Devoir de Philosophie

Cours: THEORIE ET EXPERIENCE (1 de 7)

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

theorie

INTRODUCTION

-        On oppose généralement la théorie, qui est assimilée à la vaine et futile abstraction, à l’expérience, qui renvoie au côté concret, à la vie, à la réalité dans ce qu’elle a de massif et d’exemplaire. En premier lieu, l’opposition de la théorie et de l’expérience semble recouper celle de l’abstrait et du concret.

-        Quand on parle de l’abstrait ou de l’abstraction, ces termes ont d’emblée une connotation péjorative, en ce qu’ils évoquent le vague, l’invérifiable, ce qui ne présente aucun rapport avec la réalité. En ce sens, la théorie désignerait une idée éloignée de la réalité, une chimère. Le concret, au contraire, est valorisé en la personne de l’homme d’expérience ou de terrain, qui connaît réellement les choses pour les avoir vécues. En première approche, la théorie concerne donc l’ordre de l’abstraction entendue comme ce qui est éloigné et éloigne des faits, tandis que l’expérience est tout entière tournée vers la réalité matérielle et tangible, ce qui lui confère sérieux et crédibilité.

-        Cette opposition commune de la théorie et de l’expérience, du concret et de l’abstrait, est-elle justifiée ?

-        Par abstraction, il faut entendre l’opération de l’esprit qui permet, en les traitant séparément, de donner aux qualités des choses, aux relations qui les unissent, à la fois une existence stable et un nom. « La blancheur «, par exemple, désigne une abstraction qui exprime la propriété des choses et qui fournit des critères de distinction, de regroupement et de comparaison. L’abstraction est, en réalité, constitutive de la pensée et du langage, et structure véritablement notre rapport à la réalité, contrairement à ce qu’établit le sens commun. On peut alors penser que par l’abstraction, le concret nous est donné et connu, si l’on entend par concret la réalité des êtres ou des objets tels qu’ils sont donnés dans l’expérience.

-        Théorie vient du mot grec theoria qui signifie « vue intellectuelle «, « contemplation «, « attitude spéculative «. Au sens général du terme, la théorie est une connaissance spéculative, désintéressée, par opposition à la pratique, qui concerne l’action ou qui est orientée vers l’action.

-        La notion de théorie a également une autre signification, épistémologique cette fois, puisque l’on parle de théorie scientifique, c’est-à-dire d’un ensemble organisé et cohérent d’idées, concernant un domaine particulier de connaissances, et intégrant un très grand nombre de faits et de lois autour de quelques principes fondamentaux.

-        La notion d’expérience est elle-même polysémique : on parle de l’expérience pour signifier un ensemble de connaissances que l’on acquiert par le temps et l’usage (on dit de quelqu’un qu’il a de l’expérience, qu’il est un homme d’expérience). Le concept d’expérience désigne aussi la connaissance acquise par les sens, les données sensibles auxquelles l’esprit a affaire dans l’élaboration ou la validation de ses connaissances. Enfin, l’expérience, en son acception épistémologique, concerne l’action d’observer les faits en vue de vérifier une hypothèse, le terme étant alors synonyme d’expérimentation. Où l’on voit qu’« avoir une expérience « n’est pas la même chose que « faire une expérience «. Faire une expérience, en physique, en biologie, c’est expérimenter, prouver par les faits, interroger méthodiquement des phénomènes pour vérifier une hypothèse.

-        En quoi les notions de théorie et d’expérience peuvent-elles faire l’objet d’une confrontation ?

-        Si une théorie est une vue de l’esprit, si elle obéit à une intention de vérité, de connaissance, doit-elle pour y satisfaire s’appuyer sur l’expérience, sur les données du vécu ou de l’observation ? Ces données sensibles sont-elles un fondement, un critère, un simple matériau ou un obstacle pour la théorie ? La théorie doit-elle, au contraire, s’en détourner ou les dépasser ? L’expérience doit-elle être contredite ou dépassée ? Constitue-t-elle un obstacle fondamental à l’élaboration d’une authentique connaissance – la connaissance scientifique – ou bien est-elle un appui nécessaire à l’élaboration de cette connaissance rationnelle ?

-        En clair, l’expérience est-elle la source exclusive de la connaissance ? Quelle correspondance, en somme, s’établit-il entre la théorie et l’expérience dans la constitution de la connaissance en général, du savoir scientifique en particulier ?

-        Comment donc l’esprit connaît-il ? Qu’est-ce précisément que la connaissance ? La question des rapports entre la théorie et l’expérience nous renvoie du côté d’une réflexion sur le fondement de la connaissance. Qu’est un savoir véritable ?  N’y a – t – il pas différents modes ou degrés de la connaissance ? Peut-on d’ailleurs définir un critère de démarcation au moyen duquel il serait loisible de reconnaître les connaissances véritables (la connaissance scientifique, par exemple) et leurs faux-semblants ? Que pouvons-nous au juste savoir ? Quelles sont les possibilités et les limites de notre faculté de connaître ?

-        Ce qui est finalement en jeu, c’est la nature et la valeur même de la connaissance scientifique. Qu’est-ce qui spécifie la connaissance scientifique au regard d’autres formes de connaissance ? Le savoir scientifique est-il, en définitive, le modèle de la connaissance ?

Liens utiles