Devoir de Philosophie

Conspiration (la). Roman de Paul Nizan (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 24/10/2018

Extrait du document

Conspiration (la). Roman de Paul Nizan (1905-1940), publié à Paris chez Gallimard en 1938. Prix Interallié.

 

Comme Aragon l'entreprendra onze ans plus tard avec les Communistes, le dernier paru des romans de Nizan devait constituer le prologue d'un ensemble romanesque sur le communisme des années trente. Mais en l'absence du second volet, la Soirée à Somosierra, dont le manuscrit fut perdu en 1940 durant la bataille de Dunker-que, au cours de laquelle Nizan trouva lui-même la mort, la Conspiration échappe en partie au roman à thèse qu'il aurait pu devenir pour se développer sur plusieurs plans : l'histoire d'une conspiration avortée, une éducation amoureuse, la généalogie d'un traître, la chronique d'une génération. Cet éta-gement du récit est subsumé par une interrogation toujours lancinante dans l'oeuvre de Nizan : comment sort-on de sa jeunesse? Sans doute le public fut-il sensible à l'évident plaisir d'écriture contre lequel il s'était jusqu'alors raidi, ou à un certain « humanisme de joie » vers lequel il semblait tendre et par lequel pouvait se renouveler son inspiration. Toujours est-il que la Conspiration assura à Nizan une notoriété que ses deux premiers romans - Antoine Bloyé (1933) et le Cheval de Troie (1935) - ne lui avaient pas véritablement conférée. Aussi le prix Interallié -qui lui fut décerné plutôt qu'à la *Nau-sée - vint-il couronner un véritable accomplissement littéraire.

 

Il sont cinq, âgés d’une vingtaine d’années, à graviter autour de la rue d’Ulm et de la Sor-bonne. Étudiants en philosophie, ignorant encore tout de ce qui les liera à la vie, assez exaltés pour croire en la noblesse de la subversion mais pas tout à fait dupes de leurs impatiences révolutionnaires, Bernard Rosenthal, Philippe Laforgue, Jurien, Antoine Bloyé et Serge Pluvinage fondent une revue, la Guerre civile, dans laquelle ils prétendent entreprendre, au lendemain de la guerre de 1914-1918, une critique insolente et systématique de toutes les valeurs, sous l'éclairage marxiste. Ils mesureront rapidement les limites de leur projet L'occasion d'être héroïque ne venant pas. Rosenthal la provoquera. Il entraîne ses amis dans ce qui, croit-il. sera une activité « irréversible et efficace » : voler un plan militaire pour le compte du parti communiste, qui n'a rien demandé. Le groupe connaît alors l’exaltation d’une clandestinité fictive : mais la conspiration tourne court et le plan finira dans un tiroir.

 

La seconde partie du roman est consacrée i l’éducation sentimentale de Bernard. Fils d'un agent de change juif, il n’exècre rien tant que sa famille et son milieu. Aussi est-ce d’abord par provocation qu'il s’éprend de sa belle-sœur. Catherine. Mais bientôt trouvant enfin dans l'amour l’occasion d'« enchaîner violemment l’avenir», Bernard voudra contraindre Catherine à quitter son confort bourgeois. Elle se dérobera. Floué, pris au piège du grand amour qu’il s'est inventé. Bernard se suicidera. La dernière partie du roman est consacrée au « récit de Pluvinage » et à Philippe Laforgue. Dans une longue confession adressée à Laforgue, Pluvinage explique comment de militant communiste, il en est venu par humiliation, honte de ses origines et fascination pour ses amis nantis à trahir Carré, un dirigeant du Parti, présenté comme modèle d’accomplissement politique. Si Pluvinage est sorti de sa jeunesse par la trahison, Laforgue, qui se sentait ludion flottant dans « l'âge de l'ambiguïté », en sort par l'expérience initiatique d'une maladie qui lui fait approcher l'angoisse de la mort et la conscience du bonheur grave d'exister.

 

Rendre compte de ce que fut une génération d'intellectuels, celle qui eut vingt ans avec Nizan, analyser, mais aussi juger, le néant de son idéalisme avorté, l'impasse politique de ses engagements inconséquents, les sophismes de sa jeune culture, montrer les égarements du cœur mais aussi les douloureuses épreuves qui conduisent à « l'âge d'homme » sans exclure une sérénité lucide, tel est l'objet de la Conspiration. On voit là de quelle filiation se réclame Nizan : on pense bien sûr aux *Faux-Monnayeurs, mais aussi à ces romans des années trente (l'Ordre de Marcel Arland, le Scandale de Pierre Bost) fourmillant de jeunes intellec-

« tique de toutes les valeurs.

sous l'édairage mar­ xiste.

