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Adaptation ou création ? dans Une partie de Campagne (Maupassant et Renoir)

Publié le 05/12/2019

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maupassant

narration*, à la situation, à la thématique de la nouvelle, Partie de campagne était « autre chose , qu'Une partie de campagne. Jean Renoir fait du Jean Renoir, pas du Maupassant. « Je n'accepte une adaptation - disait Bunuel -que si je pense pouvoir, à un moment ou à un autre, m'exprimer, dire quelque chose de moi, me glisser entre deux images ». Renoir aurait souscrit à une telle déclaration. Dans Partie de campagne, avant d'être fidèle à Maupassant, il est fidèle à lui-même.

 

L'analyse comparative a dégagé nombre de similitudes entre les deux œuvres. Les divergences relevées ne semblaient affecter que le détail. Ce sont pourtant ces divergences qui apparaissent comme le l ieu de l'originalité tant de l'écrivain que du cinéaste. Les deux œuvres ne sont pas réductibles l'une à l'autre. Dans cette part d'irréductibilité réside le génie propre de Maupassant et celui de Renoir.

 

Se situant entre Maupassant et Pierre-Auguste Renoir, Jean Renoir fait œuvre personnelle. Du premier il conserve l'œil satirique et grivois, mais en atténue la cruauté et le mordant ; il conserve le mélange de tons, mais en gomme les angles trop vifs ; il reprend le thème de la sensualité qui parcourt la nouvelle, mais sans jamais la ternir. À l'autre, il emprunte cet optimisme rayonnant, cette luminosité sensuelle, cet hédonisme joyeux qui fait le charme de tant de toiles du peintre.

 

C'est cette manière douce-amère qui constitue l'originalité de Partie de campagne. Refusant le décalque, Renoir absorbe, s'approprie, recrée. Parfois, au détour d'une séquence*, sa personnalité transparaît avec force : son goût pour la gastronomie, par exemple, se manifeste dans l'apparition de l'aubergiste et de l'omelette à l'estragon. Ou dans les conseils que donne Rodolphe à Henri à propos de pastis ; le scénario* précise : « Henri verse trop fort l'eau sur la fourchette à sucre du pastis. Rodolphe, lui ayant pris la carafe des mains. la verse plus lentement sur le sucre afin d'éviter la » purée ». » Sa fantaisie pointe dans le plan* incongru des séminaristes, dans le style de Bunuel ; ou dans la réplique farfelue de la grand'mère (« ce sont les frères Prévert »). clin d'œil du cinéaste.

maupassant

« Bat aille ; il m'a semblé qu'un film en cos tumes lui convien­ dr ait.

[.

..

l J'ai eu l'idée de ce conte de Maup assant parce que j'y voya is des choses à dir e qui iraient bien à sa voix », ex plique Renoir au cou rs d'un entreti en.

Au-delà de cette coï ncidence entre un texte et une actrice, c'est bien sûr la rencontre d'une époque qui séduit Jean Renoir; époq ue qui lui permet de trai ter des motifs et de cons truire une atmo sphèr e dont il se sent affectivement fort pr oche par son père, en éta nt « hér édit airemen t » im prégné.

Maupas­ sant joue ici un rôle de méd iateur entre Pierre- Augus te Renoir et Jean Renoir .

Le problème de la 'fidél ité Une adaptation doit-elle être fidèle ? La fidél ité, en la matièr e, a-t-e lle un sens ? Le prob lème est com plexe ; nous ne ferons que l'évoq uer brièvement.

Un film peut, ou non, revendiquer son statut d'adap tation.

Bunuel, dans le générique•· de Cet obscur objet du dés ir, an nonce son film com me une adaptation du romar i de Pierre Louys, La fe mme et le pa ntin.

Le titre est changé, l'accent mis sur la mar ge de liber té que le ciné aste s'ac corde.

Renoir , lui, conser ve le titre de la nouv elle, gar ant d'une certaine fidé ­ li té.

Démar che qui crée des attentes chez le spec tateur.

Or, ces attentes ne seront combl ées que partiel lem ent.

Y aur ait-il tr ah ison ? Oui et non, nous l'av ons vu.

Mais sur­ tout, les notions de fidél ité et de trah ison ont-elle s enc ore un sens s'agis sant de deux œuvres de cette qualité ? La rec herche d'une équivalence n'es t-elle pas un leurre ? La sub ordi nation du film à la nouv elle n'en fausse -t-elle pas la le ct ur e ? N' en camoufle -t-elle pas la dime nsion créat rice ? .....

LE FILM DE RENOIR UNE CRÉATION L"i rréd uctibilité de I'CJeuvr e Ce que nous a mon tré l'analyse comparative de la nou­ ve lle et du film au cour s des précédents chapitres, c'est qu' en dépi t d'une fidélité globale à la struc ture, au mode de 15 0. »

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