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Baudelaire ■ Le Spleen de Paris

Publié le 08/01/2020

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- La modernité sous toutes ses formes est l’un des fils directeurs du recueil : la poésie s’installe désormais non plus dans la nature, mais dans les «villes

énormes» où se croisent d’innombrables rapports. Nombre des poèmes ont Paris pour cadre et pour véritable sujet : «Un Plaisant», «Le mauvais Vitrier», «Les Foules», «Les Veuves», «Le vieux Saltimbanque», «Les Fenêtres», «Mlle Bistouri», «Assommons les Pauvres» ou encore «Les bons Chiens». Ce choix entraîne celui d’un pittoresque tout urbain, qui s’attache notamment aux «marginaux» que la ville abrite et secrète (les pauvres, les prostituées, les fous et les folles, les joueurs, les petits métiers).

- En contrepoint, le rêve d’autres mondes plus ou moins utopiques, pour échapper à la ville, dans un mouvement analogue à celui des Fleurs du Mal : d’un côté le spleen, de l’autre l’idéal. Relèvent de cette aspiration, par exemple, «Un Hémisphère dans une chevelure», «L’Invitation au voyage», «Les Projets», «La belle Dorothée», «Le Port».

- Un autre thème structurant du Spleen de Paris c’est la méditation sur l’art

et l’artiste : «L’Etranger», «Le Confiteor de l’artiste», «Chacun sa Chimère», «Le Fou et la Vénus», «Le Joujou du pauvre», «Les Dons des fées», «Les Vocations », « Une Mort héroïque ». >

- Plusieurs poèmes tournent autour de l’enfance : «Le Gâteau», «Le Joujou du pauvre», «La Corde», «Les Bienfaits de la lune».

- Et presque tous autour de la déchirure, de l'incommunicabilité : entre vieux et jeunes, riches et pauvres, hommes et femmes, artistes et public.

- Enfin, la plupart des poèmes du recueil peuvent être lus comme des «arts poétiques», chacun réfléchissant sur la poésie comme saisie du monde.

b - Composition

Bien que la publication des cinquante poèmes en prose du recueil se soit étendue sur près de treize ans, et que Baudelaire ait hésité sur le nombre de poèmes qu’il souhaitait composer (tantôt il s’arrête à cinquante, tantôt il espère parvenir à cent), il n’est pas impossible de dessiner plusieurs sortes de parcours et de flâner d’une façon moins désordonnée que la première lecture ne le laisse prévoir à l’intérieur de cette «tortueuse fantaisie», pour reprendre une des formules de la Dédicace.

Bien sûr, la mise en garde de Baudelaire lui-même semble s’opposer à cette conception classique d’un ouvrage composé : en le dédiant à son ami Arsène Houssaye, le poète présente le recueil comme «un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire sans injustice qu’il n’a ni queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement. [...] Nous pouvons couper où nous voulons, moi ma rêverie, vous le manuscrit, le lecteur sa

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« BAUDELAIRE, LE SPLEEN DE PARIS Il s'agit ici en effet de textes en prose, le plus souvent courts et divisés en nombreux paragraphes.

Le genre était alors peu représenté, sauf par le recueil d' Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, auquel Baudelaire rend homm~ge dans sa dédicace.

Mais en réalité il invente tout autre chose que Bertrand.

Baudelaire a hésité sur le titre à donner à ce recueil qu'il avait d'abord conçu comme un «pendant» aux Fleurs du Mal et plus précisément comme un élar­ gissement à la deuxième section des Fleurs du Mal, «Tableaux parisiens».

Le premier titre envisagé, Poèmes nocturnes, était peut-être un hommage à Gaspard de la nuit; ensuite, Le Promeneur solitaire (clin d'œil ironique aux Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau), corrigé en Rôdeur parisien, le dernier mettant l'accent sur le rôle de la ville dans la poésie moderne, insistait sur une nouvelle image du poète en marcheur.

Baudelaire avait choisi un autre titre encore quand il proposa son recueil à Arsène Houssaye : ce devait être La Lueur et la Fumée.

Finalement, les deux titres sous lesquels les éditeurs publient aujourd'hui indiffé­ remment le recueil -Le Spleen de Paris ou les Petits Poèmes en prose -apparais­ sent dans sa correspondance à partir de 1863.

Le premier, thématiqué, souligne le lien de la ville et de la moderne mélancolie, proche souvent de la nausée; le second, rhématique 1', pointe l'originalité générique du recueil.

c -Liens avec les autres œuvres de Baudelaire Le décor largement parisien était déjà celui de nombreux poèmes des Fleurs du Mal, notamment de la partie intitulée «Tableaux parisiens», qui évoque quel­ ques-unes des ombres parisiennes chères au cœur du poète (les prostituées, les mendiantes, les vieux auxquels la ville est particulièrement dure, les exilés, ou les simples passantes).

D'autres poèmes en prose sont des doublets des poèmes en vers: «Le Crépuscule du soir», «L'Invitation au voyage», «La Chambre dou­ ble», «Un Hémisphère dans une chevelure».

Beaucoup d'autres, comme dans les Fleurs du Mal, s'intéressent au rôle du poète et de la poésie, à côté de ceux que nourrit encore le rêve exotique de l'enchanteresse île Bourbon, et de ceux qui célèbrent les pouvoirs de l'ivresse.

Beaucoup enfin portent la marque de la connaissance précise que Baudelaire avait des œuvres d'art, en particulier de la peinture et de la gravure.

La mélancolie, la lucidité, le mal, le rêve unissent étroitement ce recueil à l'ensemble du texte baudelairien.

2 -Thèmes et composition a-Thèmes Ainsi qu'il l'annonce dans la dédicace, Baudelaire tente de «décrire la vie moderne», comme Bertrand avait peint la vie ancienne.

179. »

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