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ALAIN, Propos sur le bonheur, 1910 (commentaire): Pensez-vous avec l’auteur que le bonheur puisse être le résultat d’un « art d’étre heureux» ?

Publié le 03/11/2016

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alain

On devrait bien enseigner aux enfants l’art d’être heureux. Non pas l’art d’être heureux quand le malheur vous tombe sur la tête : je laisse cela aux stoïciens1 ; mais l’art d’être heureux quand les circonstances sont payables et que toute l’amertume de la vie se réduit à de petits ennuis et à de petits malaises.

 

La première règle serait de ne jamais parler aux autres de ses propres malheurs, présents ou passés. On devrait tenir pour une impolit^se de décrire aux autres un mal de tête, une nausée, une aigreur, une colique, quand même ce serait en termes choisis. De même pour les injustices et pour les mécomptes. Il faudrait expliquer aux enfants et aux jeunes gens, aux hommes au&i, quelque chose qu’ils oublient trop, il me semble, c’est que les plaintes sur soi ne peuvent qu’attrister les autres, c’est-à-dire en fin de compte leur déplaire, même s’ils cherchent de telles confidences, même s’ils semblent se plaire à consoler. Car la tristesse est comme un poison ; on peut l’aimer, mais non s’en trouver bien ; et c’est toujours le plus profond sentiment qui a raison à la fin. Chacun cherche à vivre et non à mourir ; et cherche ceux qui vivent, j’entends ceux qui se disent contents, qui se montrent contents. Quelle chose merveilleuse serait la société des hommes, si chacun mettait de son bois au feu, au lieu de pleurnicher sur des cendres ! 

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entendu ; on le sait ; vos plaintes n’y retranchent rien, et je reçois une pluie de plaintes qui me poursuit dans la maison. Eh bien, c’est surtout en temps de pluie, que l’on veut des visages gais. Donc, bonne figure à mauvais temps.

ALAIN, Propos sur le bonheur, 1910.

Rêve de toutes les civilisations, aussi bien Age d’or des Anciens que Paradis des chrétiens, sagesse de Confucius ou « lendemains qui chantent » de l’internationale...

 

Mais, spécialement dans la civilisation judéo-chrétienne, tendance à considérer le bonheur terrestre comme idéal réduit, même mesquin...

 

... et coutume de peindre plus fréquemment malheur, qui est inspiration plus riche et choisie, semble-t-il, pour la littérature et les arts.

 

Alors malheur ? bonheur ? et comment le concevoir ?

 

Faut-il établir un « art d’être heureux », ou se contenter d’être simplement ?

 

1. Malheur ? Bonheur ?

 

Le fond de l’homme est triste, affirme Chateaubriand.

 

Dans Génie du Christianisme > raisons religieuses, car terre = vallée de larmes, seul le bonheur dans la Vie Eternelle...

 

... pour les élus de Dieu, dirait Pascal, dont vie est angoisse existentielle permanente. Car, pour lui et les jansénistes, l’homme ne peut être heureux car marqué du péché originel plus nostalgie du Paradis d’où sa faute l’a chassé.

 

De plus, constatation que les hommes naissent pour mourir. Peut-il y avoir Bonheur dans ces conditions, si ce n’est dans un aveuglement fâcheux, un refus de penser ?

 

« Les hommes meurent et ne sont pas heureux. » (Cali-gula, A. Camus).

alain

« ment délivré de toutes les petites peines qu'il n'a point l'occasion ni le temps de raconter.

Le principe est celui-ci : si tu ne parles pas de tes peines, j'entends de tes petites peines, tu n'y penseras pas longtemps.

Dans cet art d'être heureux, auquel je pense, je mettrais aussi d'utiles conseils sur le bon usage du mauvais temps.

Au moment où j'écris, la pluie tombe ; les tuiles sonnent ; mille petites rigoles bavardent ; l'air est lavé et comme filtré ; les nuées ressemblent à des haillons magnifiques.

Il faut apprendre à saisir ces beautés-là.

« Mais, dit l'un, la pluie gâte les moissons.

» Et l'autre :. »

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