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« elle demande à être jugée par ses oeuvres, c'est-à-dire par l'ordre et la liaison qu'elle met dans le système de nos connaissances, ou par le trouble qu'elle y sème et les conflits qu'elle suscite ».

Publié le 21/10/2012

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« elle demande à être jugée par ses oeuvres, c'est-à-dire par l'ordre et la liaison qu'elle met dans le système de nos connaissances, ou par le trouble qu'elle y sème et les conflits qu'elle suscite «. Métaphysiquement, à côté de cette doctrine de l'hypothèse, il y a chez Cournot une véritable doctrine de l'intelligibilité, de la rationalité progressive des choses : si la réalité absolue nous échappe, il n'en reste pas moins que nous pouvons « pénétrer graduellement dans l'intelligence du fond de réalité des phénomènes «. L'enchaînement des idées fondamentales, des mathématiques aux sciences de la vie, des sciences de la vie aux sciences sociales, suit un schéma en amande, une « polarité symétrique «; le domaine de la vie nous reste obscur, nous sommes envers lui sans moyens de représentation adéquats : aux deux extrémités, domaine de la mathématique et domaine du social, on peut « substituer le mécanisme calculé ou calculable à l'organisme vivant «. D'où la possibilité de tenir Cournot pour un des ancêtres de l'économie politique et de la sociologie modernes. Cependant, à la détermination des idées fondamentales échappe le sentiment religieux de l'homme, qui introduit un ordre individuel, irréductible à l'ordre universel : même retournement que le retournement kantien de la raison pure à la raison pratique. RENAN Joseph-Ernest (1823-1892) né à Tréguier, mort à Paris, est un Breton et un Breton qui a perdu la foi : telle est l'image d'Epinal. En fait, il symbolise le prestige inouï qu'eurent, pendant la seconde partie du siècle, la critique et l'histoire. Si Taine a dit les certitudes qui paraissent résulter d'une enquête historique sur l'esprit humain, Renan en a dit les grands doutes. Mais chez Renan, une personnalité « bretonne « qui oppose parfois l'intelligence à la volonté, donne d l'oeuvre une ambiguïté que les « partis « qui s'en sont réclamés n'ont pas toujours aperçue. De 1823 à 1845, il cherche, au travers d'une éducation catholique et séminariste, si la foi catholique résistera à la critique historique, critique dont il se donne les instruments en devenant hébraïsant, philologue, en lisant Hegel, Herder. Il se lie avec Berthelot qui l'initie à la méthode des sciences de la nature. Il a désormais en mains les éléments qui formeront le propos de son oeuvre : chercher, dans la religion, et dans la religion catholique, puisqu'elle semble à la fois la plus spirituelle et la plus répandue, la vérité relative qu'elle comporte et qui répond à une exigence de valeurs spirituelles, transmises par des hommes d'élite; chercher donc ce qui subsiste d'une spiritualité religieuse, une fois ses formes soumises à la critique de l'exercice, à la critique de la raison. On sait qu'en 1862 son cours à la chaire d'hébreu du Collège de France fut suspendu dès la première leçon : il avait parlé de Jésus « homme incomparable « (1863, La Vie de Jésus; 1866, Les Apôtres; 1869, Saint Paul). C'est, en effet, à Jésus qu'il s'attache, pour le montrer dans son milieu, dans son individualité historique : prophète doux et bon, assoiffé d'amour, qui porte le message de la civilisation juive à laquelle s'unit le monde occidental. Vision historique, mais aussi vision psychologique, d'un univers qui se découvre à lui-même au cours du développement historique. L'on retrouve, dans la controverse sur l'idée de nation, son spiritualisme, dans La Réforme intellectuelle et morale, où sont soulignés le rôle inéluctable et la responsabilité de l'élite, son pessimisme lucide. En 189o...

« soit reconnu au fait moral une spéci­ ficité dont la nature reste d'ailleurs obscure.

BELOT Gustave (1859-1929) dans ses Etudes de morale positive a lié étroitement la morale à la sociologie.

Il collabora au Nouveau Traité de Psychologie, de Georges Dumas.

NIETZSCHE Friedrich (1844-1900) (Voir page 280.) SIMMEL Georg (18s8-1918) sociologue, historien de la philosophie, puis métaphysicien, a eu deux préoccupa­ tions constantes, en dépit des orientations successives de sa doctrine : la logique de la connaissance historique et le dépasse­ ment moral des contradictions de la vie, qui déterminent à ses yeux la crise de l'homme moderne, condamné à l'incerti· tude et au relativisme.

La « sociologie formelle » de Simmel réduit la structure sociale aux éléments qui la composent : seule l'analyse des relations entre indi­ vidus permet de comprendre les mouve­ ments de masse.

Non qu'elle étudie chaque événement de la conscience indivi­ duelle ou qu'elle tente d'épuiser tous les rapports entre individus : projet irréali­ sable, auquel Simmel substitue la tra­ duction en catégories fondamentales (comme celles d'union et de désunion) de la multiplicité des rapports individuels.

L'analyse ne permettant pas d'atteindre la structure sociale en elle-même, il faut recourir à des relations intelligibles qu'éclairent les déterminations psycholo­ giques.

Car si la sociologie s'appuie sur la combinaison des éléments pour recom­ poser le macrocosme social, elle doit .finalement en appeler à des mêcanismes psychologiques pour rendre compte de « l'action réciproque » entre les individus.

Entre le souci de réduire les ensembles aux éléments et la difficulté d'expliquer l'inter-action des éléments par les phéno­ mènes de conscience, la sociologie for­ melle de Simmel ne cesse d'osciller, sans pouvoir achever l'analyse qui se voit ainsi condamnée à organiser les processus sociaux à l'aide des seuls concepts.

La même représentation atomiste préside à la théorie simmélienne de l'histoire : la bataille de Marathon n'est que la somme de la multiplicité irifinie des actes de chacun des combattants.

Pour connaître sans faille cette victoire, il faudrait pou­ voir épuiser l 'énumération de toutes les forces individuelles qui y ont pris part.

Gestes et actes sont trop singuliers pour nous être accessibles, trop variés et com­ plexes les sentiments : dans l'indéfini morcelage des faits, nous ne pouvons saisir la victoire de Marathon que comme un ensemble fictif, artificiellement arra­ ché à la durée de la vie pour prendre place dans le devenir de l'histoire, et plus pré­ cisément dans celui de l'historien.

L'his­ toire ne connaît pas de fait pur et l' histo­ rien est d'autant plus profondément engagé dans l'a priori, qu'il appartient lui­ même à la durée dont il veut être le chro­ niqueur.

Le passé ne se transforme en histoire que grâce à « l'information » subie par l'historien.

Si l'histoire réelle n'est accessible qu'à la faveur de concepts étrangers aux faits et si la connaissance que nous en prenons est diformée par « l'historicité » même de l'historien, la science du passé exclut toute vérité supra­ historique.

Le relativisme de Simmel se difend pourtant de mener au scepticisme : l'absence de vérité historique est le signe du divorce de l'esprit et de la vie, qu'il appartient en dernier ressort aux individus de surmonter.

Mais la Philosophie de 1 'Argent accentue encore le caractère irréductible et métaphysique de ce divorce qui « enracine » l'homme moderne, tou­ jours plus écrasé par les œuvres collectives, dans une situation tragique : la vie ne cesse de créer des œuvres qui s'insurgent contre la vie.

Sous l' irifluence de Bergson, la dernière philosophie de Simmel s'est efforcée de fonder un concept de vie capable de réconcilier l'évolution créa­ trice avec l'esprit : orientation irration­ naliste qui, pas plus que la tentative critique en sociologie et en histoire, n 'a pu surmonter ses contradictions.

Georg Simmel est l'auteur de : Einlei­ tung in die Moralwissenschaften ( 1890) ; Die Probleme der Geschichts­ philosophie ( 1892) ; Philosophie des Gel des ( 1 900) ; traduction en fran­ ;ais d'œuvres choisies sous le titre : Mélanges de Philosophie relati­ viste (1912).

(P.H.) TROETSCHL Ernst (1865-1923) De la critique kantienne pouvait surgir un subjectivisme, qui infirme, à la racine, toutes nos représentations; mais dans la mesure où le criticisme kantien définissait la connaissance objective, formellement, par son universalité et sa nécessité, le monde du normatif, des valeurs était introduit dans la connaissance elle­ même : telle a été l'interprétation du néo-kantisme de Windelband, auquel se rattache, pour une part, la pensée de Troetschl.

