democratie

La démocratie est-elle le meilleur régime politique actuel ? « La démocratie c'est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. «.Cette phrase prononcée par Périclès puis repris plus tard par Abraham Lincoln met bien en évidence la caractéristique principale de tout système démocratique. En effet, la démocratie est un système politique ou une forme de gouvernement dans lequel la souveraineté appartient au peuple. Dans un tel système, le peuple gouverne directement (démocratie directe) ou par l'intermédiaire du gouvernement qu'il a choisi d'établir (démocratie représentative). Conçue par les Grecs de l'antiquité, la notion de démocratie a connu de profondes évolutions, donnant lieu à des expériences politiques très différentes au cours des siècles et de par le monde. Mais elle est bien loin d'être le seul système politique au monde. En effet, il en existe d'autres tels que les régimes totalitaires, autoritaires, militaires... Il faut différencier république et démocratie. En effet, une république est une forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir et la puissance ne sont pas détenus par un seul homme et dans lequel le chef de l'État n'est pas héréditaire. La république n'induit donc pas forcément la démocratie, de même qu'il existe des régimes démocratiques non républicains (exemple de la Belgique, l'Espagne, le Danemark, la Royaume-Uni, la Suède...). Nous pouvons nous demander alors: La démocratie est-elle le meilleur régime politique actuel ? Nous essaierons de répondre à cette question en étudiant dans un premier temps les principales caractéristiques d'une démocratie (I) et dans un second mouvement nous verrons les différentes critiques émises à l'encontre de ce système politique (II). I- Les principales caractéristiques d'une démocratie Les principales caractéristiques d'une démocratie sont d'une part l'égalité politique et l'égalité devant la loi (1), d'autre part, la liberté d'expression (2) et enfin la séparation des pouvoirs (3). 1-Egalité politique et Égalité devant la loi La souveraineté peut se définir comme la détention de l'autorité suprême c'est-à-dire d'un pouvoir absolu. Dans les régimes despotiques, la souveraineté est le plus souvent détenue par un seul homme. Dans les démocraties celle-ci est détenue par le peuple, regroupé en un seul corps politique, la nation. On peut donc parler dès lors de souveraineté nationale. Le principe de la souveraineté est clairement visible dans l'article 3 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789 « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément «. La souveraineté est donc détenue par un être collectif et indivisible, elle appartient à tous les citoyens mais elle doit être déléguée à des représentants élus dont les décisions correspondent à la volonté générale du peuple. Cette souveraineté se caractérise par exemple par le droit de vote. Dans un pays démocratique, tous les citoyens (sans distinction de sexe, de capacité, de fortune) ont le pouvoir souverain et peuvent exprimer leur volonté par le vote selon le principe « un Homme une voix «. C'est le suffrage universel qui fonde la souveraineté du peuple dans un régime démocratique. Tous le monde ne peut bien sûr pas exercer le droit de vote. En effet, il existe quelques limitations telles que la nationalité, l'âge, les majeurs en tutelle, l'inscription sur les listes électorales. En France, ce n'est qu'en 1946 que les femmes ont obtenu le droit de vote, mais ce n'est toujours pas le cas dans certains pays. En effet, par exemple en Arabie Saoudite le droit de vote aux femmes n'a toujours pas été accordé. Elles n'ont pas eu le droit de voter lors de leur premières élections municipales en février 2005. Les citoyens bénéficient également d'une égalité devant la loi. En effet, dans un même territoire, les citoyens doivent être juger sans distinction de race, de sexe. Ils doivent être tous soumis à la même loi et les juges doivent l'appliquer de la même façon pour l'ensemble de la population. Mais comme l'égalité politique, l'égalité devant la loi n'est pas toujours présente dans certains pays; c'est le cas par exemple en Afrique du Sud où le prix Nobel de la paix estime que les populations laissées pour compte du développement économique risquent de se rebeller violement. La population blanche méprise la population noire en Afrique du sud bien que cette dernière soit plus présente sur le territoire (75% de personnes noires contre seulement 25% de personnes blanches). Ils ne sont donc pas égalitaires devant la loi étant donné qu'il sont exclus. 