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« connaître l'homme » et sciences humaines ?

Publié le 30/08/2014

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Il n'est pas indifférent de rappeler que la mise au point des sciences de l'homme, avec l'ambition de se séparer de tout point de vue philo­sophique (ou de s'y substituer), est historiquement liée au développement du capitalisme industriel et à la recherche d'une efficacité maximale. Si les sciences humaines pouvaient connaître intégralement l'homme, elles donneraient du même coup à certains le pouvoir de diriger les autres. Et l'on peut constater que les prétentions scientifiques à définir l'homme et ce qu'il doit être ont accompagné les comportements totalitaires, aussi bien dans le nazisme que dans le stalinisme. L'être humain vit le paradoxe de pouvoir connaître scientifiquement le monde extérieur, mais non sa propre existence : là est précisément la garantie de sa liberté.

« [1 -Apports des sciences de l'homme] Il est indéniable que les sciences humaines, en raison de leur optique relativement nouvelle et de leurs efforts vers une scientificité correcte­ ment établie, nous livrent un certain nombre de connaissances particu­ lières sur l'être humain.

Les recherches historiques permettent de mieux repérer les différents moments de son devenir, et soulignent de surcroît la variété de ses réalisations.

La psychologie, dans les multiples directions de recherche où elle se déploie -et sans tenir compte du problème de son unité réelle -nous informe sur des fonctionnements mentaux, nor­ maux ou pathologiques, et nous permet incontestablement de mieux saisir les causes immédiates de certains comportements.

Quant à la sociologie, elle abonde en renseignements partiels sur la constitution, les structures et le fonctionnement des différents types de sociétés ou de gouvernements.

Cela suffit-il néanmoins pour considérer que cet amas d'informations compose une connaissance de l'homme dans sa globalité ? On peut d'abord souligner que fait problème, et depuis leur apparition, la diversité des disciplines en question : chacune analyse l'« objet-homme» de son point de vue propre, et vient alors se poser la question de pouvoir unifier, ou au moins harmoniser, les différents points de vue.

Sans vérita­ blement caricaturer la situation, on doit admettre qu'il existe en quelque sorte un homme pour le psychologue, un homme pour l'historien, un homme pour le sociologue ou le linguiste ...

et rien ne garantit a priori que ces différents rôles ou aspects s'articulent pour composer une vision tota­ lisatrice de l'être humain dans sa globalité.

Cette vision globale de l'humain serait celle que pourrait produire une authentique anthropologie - si l'on désigne par ce mot une « science » précisément capable d'envisager l'être humain dans sa globalité.

Or, l'his­ toire des relations entre les disciplines montre que chacune d'entre elles, alternativement, revendique une suprématie par rapport aux autres : il fut un temps où l'historien s'affirmait capable de synthétiser les informations fournies par les autres sciences de l'homme (cela se rencontre au début des années vingt, avec l'École des Annales), ce furent ensuite la socio­ logie (si possible marxiste), puis la psychanalyse (comme herméneutique) ou la sémiologie (dont la linguistique elle-même ne constituerait qu'un aspect) qui formulèrent une ambition comparable.

De tels débats indi­ quent qu'en fait, l'anthropologie souhaitée est loin d'être constituée.

[Il -Leur point de vue (la question du déterminisme)] C'est en raison même de leur orientation scientifique, ou de leur volonté de scientificité, que les sciences de l'homme se condamnent vrai­ semblablement à devoir négliger ce qui fait le propre de l'homme.

Un point de vue scientifique implique en effet la recherche d'une objectivité,. »

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