Discutez ce jugement de Lamartine : « La poésie pleure bien, chante bien, mais elle décrit mal.»

Le sens de pleure bien est évident; il s'agit de la poésie lyrique qui chante les souffrances du poète, celle du Lac, du Vallon, de l'Automne, etc. Le sens de chante bien est déjà moins clair. Il s'agit de la poésie qui exprime les grandes aspirations de l'âme, religion, humanité, patriotisme, etc., et qui, selon Lamartine, ne peut être qu'une sorte de chant, non un exposé réfléchi comme le comprenait la poésie classique. Décrit mal a tout à fait besoin d'une explication, car on peut fort bien dire que « le Lac » décrit l'état d'âme de Lamartine. Lamartine veut dire évidemment -que la poésie s'adresse à la sensibilité et non à l'imagination, qu'elle ne peut pas nous faire voir avec précision des formes et des couleurs, des tableaux; elle évoquera l'impression que le poète éprouve devant ces tableaux, non ces tableaux eux-mêmes. Cette négation de la poésie pittoresque est le point essentiel de la discussion puisqu'on peut évidemment accorder à Lamartine que la poésie pleure bien et chante bien. Cette explication fera votre introduction.