Pour Windelband, le vrai doit être pensé, au même titre que le « bon » doit être fait et le « beau >> apprécié; la tâche philosophique consiste à discerner ces trois valeurs normatives, dont l'ensemble constitue la « culture » humaine; Troetschl, au même titre que Windelband, aborde chaque problème et, en premier lieu, le problème religieux, sous le rapport de la nécessité au sein d'une économie de la conscience.

« Essence de la religion » qui, ainsi que deux et deux font quatre, relève d'un a priori aussi rationnel et contraignant.

Si Dieu est Dieu, il n'est pas moins Dieu dans le domaine de la vie spontanée de l'âme que dans le monde de la raison, monde soumis aux vicissitudes historiques et à l'apparition de personnalités.

Dans Der Historismus und seine Probleme ( 192 1), il ne s'agit plus de saisir le phénomène historique dans sa nécessité, et dans le rapport qu'il peut entretenir avec des valeurs logiques déterminées, mais de situer l'historique dans ce qu'il a, à la fois, de contingent dans ses manifestations parcellaires et de néces­ saire dans ses manifestations d'ensemble, en rapport avec des « valeurs de culture »; ainsi l'hellénisme, le germanisme sont-ils des « totalités individuelles » inexpli­ cables si l'on veut les saisir par compo- sition d'éléments antécédents.

L'histoire ne se saisit pas à l'aide de mécanismes causals, mais par l'appréhension d' « uni­ tés de devenir ».

Ernst Troetschl est aussi l'auteur de : Die Absolutheit des Christentums (1901).

LAMARCK Jean-Baptiste, Pierre, Antoine de MONET, chevalier de ( 1744-1 829) Né à Barentin, mort à Paris.

On réunit et on oppose Darwin et Lamarck : cin­ quante ans les séparent et ils ne se con­ fOivent pas l 'un sans l 'autre; à l 'origine du transformisme, un même postulat : une variation individuelle peut être consi­ dérée comme l'origine d'une transforma­ tion de l'espèce.

En d'autres termes : l'hérédité d'une variation individuelle est admise comme un fait.

Sur le mode d'acquisition de ce caractère, Darwin se sépare de Lamarck.

Lamarck, bota­ niste avant que d'être zoologiste, recon­ sidère la notion de « série naturelle » qui, au xvm• siècle, conquiert biologistes et philosophes : série, qui non seulement permet une classification continue, mais encore permet une compréhension immé­ diate, intuitive, de la complexité du réel; d'autre part, il renverse le rapport indi­ vidu-espèce, qu'avait établi le fixisme de Cuvier, pour lequel le caractère rationnel de l'organisation d'une espèce était immuable dans le temps.

Lamarck cons­ tate des anomalies, une gradation irrégu­ lière dans l'organisation des animaux : atrophies, déplacements, développements inusités ( 1809, Philosophie zoolo­ gique); cette irrégularité, en contradic­ tion avec la marche régulière, sérielle, naturelle des choses, ne peut s'expliquer que par des modifications subies par les individus sous l'influence du milieu, et transmises par hérédité.

Sur les végétaux, l'action du milieu est directe : comme le montre le ranunculus aquatilis, à la morphologie amphibie.

Sur les animaux, l'action moins directe du milieu s'effectue à l'aide d'une chaîne de besoins, d'habi­ tudes : la fonction crée l'organe.

Lt milieu est producteur d'anomalies, l'ha­ bitude est conservatrice de ces anomalies, l'organisme a une structure de caractère adaptatif et non plus une forme ration­ nelle, éternelle, la meilleure possible.

Voilà pourquoi on a pu parler d'un certain esprit téléologique du lamarckisme.

Ce qui importe, c'est que, dès la fin du XVIIIe siècle, ait été introduite, dans une science de la nature (la biologie), qui oubliait souvent la dimension temporelle qu'implique toute science de la vie, l'histoire, de l'individu ou de l'espèce, et qu'elle devienne, sinonfacteur d'expli­ cation, du moins facteur de compréhen­ sion.

DARWIN Charles-Robert (18o9-1882) Né à Shrewsbury, mort à Down (Kent).

Le darwini rme se définit par trois notions : la variation utile, la sélection naturelle, la survivance des plus aptes.

Trois notions qui proviennent d'un nombre considérable d'observations et de la méditation de l'Essai sur le principe de la population de Malthus.

De 1831 à 1836, une croi-. »

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