Devoir de Philosophie

commentaire compose sur aime cesaire

Publié le 14/01/2022

Extrait du document

cesaire

Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme (1955)

Lecture analytique n° 2

 

 

Entre colonisateur et colonisé, il n'y a de place que pour la corvée, l'intimidation, la pression, la police, l'impôt, le vol, le viol, les cultures obliga¬toires, le mépris, la méfiance, la morgue1, la suffi¬sance, la muflerie2, des élites décérébrées, des masses avilies.

Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission qui transforment l'homme colonisateur en pion, en adjudant, en garde-chiourme3, en chicote4 et l'homme indigène en instrument de production.

À mon tour de poser une équation : colonisation = chosification.

J'entends la tempête. On me parle de progrès, de « réalisations », de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d'eux-mêmes.

Moi, je parle de sociétés vidées d'elles-mêmes, des cultures piétinées, d'institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d'extraordi¬naires possibilités supprimées.

On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de canaux, de chemins de fer.

Moi, je parle de milliers d'hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à l'heure où j'écris, sont en train de creuser à la main le port d'Abidjan. Je parle de millions d'hommes arra¬chés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse.

Je parle de millions d'hommes à qui on a incul¬qué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larbinisme5.

On m'en donne plein la vue de tonnage de coton ou de cacao exporté, d'hectares d'oliviers ou de vignes plantés.

Moi, je parle d'économies naturelles, d'écono¬mies harmonieuses et viables, d'économies à la mesure de l'homme indigène désorganisées, de cultures vivrières détruites, de sous-alimentation installée, de développement agricole orienté selon le seul bénéfice des métropoles, de rafles de pro¬duits, de rafles de matières premières.

On se targue d'abus supprimés.

Moi aussi, je parle d'abus, mais pour dire qu'aux anciens ─ très réels ─ on en a superposé d'autres ─ très détestables. On me parle de tyrans locaux mis à la raison ; mais je constate qu'en général ils font très bon ménage avec les nouveaux et que, de ceux-ci aux anciens et vice-versa, il s'est établi, au détriment des peuples, un circuit de bons services et de complicité.

On me parle de civilisation, je parle de prolétarisation et de mystification.

cesaire

« Commentaire de l’extrait du Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire Introduction 1.

La colonisation mène à l'aliénation de tous a) Le colonisateur devient un bourreau • Une op pression des peuples colonisés Les désignations du colon isateur sont très péjoratives.

Des expressions telles que « police » l. 2, « g arde -chiourme », « chicote » l. 5 en attestent.

Dans ce contexte, elles ont toutes des connotations de surveillance, de violence physique comme morale. Les colons sont assimilés à des gardiens de prison, ou réifiés en accessoire de torture. Ceux -ci instaurent un rapport de force avec les populations indigènes qu'i ls cherchent à soumettre.

On le voit d'abord avec la négation restrictive « il n'y a de plac e que pour » l.1, suivie d'une énumération de termes se rapportant à une soumission par une violence physique et morale.

On le constate ensuite l .4 « Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission qui transforment l'homme...

».

L'antithè se introduite par « mais » souligne des relations no n seulement très dures et dépourvues de toute humanité, mais également aliénantes, comme le suggère le verb e « transforment ».

L'emploi du présent gnomique, des articles définis et / ou du pluriel amplifi ent la critique puisqu'ils sont les marques d'un discours généralisant qui indique des pratiques habitu elles, systématiquement vraies.

• Une humiliation de s peuples colonisés.

Lexique de l'humilia tion infligée aux indigènes est très présent : « le mépri s, la méfia nce, la morgue, la suffisance» l. 2-3.

Il s'ag it d'abord de dénoncer un manque de respect élémentaire pour l'autre comme le si gnale le terme « la muflerie » l. 3.

Césaire critique ensuite l'arrogance colonialiste et sa prét ention à la supériorité sur les indigènes à travers une énumération de termes au sens très proche tels que « le mépris, [...] la morgue, la suffisance » l. 2-3.

Puis il est question de mettre en évidence une éducation par les colons visant à atteindre le c olonisé dans sa dignité et à le lui fair e accepter pour le réduire à la servili té l. 3 « masses avilies » et 18 -19 « millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larb inisme.

».

La métaphore de « l'agenouillement » et le néologisme « larbinisme » traduisent symboliquement, de façon physique comme morale, la position inférieure dans laquell e il est maintenu.

Enfin, cette humiliation s'accompagne d'un règne de la terreur dont Césaire évo que les différentes nuances, de façon graduelle, de la plus faible à la plus forte.

On tro uve en effet « intimidation » l.1, puis « le tre mblement, [...] le désespoir » l. 20.

La mission civilisatrice de la colonisation apparaît don c ici comme un prétexte des plus fallacieux pour justifier l'esclavage des populations indigènes. b) Le colonisé, un être détruit. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles