume à assimiler « 

Achève son discours par «  voilà comment je vois l’empire SI l’empire doit de rétablir « laisse encore planer le doute ou du moins, remets le destin de la France entre les mains de ses auditeurs. Veut se montrer démocrate, « faire Play «, « si l’empire doit se rétablir « cad, si le peuple, par le SU approuve la restauration de l’empire, si vous « voulez, comme moi, le bien de notre patrie « 

 

En conclusion 

Le Discours de Bordeaux énoncé par louis-Napoléon Bonaparte se fait dans un moment crucial. L’année 1852 est une année charnière pour le prince-président et son voyage fut déterminant. Ainsi le discours de Bordeaux est crucial dans la restauration de l’empire. Comme nous l’avons vu dans le développement, Louis-Napoléon cherche à rassurer les souverains européens. Il s’inscrit dans une certaine tradition républicaine, montre qu’il respecte les valeurs et le souvenir de la révolution étant le neveu de Napoléon Ier. Il cherche cependant à s’en démarquer en explicitant notamment sa vision du Second Empire, les conquêtes qu’il veut fait. Ce discours est de toute évidence une opération séduction dans une région, le midi de la France, qui ne lui était pas partisane. Lorsqu’il rentre à Paris, le 16 octobre, le prince-président est accueilli en souverain et passe notamment sous un arc triomphal portant l’inscription « A Napoléon III, sauveur de la civilisation moderne «. Une fois rentré, il respecte minutieusement les formes légales prévues par la constitution de Janvier 1852, le sénat convoqué le 4 novembre vote le rétablissement de l’Empire. Un nouveau plébiscite organisé les 21 et 22 novembre pour sanctionner cette décision : changement approuvé par 7,8 millions de « oui « sur 9,9 millions de votants : note toujours un million d’abstention. Le 2 décembre 1852, l’empire fut rétabli par décret (date du couronnement de Napoléon Ier) 

Le Second Empire a longtemps été vu comme dictatorial, et Napoléon III comme un homme « crétin «, « Napoléon le petit « ou pour avancer sur ce que mon camarade va montrer dans la gravure «  le badinguet «. Le Second Empire est comme poursuivit d’une « légende noire «. Loin d’être réhabilité, les historiens ont tout de même revu certains aspects du Second Empire sans les « passions politiques « qui les animent. 

Note : dans les années 1920, après avoir récupéré les territoires perdus en 1870, les biographies de Napoléon III se font plus favorables voire romancées. EN 1970, de nombreux historiens ont écrit sur le régime et sur l'Empereur. Quand Maurice Agulhon note que « l’histoire économique et culturelle « du Second Empire se caractérise par « une période prospère et brillante «, Louis Girard note aussi que Napoléon III « n'a jamais envisagé la démocratie autrement que s'incarnant dans un chef «. Mais qu'il voulait, à terme, pouvoir doter son pays d'institutions analogues à celles de la Grande-Bretagne, attendant pour cela une évolution des mœurs politiques 

 

Note que le prof a rajouté (ce dont je me souviens) : 

* « idéologue « : une insulte utilisée par Napoléon Ier. Non-seulement LNB s’inscrit dans la continuité de l’Empereur mais il en prend également le vocabulaire. 

* « Territoires incultes à défricher « : allusion aux landes, à la Sologne…

Liens utiles