Ils mesureront rapidement les limites de leur projet L'occasion d'être héroïque ne venant · pas, Rosenthalla provoqu era.

Il entraîne ses amis dans ce qu i, croit-il, sera une activit é« irréversible et efficace » : voler un plan militaire pour le compte du parti communiste, q ui n'a rien demandé.

Le groupe connaz1 alors l'exaltation d'une clandestinité fictive ; mais la conspiration tourne court et le plan finira dans un tiroir.

La seconde partie du roman est consacrée à l'éducation sentimentale de Bernard.

Fils d'un agent de change juif.

il n'exècre rien tant que sa famille et son milieu.

Aussi est-ce d'abord par provocation qu'i l s'épren d de sa belle - sœur, Catherine.

Ma is bient ôt trouvant enfin dans l'amour l'occasion d'« enchaîner violemment l'avenir», Bernard voudra contraindre Catherine à quitter son confort bourgeois.

Elle se dérobera.

Floué, pris au piège du grand amour qu'il s'est inventé, Bernard se suicidera.

La dernière partie du roman est consacrée au « récit de Pluvinage » et à Philippe Laforgue.

Dans une longue confes­ sion adressée à Laforgue, Pluvi nage explique comment de militant communiste, il en est venu par humiliation , honte de ses origi nes et fascina­ tion pour ses amis nantis à trahir Carré, un diri­ geant du Parti, présenté comme modèle d'accomplissement poli tiqu e.

Si Pluvinag e est sorti de sa jeune sse par la trahi son, Laforgue, qui se sentait lud ion flottan t dans «l'âge de l'ambi­ gu"ilé », en sort par l'expérience initiatique d'une maladie qui lui fait approcher l'angoisse de la mort et la consdence du bonheur grave d'exister.

Rendre compte de ce que fut une génération d'intellectuels, celle qui eut vingt ans avec Nizan, analyser, mals aussi juger, le néant de son idéalisme avorté, l'impasse politique de ses enga­ gements inconséquents, les sophismes de sa jeune culture, montrer les égare­ ments du cœur mals aussi les doulou­ reuses épreuves qui conduisent à "l'âge d'homme » sans exclure une sérénité lucide, tel est l'objet de la Conspiration.

On voit là de quelle filia­ tion se réclame Nizan :o n pense bien sûr aux *Faux-Monnayeurs, mais aussi à ces romans des années tre nte (l'Ordre de Marcel Arland, le Scandale de Pierre Bost) fourmillant de jeunes intellec- tuels qui ne doutent plus du dépérisse­ ment de leu r classe et che rchent à tâtons la voie d'une libération pers on­ nelle.

La Conspiration est donc une sorte de documentaire romancé sur l'état d'une jeunesse dépossédée d'elle­ même, et nombreux sont ceux qui vir en t dans l'œuvre ce que Sartre a appelé "un témoignage dur et vrai».

D'autant plus du r pe ut-êt re que par­ delà l'époque qu'elle interroge, la Conspiration est placée sous le signe de l'autob iographie; comme si Nizan, ne pardonnant pas à sa jeunesse, entre­ pre nait de régler quelques comptes avec lui-même.

Ainsi, les déco rs évo­ qués renvoient po ur la plupart à des lieux fréquentés par l'auteur (la rue d'Ulm, la Normandie de son précepto­ rat ...

) ; de même, les pages consac rées à la Guerre civile recréent l'atmosphère de la Revu e marxiste à laquell e il participa activement .

Mais surtout la forme nar­ rative retenue s'inscrit dans un proces­ sus de mise à nu de l'intimit é qui ne trompe pas sur les intentions de Nizan.

La constructio n pol yphonique de l'œuvre se déployant s ur plusieurs niveaux de réalité et de tonalité, loin de fragmenter le récit, alerte le lecteu r su r la combinaison des structu res tradi ­ tionnelles de l'écriture autobiographi­ que qui assure un e cohérence formelle et non plus narrative au roman : la let­ tre, avec l'échange épistolaire entre Bernard et Philippe, le journal, avec «l'extrait d'un ca rnet noir », la con fes­ sion, avec « le récit de Pluv inage "• à quo i il faudra it ajouter les multip les intervention s de l'auteur se plaçant dans un e situation de rivalité avec ses per sonnages inaccomplis.

De toute évidence, le romanesque n 'in téresse Nizan que dans la mesure où il fait surgir une subjectivité.

De sor te que l'i ntrigue proprement dite tourne souvent co urt : la conspiration elle-mê me a tôt fait d'avorter, l'arresta-. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles