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ClNNA ou la Clémence d'Auguste de Pierre Corneille (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 24/10/2018

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auguste

ClNNA ou la Clémence d'Auguste.

 

Tragédie en cinq actes et en vers de Pierre Corneille (1606-1684), créée à Paris au théâtre du Marais en août ou septembre 1642, et publiée à Rouen et à Paris chez Quinet en 1643.

 

Après les origines de Rome évoquées dans * Horace, sa pièce précédente, Corneille se tourne vers les débuts de la Rome impériale. Il aménage ses sources (un passage du De clementia de Sénèque repris par Montaigne, des historiens antiques) pour mieux dire la naissance d'un nouvel ordre politique, en définir les conditions et la nature. Cinna fut un triomphe.

 

Emilie veut faire périr Auguste, qui a autrefois tué son père. Elle compte, pour assurer sa vengeance, sur l'amour partagé qui la lie à Cinna, le favori de l’empereur : seul ce meurtre, désormais imminent, le rendra digne d’elle (Acte I). Mais Auguste, lassé d’un pouvoir assis sur la crainte, veut abdiquer et demande conseil à Cinna et à Maxime, un autre conjuré : le premier l’incite à rester au pouvoir, le second à l’abandonner. Il suit l’avis de Cinna. en fait son successeur et lui donne Émilie (Acte II). Sommé de s'expliquer. Cinna a avoué à Maxime l'exigence d’Émilie. Or Maxime est lui-même secrètement amoureux d'elle ; son affranchi Euphorbe lui conseille de dénoncer Gnna pour l'obtenir. Gnna. frappé par la magnanimité d’Auguste, tente en vain de faire renoncer son amante (Acte III). Informé du complot, Auguste ne sait quel parti prendre. Émilie rejette Maxime, qui l'invitait à fuir avec lui (Acte IV). Confronté à Auguste, Cinna persiste et se prépare à la mort ; Emilie le rejoint et se dénonce, bientôt suivie de Maxime L’empereur déclare soudain qu'il pardonne à tous ; il accorde à Cinna de nouveaux honneurs et la main d’Émi-lie Chacun chante la gloire d’Auguste ; Livie, son épouse, prophétise, annonçant son apothéose (Acte V).

 

Par son sujet, la pièce s'inscrit dans une série de tragédies de la conjuration, la plus importante avant elle étant assurément la Mort de César de Scudéry (1635). Corneille l'imite sur certains points et la dépasse - dernière réplique à son virulent adversaire de la querelle du Cid. De telles œuvres entraient directement en résonance avec les préoccupations contemporaines, avec l'actualité - Richelieu, orientant la monarchie vers l'absolutisme, vient, à quelques mois de sa mort, de déjouer le complot de Cinq-Mars -comme avec les débats théoriques sur la nature du pouvoir royal. Cinna est tout entier orienté vers la clémence d'Auguste, objet d'un suspens que Corneille ne néglige pas : l'épisode historique étant bien connu, la « suspension » porte moins sur l'issue de la conjuration que sur ce qui amènera l'empereur à cette attitude. Le vrai sujet de la pièce, c'est donc tout à la fois la fondation et les fondements d'un pouvoir absolu.

auguste

« réplique à son virulent adversaire de la querelle du *Cid.

De telles œuvres entraient directement en résonance avec les préoccupations contemporai­ nes, avec l'actualité -Richelieu, orien­ tant la monarchie vers l'absolutisme, vient, à quelques mois de sa mort, de déjouer le complot de Cinq-Mars - comme avec les débats théoriques sur la nature du pouvoir royal.

Cinna est tout entier orienté vers la clémence d'Auguste, objet d'un suspens que Cor­ neille ne néglige pas : l'épisode histori­ que étant bien connu, la « suspen­ sion ,, porte moins sur l'issue de la conjuration que sur ce qui amènera l'empereur à cette attitude.

Le vrai sujet de la pièce, c'est donc tout à la fois la fondation et les fondements d'un pouvoir absolu.

La référence à la tragédie de Scudéry s'impose d'autant plus que les ides de mars ne cessent d'être présentes à l'esprit des personnages de Corneille : le souvenir de César habite l'esprit d'Auguste, son fils adoptif; Brutus est pour les conjurés une référence privilé­ giée.

Ils sont tous, à divers titres, pri­ sonniers du passé.

Cinna songe à Pom­ pée, son grand-père, aux «vieux Romains » et à leur idéal perdu -mais les propos qu'il tient à l'empereur pour le convaincre de ne pas abdiquer, bien qu'ils relèvent initialement de la feinte, témoignent d'une conscience des vertus et de la nécessité d'un nou­ vel ordre politique.

Il reconnaît trop vite la grandeur du « tyran » pour que son idéalisme républicain soit tout à fait convaincu : la pression exercée par Émilie semble l'obliger, comme pour légitimer son projet, à rechercher en lui les restes de cette conviction.

Émi­ lie, elle, ne vit que pour venger un père dont Auguste, par ses attentions, a voulu effacer le meurtre : pour elle, l'Histoire s'est arrêtée avec cette mort.

Tout cède à ce devoir familial qu'elle fortifie, elle aussi, du souvenir des « vrais » Romains et qui lui interdit, en dépit de faiblesses momentanées, de faire primer l'amour de Cinna.

Celui-ci blâme l'« empire inhumain » qu'elle a sur lui, souligne qu'Auguste « est moins tyran>> qu'elle {Ill, 4): cette ven­ geance est, pour Émilie elle-même, une tyrannie, une passion -ce qui rend son dessein« impur>> politiquement.

L'em­ pereur est quant à lui soumis à une lutte intérieure : il n'a encore que le nom d'Auguste et se vit toujours Octave, celui des proscriptions, des meurtres obsédants.

«Toujours du sang>>, songe-t-il en envisageant de châtier Cinna.

Tous sont bloqués, et Rome avec eux.

La nouvelle Rome existe bien, celle d'un pouvoir absolu assurant, avec la paix dvile, l'hégémonie romaine.

Mais elle est encore entachée de l'impureté .

de sa naissance et pensée comme contraire à l'idéal de liberté romain.

Il lui manque l'adhésion de tous : plus que les intérêts privés des uns et des autres, c'est l'État qui est en jeu.

En ce sens, la conjuration est un mal néces­ saire : elle sera libération des individus et assomption de l'État.

Dès l'acte III, après le long débat politique de l'acte II, Cinna connaît un revirement qui transforme à ses yeux le. »

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