2- La liberté d'expression La liberté d'expression est une liberté fondamentale de l'Homme « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. « (article 19 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen). Elle va de pair avec la liberté d'information, la liberté de la presse. Le droit de vote découle également de la liberté d'expression. Dans un pays démocratique, les citoyens ont la possibilité de se mettre en groupe pour atteindre des objectifs communs par le biais de manifestations, grèves... Ils ont le droit de défendre leurs intérêts ensemble. S'il n'y avait pas de liberté d'expression, l'action collective serait impossible. Celle-ci est une chance pour la démocratie car c'est un moyen pour la population de s'exprimer en dehors du vote (dans lequel on se contente seulement de voter mais on ne propose rien). En se regroupant, on agit sur la politique en faisant connaître ce que l'on souhaite. La liberté d'expression est souvent la première liberté supprimée dans les régimes totalitaires qui censurent les médias et font de la propagande. Ceux-ci ne laissent aucune possibilité au peuple de s'exprimer librement et de faire connaître leurs différents opinions. Les régimes totalitaires n'avaient également pas différents partis politiques comme toutes les démocraties. Dans le système démocratique, le citoyen a le choix entre divers partis politiques. Il n'y a pas de démocratie sans élection et pas d'élections libres sans une pluralités de partis. Les citoyens ont donc le choix de voter pour le partis qui lui convient le plus alors que dans les régimes totalitaires il n'y avait qu'un seul et unique parti. L'exemple de nos jours le plus surprenant est celui de la Chine. En effet, la Chine est peu friande de liberté d'expression. On croyait qu'Internet avait été un pas en avant pour ses habitants mais il n'en est rien. Pour les chinois, trouver des informations contestataires sur Internet est devenu très difficile et risqué. En effet, le gouvernement « socialiste « a fait signer plusieurs sociétés, comme par exemple Yahoo, des accords, afin que ceux-ci s'autocensure. 3- La séparation des pouvoirs La séparation des pouvoirs est également un des principes de base de la démocratie. Elle consiste en la séparation des trois pouvoirs qui constituent l'État: le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. La fonction d'édiction des règles générales constitue la fonction législative, la fonction d'exécution de ces règles relève de la fonction exécutive, la fonction du règlement des litiges constitue la fonction juridictionnelle. Le pouvoir législatif est donc exercé par des assemblées représentatives, le pouvoir exécutif est détenu par le chef de l'État et par les membres du gouvernement et le pouvoir judiciaire revient aux juridictions. L'objectif assigné par Montesquieu à cette théorie est d'aboutir à l'équilibre des différents pouvoirs « Pour qu'on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir. « L'article 16 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen affirme que « Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution «. La séparation des pouvoir apparaît donc comme une condition indispensable de la protection des droits naturels de l'Homme. Le contrôle mutuel qu'exerce les trois pouvoirs les uns envers les autres préservent des atteintes à ses droits fondamentaux. Même si la démocratie semble être d'après ses caractéristiques un régime politique respectant les droits de l'Homme et donnant aux citoyens le pouvoir de participer à la vie politique de son pays, celle-ci se voit tout de même critiquée. II- les différentes critiques émises à l'encontre de la démocratie En effet, depuis des siècles, la démocratie se voit critiquée. L'idée de démocratie apparaîtrait contradictoire (1), pour Platon et Bertolo Amedeo, elle serait synonyme d'anarchie (2), et enfin selon Tocqueville elle prônerait une égalité qui nuirait à la liberté (3) . 1- Une idée de démocratie apparaissant contradictoire Le régime démocratique semble donner la possibilité au peuple de se gouverner lui-même directement en ce qui concerne les lois générales mais aussi en ce qui concerne leur application particulière dans les domaines exécutif et judiciaire. La définition prônée par tout le monde de la démocratie est « tous les pouvoirs au peuple sur le peuple «; Or, cette prétention est soumise à une critique sur trois points: D'une part, le peuple est divisé en conflit de valeur et d'intérêts incompatibles. On le voit dans toute société même démocratique: les riches contre les pauvres, les dominants contre les dominés selon une hiérarchie nécessaire à tout ordre social, les puissants contre les faibles... D'autre part, le peuple, dans sa majorité est constitué d'ignorants de la chose publique et des nombreuses exigences qu'elle implique. Il ne peut donc pas être raisonnable étant donné les opinions qui s'opposent entre elles en son sein. Celles-ci sont toujours personnelles donc passionnelles et donc aveugles à l'intérêt général. Enfin, le peuple est dans l'incapacité de se réunir en un seul corps pacifique sauf sous la contrainte d'un pouvoir unificateur et il est contradictoire de faire que ce pouvoir puisse exercer cette autorité unificatrice et en même temps être soumis aux changements d'opinions et à la contestation permanente de cette autorité par les gens. Sans transcendance d'un pouvoir autonome fort, il ne peut exister de corps politique ordonné et encore moins de souveraineté populaire. 