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À l'ère du numérique, le secret doit céder la place à la transparence. Seuls ceux qui ont quelque chose à cacher doivent la craindre.

Publié le 26/10/2014

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Enoncé : « À l'ère du numérique, le secret doit céder la place à la transparence. Seuls ceux qui ont quelque chose à cacher doivent la craindre. » Lors du dernier siècle, l'être humain a connu énormément de progrès tant sur le plan numérique que sur le plan technologique. Nous sommes passé d'une époque où on ne communiquait que par courrier interposé, à un 21ème siècle où cinq minutes ne se passent plus sans que l'on ait à utiliser un téléphone ou un ordinateur. Le progrès a été tel qu'aujourd'hui le numérique et l'être humain sont étroitement liés. Oseriez-vous maintenant jeter tous vous appareils électroniques et revenir à la vie de vos grands-parents ? Oseriez-vous vous démarquer de tous et oublier ces objets devenus indispensables ? L'homme a créé la machine, mais a celle-ci a pris le dessus sur son créateur ? « La machine a gagné l'homme, l'homme s'est fait machine, fonctionne et ne vit plus. » Cette phrase résume très bien l'état de l'homme d'aujourd'hui : il s'est fait machine. Dans d'autres mots, l'homme est la machine. Par conséquent, si la machine n'est pas, l'homme n'est pas non plus. Il serait alors impossible pour l'homme de fuir l'ère du numérique, car sans celle-ci, l'homme ne serait plus. George Orwell, auteur du roman 1984, avait raison : avec un demi-siècle d'avance, il est parvenu à imaginer ce que serait le monde aujourd'hui. Bien sûr, tout n'est pas pareil... Mais comme il l'avait prévu, l'homme est tombé dans le vice de la machine, de la guerre et de la surveillance des autres à tout-va. Les GPS, les écoutes téléphoniques, les caméras de surveillance, c'est tout ça le chemin vers l'ère du numérique et tout ceci représente la transparence, le thème de l'énoncé. « Tout le monde a des choses à cacher et c'est normal. La transparence totale, c'est le totalitarisme. » Dans l'énoncé, l'auteur nous parle du numérique qui a aujourd'hui envahi l'homme au point de ne plus lui laisser de vie privée. Selon lui, seuls les personnes qui auraient quelque chose à cacher se devraient de craindre l'ère du numérique. Mais n'avons nous tous pas quelque chose à cacher ? Cacher quelque chose ne veut pas forcément dire cacher quelque chose de mauvais. Même quelqu'un qui n'a absolument aucun défaut, ne souhaitera pas que l'on puisse s'introduire chez lui, voir son univers, le suivre dans ses moindres allers et venues. Chacun aimerait pouvoir agir comme bon lui semble lorsqu'il est tranquillement seul chez lui. Or, si l'on s'en tient à la thèse de l'auteur, n'importe quelle personne aurait le droit de venir chez nous, de nous observer, voir même de nous prendre en photos et le mettre sur internet (ou peut-être même les vendre) sans qu'on aie le droit de réagir car « nous n'avons rien à cacher ». De plus, certaines choses doivent ou devraient être gardées secrètes. Des données personnelles telles que les données bancaires doivent être gardées confidentielles mais ce n'est pas pour autant que c'est mauvais. Ou il y a aussi des détails sur nous qui sont d'une moindre importance mais qui ne regardent aussi que nous. Est-ce que le fait, par exemple, de préférer le vin rouge au vin blanc concerne quelqu'un d'autre que nous même ? Il s'agit là d'éléments mineurs mais qui font que nous avons notre avis et que celui- ci ne regarde que nous et personnes d'autres. Dans le cas où nous n'aurions réellement absolument rien à cacher à personne, nous avons quand même des raisons de craindre le numérique. Tout est si vite diffusé grâce à la technologie qu'une information erronée sur quelqu'un pourrait faire le tour du monde avant même que cette personne ait eu le temps de rétablir la vérité. Internet est le moyen le plus efficace et le plus rapide pour communiquer avec le monde entier, sans aucune difficulté. Avant qu'on ait eu le temps d'apprendre ce qui se dit sur nous, déjà la moitié de nos connaissances sont au courant. Donc, contrairement à ce qui dit l'auteur de l'énoncé, on peut avoir des raisons de craindre l'ère du numérique, même si nous n'avons rien à cacher. Reprenons l'exemple évoqué plus tôt de quelqu'un qui vient chez nous et nous prends en photo sans aucune autorisation. Aujourd'hui, avec la technologie, cela pourrait arriver à n'importe qui. Presque tout le monde a un téléphone portable, et l'écrasante majorité de ces téléphones sont équipés d'un appareil photo et d'un accès à internet. N'importe qui pourrait donc nous prendre en photo, la mettre sur internet où un nombre incalculable de personnes pourraient la voir et celle-ci ne sera plus jamais effacée. Et tout cela, en l'espace de quelques secondes. Dépendant de la nature de la photo, les répercussions pourraient être très graves. Prenons l'exemple d'Amanda Todd, une étudiante canadienne alors âgée de 15 ans, qui a été harcelée par un homme possédant des photos d'elles nues que celle-ci lui avait donné auparavant. Après que l'homme les ait envoyées à tous ses amis, elle a été persécutée pendant de nombreux mois jusqu'à ce qu'elle prenne la décision de se prendre la vie. De ce point de vue-là, l'ère du numérique est très dangereuse. En deux ou trois clicks de souris, n'importe quel secret peut-être divulgué au monde entier. On donne donc ici partiellement raison à l'auteur : nous avons des raisons valables de craindre l'ère du numérique car nous avons tous des choses à cacher. Quelconque vie privée est maintenant beaucoup plus difficile. Nous avons été envahis par les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter. Des photos, vidéos ou statuts à propos de tout et n'importe quoi inondent ces sites. On peut très facilement trouver des choses qui nous concernent dont on ne voudrait pas que n'importe qui puisse voir ou savoir cette chose. Comme il a été mentionné précédemment, tout ce qui est mis sur internet, reste sur internet. Si par exemple quelqu'un met une photo sur Facebook, il pourra la supprimer, toutefois, celle-ci sera toujours sur les serveurs du site. Cette photo pourrait peut-être être utilisée contre nous. Si, par exemple, quelqu'un est ivre sur une photo, ce n'est pas pour autant qu'il est alcoolique. Mais sortie de son contexte, on peut faire dire absolument ce que l'on veut à une photo. Et le sens qu'on lui donne peut très rapidement aller à l'encontre de la personne dont il est question. Bien que beaucoup de gens publient eux-mêmes beaucoup de choses sur les réseaux sociaux, on ne peut que très rarement contrôler tout ce qui y est mis par les autres qui pourraient éventuellement nous concerner. Aujourd'hui, il est aussi beaucoup plus facile de pouvoir tracer quelqu'un qu'il y a quelques années. Presque tous les téléphones sont équipés des GPS, beaucoup de voitures en ont aussi, tous nos SMS ou mails envoyés sont gardés, et nos appels peuvent être écoutés. En somme, il suffirait d'avoir quelques bonnes connaissances en informatiques pour pouvoir suivre quelqu'un à la trace 24/24h. Cela peut aussi devenir très dangereux. Imaginez que quelqu'un de malveillant cherche à harceler une autre personne. Il lui suffit d'avoir un contact ou de connaître le domaine de l'informatique et il pourrait traquer cette personne tant qu'il le souhaite, ainsi que surveiller ses moindres faits et gestes. Certes, le fait de pouvoir tracer quelqu'un peut être très utile en cas de danger, mais malheureusement, cette technique est aussi beaucoup utilisée pour d'autres raisons qui atteignent souvent la sphère privée. Prenons l'exemple des Etats-Unis, pays considéré comme la plus grande puissance mondiale, et qui pour beaucoup représentent le monde occidental. Suite aux attentats du 11 septembre 2001, le Patriot Act a été instauré. Celui-ci permet aux agences fédérales de mettre tout le monde sous écoute téléphonique, de pouvoir voir tous les différents messages qu'ils envoient et de saisir n'importe quel document confidentiel. L'état a qualifié le Patriot Act comme une lutte contre le terrorisme, mais nous avons apparemment plutôt affaire à une intrusion dans la sphère privée de chaque citoyen américain. Souhaiteriez-vous que vos moindres actions soient surveillées par votre état ? Souhaiteriez-vous que l'état dans lequel vous avez toujours vécu puisse voir le moindre de vos clicks ? Souhaiteriez-vous être considéré comme le pire des criminels ? Reprenons l'exemple du roman 1984 de George Orwell. Une des phrases cultes de son roman est « Big Brother is watching you ». Là aussi, il a été bien plus clairvoyant que tout ses contemporains. Nous sommes en effet constamment regardés, voir espionnés. Nous sommes aujourd'hui constamment surveillé, il y a des caméras partout, notre moindre mouvement sur internet est enregistré et n'importe quelle de nos actions peut être communiquée à tout le monde en quelques secondes à l'aide d'un téléphone ou d'un ordinateur. De plus, l'électronique est à présent devenu une addiction pour l'homme. Si on regarde notre monde aujourd'hui, tout le monde est à tout moment avec le téléphone en main, ou sur son ordinateur. Selon une étude réalisée par SiteOpia, 62% des personnes interrogées considèrent qu'ils ont besoin de l'internet dans leur vie de tous les jours. Un homme passerait 19h par semaine sur internet alors qu'une femme en fait 14. On obtient par conséquent une moyenne de 2h20 d'internet par jour. Mais le plus inquiétant est que ce sont les jeunes de 18 à 24 ans qui passent le plus de temps sur internet avec une moyenne de 23h par semaine. Ceci illustre bien le futur dans lequel nous nous projetons. Nous sommes de plus en plus dépendants à la technologie et cela ne risque pas de s'atténuer, mais au contraire de continuer à augmenter. Alors, on pourrait se dire que nous n'avons qu'à faire un effort et arrêter ce mode de vie où l'on baigne dans le numérique. Mais les choses ne sont pas aussi simples. Toute cette technologie est aujourd'hui bien plus qu'un luxe ou un plaisir : il nous est imposé. Que ce soit dans le monde du travail ou dans notre vie sociale, on nous impose la technologie. Le progrès nous a amené jusqu'ici et ce serait régresser de revenir en arrière en oubliant tous les progrès que l'homme a connu pendant les dernières années. Dans le domaine du travail, un ordinateur ou un téléphone est devenu indispensable. Nous nous trouvons dans une époque où tout va très vite et où on veut tout recevoir tout de suite. Donc, dans n'importe quelle entreprise il faut des moyens rapides et efficaces pour faire les échanges dont ils ont besoin. L'ordinateur ou le téléphone est certainement le moyen le plus rapide. De plus, il faut bien sauvegarder tout ce qu'il se fait quelque part au cas où un soucis apparaitrait plus tard, et là à nouveau, l'ordinateur paraît être la meilleure solution. Grâce à un disc dur, on peut garder un nombre incalculable d'informations et d'ensuite les retrouver facilement. La technologie a certes amené de mauvaises choses, mais elle en a aussi amené des bonnes dont on ne pourrait se passer. En conclusion, l'auteur a raison quand il nous dit que « seuls ceux qui ont quelque chose à cacher ont des raisons de la craindre ». Mais le problème qui se pose dans son énoncé porte plutôt sur le « quelque chose à cacher ». Tout le monde à quelque chose à cacher, que ce soit d'une importance majeure ou mineure. Or, si on suit le point de vue de l'auteur, nous avons tous des raisons de craindre l'ère du numérique. Mais cette époque a aussi amené des choses dont on ne pourrait plus imaginer vivre sans. Alors oui, on a des raisons de craindre l'ère du numérique, mais non, ce n'est pas seulement un type de personnes qui doivent la craindre, mais bien tout le monde.

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