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En quoi Fin de Partie est-elle une réflexion sur le temps?

Publié le 11/09/2006

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temps

Fin de Partie est une pièce de théâtre écrite en 1957 par l’auteur irlandais Samuel Beckett. C’est une œuvre à part entière, une réflexion intéressante sur des sujets essentiels, des questionnements sur lesquels l’Homme réfléchit depuis toujours. La mort, la solitude, l’ennui sont ainsi des thèmes abordés dans l’œuvre. Le temps est également un élément phare dans Fin de Partie. La pièce manifeste un seul acte, une action continue. Ainsi, la pièce fait coïncider le temps de la représentation avec le temps de l’action. La problématique s’inscrit dans le titre, et dans la structure même du texte. On peut ainsi se demandé en quoi Fin de Partie est une réflexion sur le temps.    La routine, l'ennui sont traités dans la pièce comme une fatalité, quelque chose qu'on ne peut éviter. Ainsi, le temps stagne et tout ce répète autour de Hamm et de Clov. De nombreuses répliques l'illustrent; «le matin, on vous stimule, et le soir on vous stupéfie, A moins que ce ne soit l'inverse«, «- quelle heure est-il? - la même heure que d'habitude [...] zéro«, «- mais c'est toujours comme ça en fin de journée – toujours«. Les journées se suivent et se ressemblent, on perd toute temporalité, les journées et les nuits n'existent plus; «- Et le soleil? - néant«. Le temps est incertain, imprécis, le texte est jonché d'éléments temporels tels que «hier«, «autrefois«, qui ne nous indiquent pas plus de renseignements sur le temps. Ce dernier est rythmé de façon presque musicale par des répétitions, comme «ce n'est pas l'heure de mon calmant?«, ou la question «qu'est ce qui s'est passé?«, déclinée en plusieurs temps.    Il n'y a donc aucune progression dans le temps. Le temps, au sens climatique, reste toujours le même, «gris«. De plus, les murs et la lumière sont également gris. C'est pourquoi les protagonistes cherche à fuir le présent, par plusieurs moyens;  dans Fin de Partie, les paroles des personnages font largement référence à un passé révolu, ou à l'imaginaire, comme pour compenser la vacuité du présent. Ainsi, ils racontent des histoires, des blagues, mais aussi des souvenirs, comme les noces du couple.  les personnages posent de nombreuses questions, comme «à quoi est-ce que je sers?«. Ils semblent donc des enfants. On peut faire là un parallèle avec un procédé de dégradation possible. On ne connait pas leur âge, mais ils agissent tous comme des enfants, ou des vieillards; seul Clov, le plus jeune, semble «saint d'esprit« quoi que ce ne soit un bien grand mot, ce qui inverse la logique.    La fin, élément du titre, est un composant du temps. Le temps représente en quelque sorte la vie, et la fin la mort. La pièce peut être considérée comme un jeu, et la fin serait donc la délivrance tant attendu. En effet, cette fin semble être désirée par les protagonistes, du moins par Hamm et Clov. Ce dernier qualifie la fin d' «inouïe«. Ils vivent donc en parallèle dans le passé et dans le futur, en se projetant à la fin de la partie. «Qu'est ce qui se passe?« puis «Qu'est ce qui s'est passé?«; on passe du présent au passé, comme pour faire progresser le temps plus vite, mais le lecteur est sensible au fait qu'il ne s'agisse que d'une tentative vaine de la part de Clov. On imagine le futur pour fuir le présent, «le réveil sonne. Je suis loin. Il ne sonne pas. Je suis mort«.    Le temps semble être quelque chose d'effrayant à travers quoi les personnages se baladent grâce aux mots sans jamais quitter l'emprise qu'il a sur eux. «Quelque chose suit son cours«, habituellement, on dit que «le temps suit son cours«, on peut donc comprendre que Clov à peur du temps jusqu'à avoir peur de prononcer le mot «temps«. Il fait de même lorsqu'il dit que «ca ne va pas vite«, on voit bien que le temps, c'est en quelque sorte l'attente de la fin, c'est donc insupportable. Les «un temps« répétés si souvent dans l'œuvre viennent renforcer cette idée d'attente. «Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir«; on voit qu'il affiche ça comme une certitude, mais qu'au long de la phrase, la fin n'est plus si certaine. Il y a là une peur que cela ne finisse jamais, tout en étant incapable d'y mettre fin. C'est la même chose lorsque Hamm dit «assez, il est temps que cela finisse […] (un temps) et cependant, j’hésite, j’hésite à … finir.«    Fin de Partie est donc une réflexion complète sur le temps. La citation «Tu ne penses pas que ça a assez duré?« résume à la fois très bien la dimension temporelle du texte, mais elle symbolise également ce que ressent tout Homme à un certain moment de sa vie. La lâcheté, la paresse, l'interdépendance sont autant de critères qui empêchent Hamm et Clov de mettre fin à quelque chose qu'ils ne sont pas sûrs de vouloir arrêter. L'ironie de cette pièce, c'est qu'il n'y a pas de fin.

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