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Critique de la morale kantienne

Publié le 19/02/2004

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morale
L'homme qui ment fait en sorte qu'aucune déclaration n'ait de crédit. Ainsi il porte atteinte à la finalité interne de communicabilité et fait perdre à tous les droits, qui sont fondés sur des contrats, leur force. Même si le mensonge ne nuit pas à un homme particulier, il nuit à l'humanité en général. A quoi il faut ajouter qu'on ne peut jamais prévoir les conséquences de ses actes. Supposons, par exemple, que mon ami, voyant les assassins diriger leurs pas vers la maison, décide de s'enfuir à mon insu. En affirmant qu'il est sorti alors que je le crois à l'intérieur de la maison, j'exprime le contraire de ce que je pense, mais je dis la vérité ce qui est. Mon mensonge « bienveillant » peut ainsi mettre les assassins sur les traces de mon ami et être  cause de sa mort.  Mais suis-je vraiment responsable ? le meurtre de cet homme n'est-il pas la faute des meurtriers ? Le fait que l'accomplissement  d'un devoir en entraîne  des conséquences désastreuses n'est-il pas imputable à quelqu'un d'autre ?
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« sont, il n'y a pas moyen de faire les deux actions en même temps.

Autrement dit, s'il reste auprès de sa mère, lejeune homme ne peut pas dire qu'il se trompait en pensant que s'engager dans les Forces Françaises Libres était une chose qu'il devait faire.

Il peut même continuer à penser cela rétrospectivement et, partant, avoir des regrets.Suivre un des devoirs, dans un conflit moral, n'entraîne pas que l'autre devoir n'a aucune pertinence. 4] Nietzsche et la méthode généalogique : un renversement desvaleurs.

La dénonciation nietzschéenne des prétentions de la conscience às'ériger en lieu ultime d'émergence du devoir prend la forme d'une analyse« généalogique » consistant à soumettre le principe d'obligation à une analyse régressive qui, en démasquant l'origine cachée des valeurs morales, en récusele caractère d'a priori, et peut ainsi dénoncer le dogmatisme de la moralekantienne dans sa définition de l'impératif catégorique affecté d'une valeurabsolue, universelle et nécessaire.Nietzsche s'efforce de montrer que chaque morale constitue une « table des valeurs », un système axiologique dont l'enquête généalogique permet de manifester les soubassementsinstinctifs, cad les structures existentielles constitutives d'un « type » d'homme et de vie, ascendant ou décadent.

Les véritables sources de la moralité se révèlent ainsi infra-rationnelles.La conscience morale ne fait qu'exprimer, tout en les dissimulant, les tendances profondes denotre pulsionnalité organique.

La normativité constitutive de l'exigence morale n'est pas, commel'avait cru Kant , l'a priorité de la raison pratique, mais bien plutôt la valorisation immanente de l'acte même d'exister.La méthode généalogique permet ainsi de découvrir derrière la raison pratiqueune fonction des instincts qui, selon leur propre orientation, définissent destypes d'hommes ou de cultures différents, animés par la peur ou le désir. L'analyse rend compte de la diversité des morales, tout en en démasquant le mobile profond : « il y a des morales qui sont destinées à justifier leur auteur aux yeux d'autrui ; d'autres à l'apaiser et à le réconcilier avec lui-même ;d'autres lui servent à se crucifier et à s'humilier ; d'autres à exercer sa vengeance, d'autres à se déguiser, d'autresà se transfigurer, à se transposer dans une sphère élevée et lointaine [...] Bref, les morales elles aussi sont uneséméiologie des passions » (« Par-delà le bien et le mal », $187). Dans ces conditions, le philosophe devra rompre résolument avec « l'illusion du jugement moral ».

Se placer « par- delà bien et mal » consiste à prendre acte qu' « il n'y a pas du tout de faits moraux » ; si bien que les jugements moraux ne valent que comme indices d'un certain type de « volonté de puissance », et qu'à ce titre ils permettent au moins d'identifier le type d'homme, et de vie, qui s'en réclament.

C'est pourquoi « le jugement moral ne doit jamais être pris à la lettre [...] La morale n'est que le langage des signes, une symptomatologie » (« Crépuscule des idoles »). Chaque morale correspond à un certain type de vie dont elle est l'expression et, pour ainsi dire, le « symptôme ». « J'appelle « morale » un système de jugements de valeur qui est en relation avec les condition d'existence d'unêtre ».

Ainsi devient-il possible d'établir une stricte corrélation entre un certain type de morale et un certain type d'homme : « Dans quelles conditions l'homme s'est-il inventé à son usage ces deux évaluations : le bien et le mal ? Et quelle valeur ont-elles par elles-mêmes ? Ont-elles jusqu'à présent enrayé ou favorisé le développement del'humanité ? Sont-elles un symptôme de détresse, d'appauvrissement vital, de dégénérescence ? Ou bien trahissent-elles, au contraire, la plénitude, la force, la volonté de vivre, le courage, la confiance en l'avenir de la vie ? » (« Généalogie de la morale », avant-propos). La généalogie ne vise donc pas seulement, selon une démarche purement descriptive, à déterminer l'origine desvaleurs, mais aussi, et surtout, par l'exhumation des tendances instinctives qui se dissimulent derrière elles, àapprécier la valeur de l'origine.

La méthode ne fait ici que suivre les injonctions de l'hypothèse fondamentale deNietzsche , pour qui les déclamations morales ne font que proclamer, en les sublimant, les exigences profondes de la vie organique.

Le référent ultime de l'enquête généalogique est donc constitué par la vie, l'instinct vital, un instinctde puissance et de conquête, mais aussi de création et d'affirmation de soi.

Nietzsche nomme cette dernière « volonté de puissance » : « l'essence la plus intime de l'Etre est la volonté de puissance ».

Cette volonté de puissance peut se manifester selon une double orientation : ou comme créatrice, exaltant la vie, elle est alorsvolonté forte, ascendante, caractéristique des « forts » ; ou bien comme volonté négative, animée par le ressentiment ou la haine contre la vie, volonté de nuire et de dégrader tout ce qui participe de l'affirmation vitale.Elle est alors volonté de puissance faible, signe d'une âme esclave, décadente.L'affirmation de la vie, qui est la seule réalité, selon cette double polarité, se substitue ainsi à la dichotomie du bienet du mal, et à affirmation dogmatique de valeurs universelles.

La vie est la seule réalité ; il n'existe en vérité nibien ni mal, ni valeurs proprement universelles.

En ce sens, la morale n'est qu'une invention des faibles qui,incapables de triompher des forts sur le terrain de l'affirmation de soi, tentent pourtant de l'emporter dans l'histoirepar la promulgation de règles morales flétrissant la vie, la force, les valeurs de la « grande santé ».

« Qu'est-ce à proprement parler que la morale ? L'instinct de la décadence : ce sont les hommes épuisés et déshérités qui decette façon se vengent et se comportent en maîtres » (« VdP », II, 129).

Les faibles tentent ainsi de triompher des forts, qui sont eux-mêmes au-delà du bien et du mal, et se définissent par des valeurs aristocratiques,individualistes, guerrières.

La morale, qui se détermine à partir des catégories du bien et du mal, est ainsi « une idiosyncrasie de décadents guidés par l'intention cachée de se venger de la vie. » (« Ecce homo »). Partant, le sens de la méthode généalogique se trouve précisé : il s'agit moins de remonter à une hypothétique. »

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