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Commentez cette définition de l’intellectuel que donne André Malraux dans « Les Noyers de l’Altenburg » : « Un intellectuel n’est pas seulement celui à qui les livres sont nécessaires, mais tout homme dont une idée, si élémentaire soit-elle, engage et ordonne la vie ».

Publié le 02/11/2016

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INTRODUCTION

 

Parmi les « caractères » que notre xxe siècle pourrait offrir à l’observation d’un moderne La Bruyère, le type de l’intellectuel est sans doute l'un des plus représentatifs de la civilisation contemporaine. Il est tentant de chercher à préciser la valeur de ce terme fréquemment employé, avec déférence par certains, avec une nuance d’ironie, voire de mépris par d autres.

 

Dans Les Noyers de l’Altenburg, publié en 1943, Malraux avançait la définition suivante : « Un intellectuel n'est pas seulement celui à qui les livres sont nécessaires, mais tout homme dont une idée, si élémentaire soit-elle, engage et ordonne la vie. » Au cœur même de l’expérience de la seconde guerre mondiale, l’auteur de La Condition humaine éprouvait ainsi la nécessité d’élargir une certaine conception traditionnelle de la catégorie d’hommes à laquelle il avait conscience d’appartenir. Nous chercherons à préciser la signification de cet élargissement afin d’en apprécier la valeur.

 

I. LA CONCEPTION TRADITIONNELLE DE L’INTELLECTUEL

 

D’une manière générale, on s’accorde à qualifier d intellectuel tout individu qui se consacre ordinairement à des activités faisant appel aux facultés de l’esprit plus qu à celles du corps. C’est donc tout d’abord dans le domaine de la vie professionnelle qu'apparaîtra une opposition entre le « manuel » et l’« intellectuel ». Tel employé de bureau dont la tâche consiste à aligner des chiffres ou à recopier des lettres se classera volontiers parmi les intellectuels parce que ce travail ne met pas en jeu sa force musculaire, mais lui impose une « fatigue cérébrale ». On saisit vite le caractère artificiel d’une telle définition : la plupart des professions n'exigent-elles pas à la fois une participation du corps et de l’esprit? L’artisan ébéniste réalisant un meuble doit faire preuve aussi d’intelligence. Un médecin est à la fois un homme de science et un «praticien».

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« Aussi estimons-nous mieux fondée une autre conception de l'intellectu el qui s'appuie sur des critères plus intérieurs.

Nous po uvons constater que nos contem pora ins portent en eux, à des degrés dive rs, un ce rtain nombre d'exige nces intellec­ tuelles.

L'un des principaux résultats de ce qu'on nomme «la culture » est sans doute d'accroître en l'homme les besoins de cette nature, que Ma lraux représen te plus particul ièrement par Je désir de lire.

La lecture en effet suppose chez celui qui s'y adonne un e aptitu de à l'abstraction et un goOt de l'effort psychologique désintéressé dont seront seuls capables les «intellectu e ls».

De ce point de vue l 'ouv rier charpentier qui, r entré chez lui, serait ap te à se plonger dans la lecture d'un livre sérieux mériterait plus le titre d'intellectuel que son voisin comptable consacrant tous ses loisirs à la pêche à la ligne ou au bricolage.

Plus ce goOt des li vres apparaitra comme une nécessité, plus on sera digne d'être considéré comme un intellectuel.

Montaigne heureux et épa noui dans sa «librai rie » ou Montesquieu confessant qu'il n'a jamais connu de chagrjn qu'une heure de lecture ne lui ait ôté, demeureront dans ce sens des figures exemplaires.

Mais le besoin des livres suffirait-il vraiment à conférer à 1 'intellect uel le prestige dont il jouit dans le monde actuel ? Aux yeux de certains, ce type d'homme se carac té risera prin­ ci pal emen t par des travers ridicules.

La passion de la lecture peut parfois détourner ses adeptes de l'exis tence réelle, les rendre incapables de diriger leur propre vie.

Madam e .Bovary qui aimait tant les beaux romans était-elle une intellectuelle? 11 aurait mieux valu alors pour la marche de son destin qu'elle le fOt un peu moi ns.

C'est pourquoi, si 1 'on tient à conserver au mot intellectuel tout son éclat, on ne saurait en limiter ainsi la portée.

Le goOt des livres ne s uffit pas , encore faut-il savoir donner à son existe n ce un ordre et une signification pour être dign e d'une telle distinction.

Il.

LA CONCEPT ION D'AN DRÉ MALRAUX L'intelligence en l'h omme s'oppose essentiellement à l'instinct et à la passio n.

L' intellect uel sera donc d 'abord celui qui refuse d'être soumis en lui-même à ces deux forces brutes qui échappent au contrôle de la pensée.

Une telle attitude su pp ose nécessai­ rement J 'ad hésion à une certaine philosophie.

Peu importe au fond le degré d'abstraction de cette dernière, pourvu qu'elle pui sse fournir à l'homme un idéal, en fonction duquel il dir igera ses actions.

Not re civilisation «intellectualiste» nous pousse. »

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