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« Ce n'est point avec des idées que l'on fait des vers… c'est avec des mots »

Publié le 11/09/2006

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L'expression poétique s'est constamment renouvelée au cours des siècles avec des orientations différentes selon les époques et les individus. On peut par exemple distinguer le poète artiste soucieux d'abord de beauté formelle comme c’est le cas de Mallarmé ou Apollinaire ou bien le poète engagé mis par son engagement au service d’une cause comme Aragon par exemple. Nous allons discuter le point de vue de Stéphane Mallarmé, « Ce n’est point avec des idées que l’on fait des vers… c’est avec des mots « en nous demandant en quoi les mots et les idées peuvent-ils se démarquer autant l’un de l’autre bien qu'ils composent la structure poétique. Pour répondre à cette problématique nous verrons dans un premier temps que la poésie et d’abord et avant tout des idées puis nous verrons que la poésie est un véritable travail sur le langage et les mots. Certes, nous allons introduire cette première étude avec une définition de la poésie selon Cocteau : “Elle dévoile, dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement.” Comme c’est le cas dans son œuvre Le rappel à l’ordre. En effet La poésie dévoile car elle exerce une fonction d’arrêt et d’éveil sur le lecteur, la poésie nous restitue la présence, la consistance, la saveur du monde sensible, et nous enseigne à le regarder comme on le remarque par exemple avec le texte de Francis Ponge tiré du Parti pris des choses, Le pain où l’auteur met en valeur l’originalité du pain, pourtant banal et nous le montre sous un aspect inattendu, lorsque par exemple il compare la surface de l’aliment à un massif montagneux. De nombreux poètes décident de mettre leur art et leur pensé au service d’une cause. On parle alors de poésie engagée, la poésie engagée est toujours ancrée dans la réalité, dans l’Histoire. On trouve donc souvent des noms de lieux, de personnes, et des dates, comme c’est le cas dans Le roman inachevé ou les « partisans « qui été le nom donné aux résistants à l’occupation Allemande, ou encore « Erivan « la capitale de l’Arménie. Les textes ont souvent un rapport étroit avec des événements historiques précis dont les poètes sont immédiatement témoins, acteurs ou victimes, on le voir clairement dans les deux textes de Ronsard et d’Aubigné ou ils se référent à l’actualité éclatante des guerres de religion, et chacun d’eux choisi leur camp, le camp des catholique pour le premier, celui des protestants pour le second. Parmi les caractéristiques formelles de la poésie engagée on retrouve la mise en jeu des symboles, des personnifications, des allégories. Elle incarne les idées par des images concrètes. On peut souligner par exemple « mars « symbolisant la guerre dans le texte de Ronsard ou encore des personnifications comme « morte est l’autorité « ou encore « Ainsi la France court en armes divisés « dans le même texte, l’auteur monstre ici l’Etat désastreux de son pays. Aubigné lui se réfère aux criminels qui ne respectent pas Dieu métaphoriquement avec notamment le terme « Caïens «. Hugo lui, personnifie la France « France, à l’heure ou tu te prosternes « et dénonce Napoléon III « le Tyran «, Hugo se place en victime en s’appropriant le terme de « banni « dans le poème. Les figures de style : hyperboles, métaphores, comparaisons, sont nombreuses, et utilisées dans une démarche argumentative, afin de solliciter l’imagination et la sensibilité du lecteur pour susciter son émotion et son adhésion à l’idée et la dénonciation de l’auteur. On relèvera dans l’extrait des Tragiques un oxymore mettant en avant la barbarie des hommes « l’ingénieux bourreau « ou encore une métaphore très percutante dans l’extrait du Discours des misères de ce temps, « ce monstre « qui est en réalité à la pensée réformée. Chez Aragon on peut observer une transformation poétique de la mort par l’usage de la métaphore « quand les fusils fleurirent «. Le rythme et le jeu sur les sonorités sont également importants dans un poème engagé, on retiendra l’anaphore des termes « vingt et trois « dans le roman inachevé de Louis Aragon, ces effet créent un dynamisme musical qui facilite la mémorisation et la diffusion des textes. Mais ces caractéristiques se retrouvent également dans le poème classique. Ces caractéristiques de la littérature engagée permettent aux poètes de toucher la sensibilité du lecteur : l’émouvoir, l’indigner, afin d’atteindre leurs objectifs qui sont souvent de révéler la réalité, témoigner et dénoncer l’horreur des hommes. Les auteurs expriment parfois une émotion personnelle intense. On parle alors de poésie lyrique, elle traite les sentiments du poète et les thèmes récurrents sont généralement l'amour, la mort, la communion avec la nature, le destin. Elle est effectivement orientée vers le « moi « du poète, on peut s’intéresser à Hymne de l’automne de Ronsard, la défense et l’illustration de la langue française se retrouvent dans ce poème. Le poète est à la fois artisan des mots et prophète. Sa parole est un message de vérité et comme tout prophète, il est incompris. Ici l’art de la poésie est associé au « don de poésie «, c’est-à-dire à une fonction quasi divine du poète inspiré, en relation avec les Muses et le sacré, on parlera de poète prophète. Il en convient que la poésie est une arme redoutable pour certains poètes, en effet ils mettent leurs pensées et leurs arts au service d’une cause, certains s’engagent, d’autres expriment leurs sentiments. La poésie a aussi une fonction d’initiation et de révélation c’est également un enseignement de présence et de lucidité. Mais la poésie c’est aussi des mots, la poésie est donc la création par excellence. Le poète joue avec les mots pour faire partager à son lecteur sa vision du monde, ses émotions, ses sensations. Pour cela il utilise, outre les techniques de la versification, elles aussi productrices de sens : les figures de style dont les plus couramment utilisées sont la comparaison, la métaphore et la personnification, les champs lexicaux. La poésie a un rôle et est lié à l'art du langage, l'art de réveiller ce langage endormi par l'habitude. Pour certains poètes ce qui existe dans leurs œuvres sont des mots qui jouent entre eux, avec leur son, avec leur sens clair mais aussi leurs sens figurés souvent latents, avec leurs affinités ou leur hostilité. Un poème ne se résume pas, un poème se dit et ne dit que lui-même. Ce qui importe à l'amateur de poésie, c’est que le poème soit une construction de mots produite par une sensibilité et une intelligence. Le mot "poésie" vient du grec poiein qui signifie « faire, créer « : le poète est donc un créateur, un inventeur de formes expressives, adepte à l’art du langage. Le langage poétique s’oppose au langage du quotidien : Plus personnel, plus complet. Il fait appel à un effort de compréhension, à l’imagination. Après des siècles de poésie versifiée, on voit apparaitre deux nouvelles formes, moins codifiées, le poème en prose et le vers libre, ces formes innovent sur le plan du rythme, des sons et de la structure. Dans le poème Les ponts d’Arthur Rimbaud par exemple, on peut le voir comme un tableau, en effet le poète nous propose une lecture du tableau par des lignes « mât «, « cordes « « horizontaux « « un rayon «. La poésie s’exprime avec des outils qui donnent à cette écriture particulière de mots, d’images et de musique une merveilleuse efficacité sur l’émotion. La création poétique selon certains poètes s’accompagne d’une modification de la réalité, d’une expression dans une langue originale, inhabituelle, plus esthétique, pour forcer le lecteur à réagir, face à lui et face au monde. La poésie est souvent plus impression que compréhension, le poète jouant plus sur la sensibilité que sur la raison, la poésie s’est des mots, des sons, des odeurs même. Cependant elle est une arme habile qui est utile pour défendre une cause, exprimer ses idées et ses sentiments. Mais ces deux idées s’associes très régulièrement, les poètes utilisent la musicalité des mots pour faire réagir le lecteur plus naturellement, toucher sa sensibilité, l’émouvoir.

 

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