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Antoine Coysevox 1640-1720 En ce temps où l'atelier patronal est presque toujours l'atelier paternel, la " vocation " de Coysevox est un fait banal.

Publié le 05/04/2015

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Antoine Coysevox 1640-1720 En ce temps où l'atelier patronal est presque toujours l'atelier paternel, la " vocation " de Coysevox est un fait banal. Le père étant établi menuisier à Lyon, le fils apprendra la menuiserie. Banales aussi ces alliances entre dynasties d'artisans. La soeur de Coysevox épousera son voisin François Coustou, sculpteur sur bois. Il est vraisemblable que le jeune Antoine Coysevox ayant pratiqué le métier y réussit ; à dix-sept ans il " monte " à Paris. Par chance, il a dans sa poche une recommandation pour Le Nôtre qui le fait entrer comme apprenti chez le vieux sculpteur Lerambert. Il se mariera quelques années plus tard avec la nièce de celui-ci ; se remariera dix ans après avec une modeste Lyonnaise ; aura dix enfants vivants. Bon père de famille, honnête homme, sans ambition, le sculpteur bénéficie d'une situation très stable, très aisée, très considérée. Jeune académicien, il suivra sans heurt jusqu'au sommet la filière académique : professeur, puis adjoint au recteur, recteur, directeur et enfin chancelier. Belle carrière officielle disciplinée à l'ombre du pouvoir, qui, en soi, n'a rien de très excitant pour l'esprit, hantés que nous sommes par l'idée que le génie doit librement s'épanouir en marge de la société ou en révolte contre elle... Coysevox une fois embauché deviendra l'un des nombreux rouages de la mécanique de précision montée par Louis XIV, Colbert et Le Brun -- chacun dans son rôle et dans son ordre. Ils ont embrigadé tout ce qui existe de talents en France -- et en font même recruter à l'étranger -- pour le gigantesque ...
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« l'entrée des Tuileries), le Faune, qui enchante de sa flûte la Flore et l'Hamadryade, toute cette statuaire est traitée avec un naturel si spontané que l'on a peine à imaginer que les contraintes de Marly — où le Roi dirigeait tout lui-même, et dans le détail — étaient plus strictes encore qu'à Versailles. Pour le duc d'Antin, il sculpte une Diane chasseresse , toute de douceur intime et de vivacité fringante...

Le Faune avait fait passer un souffle d'humanité vivante dans la mythologie, Diane fera passer la mythologie dans la réalité d'une figure humaine. Les commandes de monuments funéraires furent la rançon de sa célébrité.

Les siècles classiques refusent l'austérité des anciens mausolées, ces gisants, ces cadavres froids et rigides étendus les mains pieusement croisées sur la tombe.

La pompe funèbre est un cérémonial à grand spectacle et ce sont des hommes de théâtre qui en assurent la mise en scène.

Les morts revivent par le mémorial ; ils s'agenouillent sur la pierre, en pleine gloire, flanqués de figures non plus priantes et endeuillées mais pleines de vie exaltée.

Coysevox sera le sculpteur de ces tombeaux destinés à perpétuer l'effigie des grands.

On lui commandera ceux de Vauban, de Condé, de Colbert, de Mazarin, de Le Brun, de Le Nôtre, du comte d'Harcourt.

Était-il fait pour cette emphase dramatique ? Ni le portrait posthume ni la déclamation n'étaient son affaire.

La sculpture funéraire ne l'a pas toujours très bien inspiré.

Il est même certains monuments, comme celui du comte d'Harcourt où l'on trouve des lourdeurs et des gaucheries, qui laissent croire qu'ils n'étaient pas de sa main. Mais il est un genre où Coysevox fut un maître sans rival.

C'est dans le portrait qu'il a donné le meilleur de lui-même.

Ses bustes nous permettent de pénétrer profondément aux sources de son génie.

Il semble offrir une synthèse de différents âges de la sculpture française et il la frappe de la marque de son temps.

A cette alliance de naturalisme et de spiritualité qui caractérisent l'art du Moyen Âge, il joint cette grandeur monumentale qui est venue solenniser le portrait dès la Renaissance.

Cependant, au lieu de se borner à la glorification d'un illustre personnage dans une œ uvre de commande, il donne à son œ uvre une expression de vie intime et puissamment concentrée.

En un sens, il devance son époque : ses visages ont le frémissement de vie et cet air rayonnant d'intelligence que l'on trouvera plus tard dans les pastels de La Tour où les marbres de Heudon ; et pourtant il ne se laisse jamais aller aux fadaises de l'imitation ni aux vanités du “ portrait parlant ”.

Ses bustes sont architecturés avec une haute idée de la structure morphologique et de l'unité des rythmes plastiques.

Ils ne sont ni des têtes coupées ni des corps tronçonnés.

Avec des drapés intermédiaires entre le corps et le socle, servis généralement par l'ampleur de la perruque Louis XIV, ils sont conçus comme de petits monuments. Le Roi aimait Coysevox, qui fut son portraitiste habituel.

Le buste conservé à Dijon en particulier (1686) est d'une noblesse d'inspiration et d'une qualité d'exécution vraiment triomphales.

Il nous a laissé le visage de bien des grands de son temps, dont il fut souvent le familier “ sans qu'il en devînt plus fier, dit son ami Fermelhuys, et sans qu'il changeât son caractère d'ingénuité ”.

La personnalité des modèles s'exprime avec tant de vérité qu'il serait inutile, pour en connaître la psychologie, de se référer aux Mémoires de Saint-Simon. C'est Condé dont le profil aiguisé comme une lame de sabre laisse dans son sillage une étrange chevelure flottante ; Colbert dont le regard dit le scrupule et la sagesse ; Le Tellier faussement bonhomme et perspicace ; le maréchal de Villars voluptueux et fanfaron.

Nulle. »

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