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Ai-je raison de désirer ?

Publié le 27/02/2008

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Ai-je raison de désirer

Le désir est nécessaire à l’homme dans la mesure où il ne peut pas s’en passer : son désir se confond avec la vie elle-même qui se déploie à travers ses formes spécifiques ( végétales, animales et humaines ). Mais il faut préciser que le désir est seulement une condition élémentaire de ma vie : on ne se créerait pas si on était seulement désireux ; l’objet du désir est plus ou moins similaire chez tous les hommes : objet comblant et calmant un manque ( l’eau, une substance comestible, des vêtements pour se couvrir, des murs et un toit pour s’abriter…). Le désir m’uniformise au niveau de tous les êtres vivants et ne manifeste aucunement la spécificité créatrice et autonome de l’être humain que je suis ( l’homme est autonome en créant ses lois ; il n’est satisfait que par cela )

Ai-je alors raison de désirer ? Est-il préférable pour moi de poursuivre ce qui ne me profite pas ou ce qui ne me satisfait en tant que sujet créateur ( de lois rationnelles assurant mon autonomie )?

Le désir en soi est absurde : il ne revient à rien. Or, c’est la racine de tout acte, même rationnel. Ainsi est-ce que je ne peux pas récupérer le désir pour mon profit ? Ne puis-je pas lui donner un sens ? La raison des hommes s’est construite par nos passions : les hommes rationnels s’attachent à corps perdu à leur raison. La raison est secondaire, alors que le désir est biologiquement et psychiquement premier. D’un autre ordre, le désir ne semble pas gagner à suivre le canal étroit des déterminations rationnelles. Il est cet élan qui consiste à dépasser toutes limites, toutes régularités. Ne faut-il pas libérer le désir, comme le légitimait Deleuze dans son Anti-Œdipe ? N’est-il pas alors préférable pour chacun de nous de laisser parler notre désir ?

« portant sur des objets superflus et nous jetant dans une spirale de dépendance absurde.

Cependant, n'est-ce pas grâce au désirque l'action de la raison, froide et formelle en soi, est provoquée ? Ne faut-il pas accorder au désir un statut plus inscrit dansl'ordre rationnel des choses ou de notre vie ? [ II) OUI ] Le désir participe à l'ordre logique de la vie.

[ A) parce que ] Le désir est l'aiguillon de la raison.La raison du scientifique ou du philosophe n'a d'autre racine que le désir.

Pour son activité, les deux êtres investissent tousleurs efforts, y passent du temps et des moments de leurs vies.

D'ailleurs d'après Pythagore, la philosophie signifie « l'amour dela sagesse », elle repose sur un manque qui provoque cet élan de découverte et de savoir, jamais satisfait.

Même Platon parle dudésir, dans le Banquet comme l'aiguillon, le tremplin de la raison amené par lui à contempler les Idées.

L'Eros s'attache d'abord aux beaux corps que la raison doit considérer dans leurs particularités.

Puis la raison est amenée à chercher une définitionuniverselle et objective de la beauté, à travers la beauté morale des « belles » actions.

Le désir provoque et donne l'énergie àl'activité de la raison.

Aristote, élève de Platon, reprend à son compte ce primat du désir sur la raison, en affirmant que touthomme désire savoir, et pour cela il est amené à vivre sa raison en désirant la présence de ses semblables, de ses congénères.Par la raison, l'homme cherche la nature causale qu'est cette nature humaine qu'il compose avec autrui ( la cause étant leprincipe de la connaissance ).

[ B) parce que ] La Raison des hommes se sert des passions.« Rien de grand dans l'Histoire ne s'est fait sans passion » affirme assurément Hegel dans la mesure où la Raison qui exprimel'Esprit conceptuel et commun des hommes use des désirs particuliers des « grands hommes » pour mener le bien-être et l'unitédu genre humain.

C'est ce que Hegel appelle « la ruse de la Raison ».

Le désir ou la passion amène fermement les dirigeants à sortir des ordres qui ne profitent qu'àcertains pour défendre les droits et intérêts universels.

Ainsi Hegel avait de l'admiration pour ce grand homme passionné degloire et de pouvoir qu'était Napoléon : par sa passion du pouvoir, il comporte les « droits de l'homme » hors de France pourlibérer les peuples opprimés par les despotes, soient les esclaves vis-à-vis des maîtres.

[ Transition ] Le désir est donc inscrit dans l'ordre logique de la nature humaine, comme premier moteur de la raison.

Mais c'est avouer alors que le désir est infra-rationnel ( en deçà et avant l'activité de la raison ).

Le désir a-t-il raison de dépendrede la raison ? [ III) OUI, mais ] Il est raisonnable de désirer au-delà de toute raison.

[ A) parce que ] Le désir est le moteur vital de l'homme.Le désir en lui-même est pur et est purement mobilité : il est cette élan vital qui est déjà en lui-même production de vie et d'être,quel que soit son objet corrélatif ou assigné.

Il s'impose sans qu'aucune raison le comprenne en elle-même.

Ainsi pour Deleuze,dans l' Anti-oedipe, le désir se conçoit sans aucune limitation de toutes sortes, et encore moins sans limitation ou règles calculées de la raison.

Celle-ci est secondaire.

C'est pourquoi il critique la conception du désir ambivalent de Freud : pourFreud le désir est déjà compromis par des maîtres extérieurs ( les parents ) et le Surmoi ( instance psychique censurante,comme une sorte de conscience morale et raisonnable ).

On cherche à encadrer, voire étouffer le désir, alors que c'est lemoteur naturel de la vie, de la création libre de soi, d'une production personnelle.Cependant la raison ne peut-elle que compromettre l'élan du désir ? Ne lui apporte-t-elle pas ? [ B) parce que ] C'est la raison qui nous apporte la régularité cyclique et ennuyeuse.On peut avoir l'impression de sortir des besoins cycliques et élémentaires du corps par la raison.

Or pour cela la raison nousinstaure des règles à respecter avec régularité qui sont autant de causes à l'ennui.

Ainsi, même si l'homme cherche à se divertir( agir pour se défaire de l'ennui, en diverger ) pour Pascal, il se réfugie et s'installe dans un nouvel ennui né de la répétitionnécessaire et inéluctable de l'action.

C'est pourquoi, toujours pour Pascal, l'homme est condamné à vivre une conditionmisérable.

Cependant, le coeur ou la foi peut lui permettre, par une dévotion en Dieu, de sortir de l'ornière du cycle ennuyeuxdu désir et de la régularité de la raison seule ( ainsi pour Pascal, les philosophes ne peuvent nous garantir le bonheur ) Conclusion : Le désir en soi ne nous dit rien : il nous transporte aveuglément sans aucune logique, sans aucun sens : il apparaît et renaît.Cependant, c'est la source énergique de l'activité de l'homme et de ce qui lui donne sens : la raison.

Nous n'avons donc pasraison de nous laisser déterminer seulement par le désir.

Notre raison doit le récupérer pour sa propre activité.

Idéalement,pour Epicure, la raison en devrait rester au besoin élémentaire du corps pour que l'homme, qui en use, puisse avoir le bien-être. »

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