2- La démocratie synonyme d'anarchie selon Platon et Bertolo Amedeo Selon Platon, « Selon toute vraisemblance, aucun autre régime ne peut donner naissance à la tyrannie que la démocratie ; de la liberté extrême naît la servitude la plus complète et la plus terrible « (La République). En effet, il pense que la démocratie est l'un des plus mauvais régime car tout d'abord elle est incapable de faire régner la justice dans la cité. Il pense également que le peuple est par définition indigne de la politique. Ainsi la démocratie doit inévitablement se transformer en anarchie étant donné que si tout le monde légifère et commande alors personne ne détient vraiment l'autorité. Les vertus de discipline se perdent et sont donc remplacées par le désordre et l'indiscipline. Platon qualifie le peuple de « tyran en puissance « Selon lui, le peuple est capable de tout. Vu que la démocratie repose sur le principe de la souveraineté du peuple, l'anarchie en est la conséquence inéluctable et c'est pour cette raison qu'elle donne naissance à la tyrannie. La démocratie selon lui mène donc qu'au désordre et à l'immoralité. Bertolo Amedeo pense la même chose que Platon. En effet, pour lui, une démocratie au sens littéral ne peut être qu'une société sans État. Il pense que l'anarchie est la forme la plus accomplie de la démocratie. Il s'appuie sur les affirmations de Francesco Saverio Merlino qui avait écrit dans son testament « gouvernement de tous = gouvernement de personne « et sur une note manuscrite « démocratie = anarchie «. L'anarchie peut signifier société sans gouvernement ou bien encore sans État ou encore sans pouvoir. Selon eux, la démocratie peut être assimilée à cela. 3- Une égalité nuisant à la liberté selon Tocqueville Selon lui, la démocratie sous sa forme moderne nuit à la liberté qui pourtant en est le seul fondement. La démocratie s'auto corrompt, elle porte en elle le germe de sa propre destruction. Lors de son voyage en Amérique, il note qu'agit « la passion pour l'égalité «. En effet, il pense que la passion pour l'égalité pousse les hommes à vouloir être tous forts, elle tend à élever les petits au rang des grands. Il constate également que le progrès technique diffuse des connaissances et améliore les conditions de vie de la population. Il voit alors une certaine dynamique qui baisse les barrières entre les classes et permet de mettre les Hommes sur un même pied d'égalité. C'est ainsi que la démocratie sociale se développe et prend la forme d'une démocratie de droit se traduisant par l'abolition des privilèges héréditaires et par la liberté et l'égalité des individus face à la loi. La démocratie politique découle de ces progrès de la démocratie sociale. En effet, l'enrichissement et l'égalisation des conditions permettent de développer une opinion personnelle. Mais cette enrichissement et le désir d'une plus grande satisfaction matérielle ont tendance à produire des effets pervers. L'idée que toutes les opinions se valent détériore la qualité de la démocratie. De plus, la recherche de la liberté sans hiérarchie entre les Homme conduit à une certaine démagogie des politiciens qui promettent beaucoup et nivellent la société pour plaire à un maximum de citoyens. Pour finir, les citoyens ne recherchent seulement que le confort matériel et oublient de participer à la vie politique, qu'ils affaiblissent ainsi. Nous ne pouvons pas dire que la démocratie est un régime parfait, sans faille, mais nous pouvons penser que c'est tout de même le moins mauvais des régimes actuels étant donné qu'il respecte les droits de l'Homme donc les libertés individuelles, qu'il assure aux citoyens l'égalité politique et l'égalité devant la loi. C'est un régime au service des Hommes, il leur assure la protection, leur permet un pluralisme d'opinions et leur permet de participer activement à la vie politique de leur pays contrairement aux régimes par exemple totalitaires ou autoritaires qui sont totalement indifférents aux idées et opinions des citoyens et ne leur laissent aucune participation à la politique du pays. La démocratie est une ligne d'horizon politique, un idéal, vers lequel tendent des méthodes de gouvernement. Mais dans les faits, aucune démocratie n'est complètement démocratique car ce type de gouvernement suppose une honnêteté sans faille des forts vis-à-vis des faibles, la condamnation de tout abus de pouvoir.