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Alain : la liberté; l'État; la justice.

Publié le 14/01/2020

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alain

La liberté des opinions ne peut être sans limites. Je vois qu'on la revendique comme un droit tantôt pour une propagande, tantôt pour une autre. Or, on comprend pourtant bien qu'il n'y a pas de droit sans limites ; cela n'est pas possible, à moins que l'on ne se place dans l'état de liberté et de guerre, où l’on peut bien dire que l'on se donne les droits, mais où, aussi, l'on ne possède que ceux que l'on peut maintenir par sa propre force. Mais dès que l'on fait société avec d'autres, les droits des uns et des autres forment un système équilibré; il n'est pas dit du tout que tous auront tous les droits possibles ; il est dit seulement que tous auront les mêmes droits; et c'est cette égalité des droits qui est sans doute la forme de la justice; car les circonstances ne permettent jamais d'établir un droit tout à fait sans restriction; par exemple il n'est pas dit qu'on ne barrera pas une rue dans l'intérêt commun ; la justice exige seulement que la rue soit barrée aux mêmes conditions pour tout le monde. Donc je conçois bien que l'on revendique comme citoyen, et avec toute l'énergie que l'on voudra y mettre, un droit dont on voit que les autres citoyens ont la jouissance. Mais vouloir un droit sans limites, cela sonne mal.

Alain Autres notions abordées : la liberté; l'État; la justice.

Etude ordonnée et intérêt philosophique

La question de la limitation des droits est abordée à travers l'exemple d'un droit particulier, celui d'avoir et d'exprimer des opinions. N'y a-t-il pas là une liberté fondamentale et qui doit être illimitée?

Or Alain affirme d'emblée le contraire : « La liberté des opinions ne peut être sans limites.» La liberté de tout penser et de tout dire ne doit pas être reconnue comme un droit. Cette idée, selon Alain, n'est qu'un slogan démagogique.

Doit-on en conclure qu'Alain est un adversaire de la démocratie ? Sûrement pas. Il suffit en effet de suivre l'actualité ou de penser aux lois qui encadrent, dans une démocratie comme la nôtre, la liberté d'opinion. On peut être poursuivi, par exemple, pour incitation à la haine raciale ou apologie de la violence : la démocratie doit réagir contre les discours qui sont déjà des actes de violence.

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« On voit en fait que cette question de la liberté d'opinion.n'est qu'un exemple et que le problème, plus général, est celui de la possibilité d'un « droit sans limites », expression reprise par deux fois, à la troisième puis à la dernière ligne.

Pour saisir véritable­ ment le cœur du raisonnement d'Alain, il faut également aperce­ voir la combinaison de deux termes voisins : le droit et la justice.

C'est en faisant jouer ces deux termes que l'on pourra dégager tout l'intérêt philosophique du texte.

++++~++++++++++++++++++++ REPERER LE MOUVEMENT DU TEXTE Plutôt que de découper le texte en « parties », ce qui n'aurait pas grand sens pour un texte aussi court, repérez le mouve­ ment argumentatif: Thèse : « La liberté des opinions ne peut être sans limites.

» Objection·: pourtant ·elle est souvent revendiquée par des dis­ cours idéologiques ( « propagande » ).

Réfutation : or l'idée d'un droit sans limites semble contradic­ toire; pensable dans le cadre de t' anarchie, elle y est en fait irréa­ lisable.

Preuve de la réfutation : la forme de la justice, qui rend un droit légitime, ne consiste pas dans l'absence de limites mais dans /'égalité du droit et des droits pour tous les citoyens.

Seule cette égalité est digne d'une revendication qui peut être véhémente sans devenir suspecte.

+++++++++++++++++++++++++ EXPLICITER LES TERMES -«La liberté des opinions»: la liberté de penser et d'exprimer ce que l'on veut, sans souci de se conformer à une doctrine pré­ établie.

La liberté d'opinion fait partie des bases de la démocra­ tie pluraliste.

Mais dans quelle mesure une démocratie peut-elle par exemple tolérer un discours hostile à ses principes mêmes, notamment à la liberté d'opinion, un discours donc qui profiterait d'un droit pour se préparer à le détruire? «l'état de liberté et de guerre»: c'est peut-être l'expression qui, lue trop vite, risque Je plus de provoquer des contresens.

Alain ne cite pas, en effet, deux états distincts, l'état de nature et l'état de guerre.

Dans l'état de guerre normal, un cadre de droit subsiste en effet, qui permet notamment de faire une dis­ t;nction entre les opér.ations militaires et /es crimes ·de guerre.. »

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