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cule la plus petite de matière comme dans le plus gros animal.

Publié le 29/06/2013

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cule la plus petite de matière comme dans le plus gros animal. S'il y avait, dit-il, du péril à accorder aux molécules de la matière quelques degrés d'intelligence, ce péril serait aussi grand à les supposer dans un éléphant ou dans un singe, qu'à les reconnaître dans un grain de sable 161. Ici le Philosophe de l'Académie d'Erlang emploie les derniers efforts pour écarter de lui tout soupçon d'Athéisme ; et il est évident qu'il ne soutient son hypothèse avec quelque chaleur que parce qu'elle lui paraît satisfaire aux phénomènes les plus difficiles, sans que le Matérialisme en soit une conséquence 162. Il faut lire son Ouvrage, pour apprendre à concilier les idées philosophiques les plus hardies avec le plus profond respect pour la Religion 163. Dieu a créé le monde, dit le Docteur Baumann ; et c'est à nous à trouver, s'il est possible, les lois par lesquelles il a voulu qu'il se conservât, et les moyens qu'il a destinés à la reproduction des individus. Nous avons le champ libre de ce côté ; nous pouvons proposer nos idées ; et voici les principales idées du Docteur. L'élément séminal extrait d'une partie semblable à celle qu'il doit former dans l'animal ; sentant et pensant, aura quelque mémoire de sa situation première ; de là, la conservation des espèces, et la ressemblance des parents 164 . II peut arriver que le fluide séminal surabonde ou manque de certains éléments, que ces éléments ne puissent s'unir par oubli, ou qu'il se fasse des réunions bizarres d'éléments surnuméraires ; de là, ou l'impossibilité de la génération, ou toutes les générations monstrueuses possibles 165. Certains éléments auront pris nécessairement une facilité prodigieuse à s'unir constamment de la même manière ; de là, s'ils sont différents, une formation 166 d'animaux microscopiques variée à l'infini ; de là, s'ils sont semblables, les polypes, qu'on peut comparer à une grappe d'abeilles 167 infiniment petites qui, n'ayant la mémoire vive que d'une seule situation, s'accrocheraient et demeureraient accrochées selon cette situation qui leur serait la plus familière. Quand l'impression d'une situation présente balancera ou éteindra la mémoire d'une situation passée, en sorte qu'il y ait indifférence à toute situation ; il y aura stérilité : de là, la stérilité des Mulets 168. Qui empêchera des parties élémentaires intelligentes et sensibles de s'écarter à l'infini de l'ordre qui constitue l'espèce ? de là, une infinité d'espèces d'animaux sortis d'un premier animal ; une infinité d'Êtres émanés d'un premier Être ; un seul acte dans la Nature '69. Mais chaque élément perdra-t-il, en s'accumulant et en se combinant, son petit degré de sentiment et de perception ? nullement, dit le Docteur Baumann. Ces qualités lui sont essentielles. Qu'arrivera-t-il donc ? le voici : De ces perceptions d'éléments rassemblés et combinés, il en résultera une perception unique, proportionnée à la masse et à la disposition ; et ce système de perceptions dans lequel chaque élément aura perdu la mémoire du soi et concourra à former la conscience du tout sera l'âme de l'animal. Omnes elementorum per- ceptions conspirare, et in unam fortiorem et magis perfectam perceptionem coalescere videntur. Haec forte ad unamquamque ex aliis perceptionibus se habet in eadem ration qua corpus organisatum ad elementum. Elementum quodvis, post suam cum aliis copulationem, cum suam perceptionem illarum perceptionibus confudit, et sui CONSCIENTIAM perdidit, primi elementorum status memoria nulla superest, et nostra nobis Origo omnino abdita manet * 10. C'est ici que nous sommes surpris que l'Auteur ou n'ait pas aperçu les terribles conséquences de son hypothèse 171 ; ou que, s'il a aperçu les conséquences, il n'ait pas abandonné l'hypothèse. C'est maintenant qu'il faut appliquer notre méthode à l'examen de ses principes. Je lui demanderai donc si l'Univers ou la collection générale de toutes les molécules 172 sensibles et * Voyez à la position LII, et à la page 78, ce morceau ; et dans les pages antérieures et postérieures, des applications très fines et très vraisemblables des mêmes principes à d'autres phénomènes. pensantes forme un tout, ou non. S'il me répond qu'elle ne forme point un tout ; il ébranlera d'un seul mot l'existence de Dieu, en introduisant le désordre dans la nature, et il détruira la base de la philosophie, en rompant la chaîne qui lie tous les êtres. S'il convient que c'est un tout où les éléments ne sont pas moins ordonnés que les portions, ou réellement distinctes, ou seulement intelligibles, le sont dans un élément, et les éléments dans un animal, il faudra qu'il avoue qu'en conséquence de cette copulation universelle, le Monde, semblable à un grand Animal, a une âme ; que, le Monde pouvant être infini, cette âme du Monde, je ne dis pas est, mais peut être un système infini de perceptions, et que le Monde peut être Dieu 173. Qu'il proteste tant qu'il voudra contre ces conséquences, elles n'en seront pas moins vraies ; et quelque lumière que ses sublimes idées puissent jeter dans les profondeurs de la Nature, ces idées n'en seront pas moins effrayantes. Il ne s'agissait que de les généraliser pour s'en apercevoir. L'acte de la généralisation est pour les hypothèses du Métaphysicien ce que les observations et les expériences réitérées sont pour les conjectures du Physicien 174. Les conjectures sont-elles justes ? Plus on fait d'expériences, plus les conjectures se vérifient. Les hypothèses sont-elles vraies ? Plus on étend les conséquences ; plus elles embrassent de vérités, plus elles acquièrent d'évidence et de force. Au contraire, si les conjectures et les hypothèses sont frêles et mal fondées ; ou l'on découvre un fait, ou l'on aboutit à une vérité contre laquelle elles échouent. L'hypothèse du Docteur Baumann développera, si l'on veut, le mystère le plus incompréhensible de la Nature, la formation des animaux, ou plus généralement, celle de tous les corps organisés ; la collection universelle des phénomènes et l'existence de Dieu seront ses écueils. Mais quoique nous rejetions les idées du Docteur d'Erlang, nous aurions bien mal conçu l'obscurité des phénomènes qu'il s'était proposé d'expliquer, la fécondité de son hypothèse, les conséquences surprenantes qu'on en peut tirer, le mérite des

