En quel sens peut-on dire que la parole est un pouvoir ?
Publié le 27/02/2008
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• Y a-t-il lieu ici de distinguer — à la manière de Saussure — parole, langage et langue ? Il convient — de toute façon — de préciser en quel(s) sens on entendra « la parole «. • Ne pas oublier que ce qui est en cause ici, ce n'est pas de savoir si oui ou non « la parole est un pouvoir «, mais de nous interroger en quel sens on peut le dire. C'est important, notamment lorsqu'il s'agira par-delà les premières recherches et réflexions, de composer la dissertation. • Dans la mesure (à préciser) où le langage intervient dans la mise en oeuvre de la pensée abstraite et que celle-ci est un moyen de pouvoir sur la nature, dans quelle mesure (et en quel sens) peut-on dire que la parole est un instrument de domination, un pouvoir ? • La parole comme instrument de domination sur les autres ? • La parole dans la cure psychanalytique ? Pouvoir sur soi ? sur autrui ? Instrument de domination ? (sur qui ? sur quoi ? en quoi ?) • N'y a-t-il pas lieu de distinguer avec soin ce qui peut relever de la maîtrise et ce qui peut relever de la domination ? • Les « prises de parole « à l'impératif peuvent-elles « agir «? (en quel(s) sens ?). • La « parole « poétique, du théâtre peut-elle « agir «? (en quel(s) sens ?). • La parole en tant que « formulation «, « mise en forme «, peut-elle « agir «? (en quel(s) sens ?). • La « parole « dans le dialogue, les rapports interpersonnels, peut-elle « agir «? (en quel(s) sens ?). • Les « tabous « linguistiques ne montreraient-ils pas que la parole peut « agir «? (en quel(s) sens ?). • La « cure psychanalytique « ne montrerait-elle pas que la parole peut « agir «? (en quel(s) sens ?).
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laquelle le sujet ne parvient que rarement à maîtriser son inconscient.
Dans tous les cas de figure, la psychanalyste nous montre que le lieu en lequel l'homme accède à sonhumanité est le lieu de l'ordre du Symbolique, c'est-à-dire de la culture formellement identique à l'ordre du langage.Mais, cet ordre du Symbolique peut être aussi le lieu où l'homme "rate" son humanité.
Ainsi, toute psychanalyse s'organise autour du langage, de la "maladie" à la "guérison" en un geste qui légitime l'intérêt que linguistes, analystes et anthropologues lui portent.
C'est dans "La science des Rêves" , cette "voie royale vers l'inconscient", que Freud pose clairement l'existence d'un autre langage que celui de la communication conventionnelle.
Le rêve est un rébus, c'est-à-dire unesuite de graphismes exprimant par homologie une phrase qu'il s'agit de retrouver.
Les rêves parlent, ils ont un sens.Bien loin d'être pur non-sens, ils possèdent une signification dont la structure est analogue à celle d'une phrasemutilée, tronquée, truquée et dont il importe de reconstituer l'enchaînement et la lecture cohérente. Freud découvre donc, en laissant dire le rêve, que le désir tend à s'y accomplir et qu'une "pensée" est possible sans le "je pense" cartésien ou kantien.
Bien plus, les rêves obéissent à des règles de transformation comparables aux règles de la rhétorique: tout objet, personne ou thème peut en condenser plusieurs autres.
Par ailleurs, l'essentiel est généralement déplacé vers une situation accessoire comme un détail infime peut porter lemot-clef.
Le rêve se présente comme un récit manifeste, parfois fort embrouillé mais toujours réputé interprétable.
Condensation, déplacement, transposition sont donc les termes-clés qui ponctuent l'élaboration d'uneinterprétation des rêves.
Le contenu manifeste est une transcription, une traduction dans une autre langue ducontenu latent.
Si le rêve a la structure d'une phrase, c'est qu'il s'y passe des transformations: on y traduit desidées en figures, on y saisit du sens dans un détournement, on y lit la vérité quand elle se cache dans le mensonge.Ainsi, l'analyste des rêves réside dans le décryptement des réseaux de mots, d'allusions, de références, réseaux quimanifestent ainsi l'existence d'une véritable "logique de l'inconscient" (bien qu'elle obéisse à d'autres règles que celle de la veille: en particulier, elle n'obéit pas aux principes de non-contradiction ou de temporalité des séquences.
Enfin, toutes les perturbations du langage normal sont des indices qui renvoient au fonctionnement del'autre langage.
Lapsus, oublis traduisent à leur manière une perturbation dans la chaîne de l'inconscient; ainsi del'oubli d'un mot: à la place du rapport normal signifiant/ signifié surgit un autre signifiant qui symbolise le refoulementd'un signifié interdit ou allusif.
De même, le lapsus montre qu'un intrus apparaît dans la chaîne signifiante et traduit-trahit un voeu, un conflit, une angoisse; le jeu dans le langage permet de découvrir une fissure révélantl'inconscient.
S'il y a un plaisir des jeux de mots, l'expression est à comprendre à la lettre: le jeu avec les motsprocure du plaisir parce que, enfants, nous avons eu la liberté de jouer avec les mots et d'en jouir.
Il y a donc dansle jeu de mots, comme du reste dans le fantasme ou l'oeuvre de fiction, une manière de rejouer, de répéter et detravestir des jouissances perdues.
L'adulte civilisé ne connaît plus guère que deux lieux où souffle encore la liberté du non-sens, où lesinterdits que la logique nous inflige peuvent être levés et où l'inconscient vient tirer les ficelles du langage: l'humouret l'art.
Aussi le rapport thérapeutique est-il d'emblée un rapport de dialogue entre l'analysé et l'analysant: ilcommence par le silence, ce point où la parole bute, il se termine lorsque, au-delà de la relation transférentielle, unsujet a reconquis la possibilité de s'adresser à d'autres sujets au sein du langage considéré comme constituant.Selon l'expression de Lacan: "le sujet commence l'analyse en parlant de lui sans vous parler à vous ou en parlant à vous sans parler de lui.
Quant il pourra vous parler de lui, l'analyse sera terminée".
Langage travesti, dissimulé dans la véhémence du discours, Freud rencontre la difficile question dusymbole.
Le terme de symbolique (utilisé par Lacan à la suite de Levi-Strauss ) tend à désigner l'ordre humain du langage inhérent à la culture.
L'activité langagière est essentiellement symbolique, c'est-à-dire exprimant et constituant laréalité par des mots, des symboles.
Aussi, le sujet humain s'insère dans un ordre pré-établi.
Toutefois, Freud se refusera à l'élaboration d'une symbolique universelle (qui conduira chez Jung à la théorie d'un inconscient collectif supra-sensible avec sa théorie des "archétypes" .
Il en restera à une thèse nuancée.
• N'y a-t-il pas lieu de distinguer avec soin ce qui peut relever de la maîtrise et ce qui peut relever de la domination?• Les « prises de parole » à l'impératif peuvent-elles « agir »? (en quel(s) sens ?).• La « parole » poétique, du théâtre peut-elle « agir »? (en quel(s) sens ?).• La parole en tant que « formulation », « mise en forme », peut-elle « agir »? (en quel(s) sens ?).• La « parole » dans le dialogue, les rapports interpersonnels, peut-elle « agir »? (en quel(s) sens ?).• Les « tabous » linguistiques ne montreraient-ils pas que la parole peut « agir »? (en quel(s) sens ?).• La « cure psychanalytique » ne montrerait-elle pas que la parole peut « agir »? (en quel(s) sens ?)..
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