« Quand l'impression d'une situation présente balan- cera ou éteindra la mémoire d'une situation passée, en sorte qu'il y ait indifférence à toute situation ; il y aura stérilité : de là, la stérilité des Mulets 168 .

Qui empêchera des parties élémentaires intelligentes et sensibles de s'écarter à l'infini de l'ordre qui cons- titue l'espèce ? de là, une infinité d'espèces d'animaux sortis d'un premier animal ; une infinité d'Êtres émanés d'un premier Être ; un seul acte dans la Nature ' 69 .

Mais chaque élément perdra-t-il, en s'accumulant et en se combinant, son petit degré de sentiment et de perception ? nullement, dit le Docteur Baumann.

Ces qualités lui sont essentielles.

Qu'arrivera-t-il donc ? le voici : De ces perceptions d'éléments rassemblés et combinés, il en résultera une perception unique, pro- portionnée à la masse et à la disposition ; et ce système de perceptions dans lequel chaque élément aura perdu la mémoire du soi et concourra à former la conscience du tout sera l'âme de l'animal.

Omnes elementorum per- ceptions conspirare, et in unam fortiorem et magis per- fectam perceptionem coalescere videntur.

Haec forte ad unamquamque ex aliis perceptionibus se habet in eadem ration qua corpus organisatum ad elementum.

Ele- mentum quodvis, post suam cum aliis copulationem, cum suam perceptionem illarum perceptionibus confudit, et sui CONSCIENTIAM perdidit, primi elementorum status memoria nulla superest, et nostra nobis Origo omnino abdita manet * 10 .

C'est ici que nous sommes surpris que l'Auteur ou n'ait pas aperçu les terribles conséquences de son hypothèse 171 ; ou que, s'il a aperçu les conséquences, il n'ait pas abandonné l'hypothèse.

C'est maintenant qu'il faut appliquer notre méthode à l'examen de ses principes.

Je lui demanderai donc si l' Univers ou la col- lection générale de toutes les molécules 172 sensibles et * Voyez à la position LII, et à la page 78, ce morceau ; et dans les pages antérieures et postérieures, des applications très fines et très vraisemblables des mêmes principes à d'autres phénomènes.. »

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