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Enthousiasmé par une de ses premières lectures, Albert Camus écrit : « Nanti d'une étrange et neuve liberté, j'avançais hésitant, sur une terre inconnue. Je venais d'apprendre que les livres ne versaient pas seulement l'oubli et la distraction. » En appuyant votre argumentation sur des exemples précis, vous direz, à votre tour, ce que vous ont apporté les livres. ?

Publié le 21/03/2009

Extrait du document

camus

• Les sujets sur la lecture sont fréquents. Ne reproduisez pas sans réflexion un cours : il faut toujours vous adapter à l'intitulé exact. La citation de Camus peut vous aider à trouver des idées ou un plan, mais pensez aussi à l'analyser lors du développement. L'idée de liberté devra être commentée.  • Le terme très large de « livres « doit vous amener à parler d'autres ouvrages que ceux de la littérature au sens strict. Bandes dessinées, dictionnaires et ouvrages scientifiques seront bienvenus.  • Même lorsque le sujet vous y invite, comme ici, évitez la première personne et les confidences appuyées. Il suffira d'indiquer précisément les qualités d'un livre pour faire comprendre votre adhésion.

  • I. Le divertissement

 — L'isolement  — L'oubli des soucis   — La projection idéale de soi

  •  II. La connaissance de soi et du monde

 — Un dialogue qui permet la liberté de réflexion  — Approfondissement de soi  — Ouverture sur le monde

  •  III. Le plaisir esthétique de la littérature

 — La beauté formelle  — Un art à goûter  — Des réussites à imiter  

camus

« cesse dans la littérature, jouent le même rôle à l'âge d'homme.

Mais les livres qui abordent nos problèmesdirectement permettent une réflexion, une prise de possession de soi consciente, d'où l'impression très forte soudainde se comprendre, de pouvoir réagir et agir librement face aux difficultés psychologiques ou matérielles.

C'estpourquoi beaucoup de romans qui parlent avec réalisme de l'amour, de la mort, de la mélancolie ou des conflitsintérieurs propres à l'adolescence trouvent un tel succès : René de Chateaubriand exprima le mal de vivre de sagénération ; les pièces de Sartre, le malaise existentiel qui suivit la Seconde Guerre mondiale.

Mais chacun peuttrouver un écho personnel dans tel ou tel ouvrage, autobiographie, thèse historique...Fort de cette découverte, A.

Camus étendit et dirigea ses lectures.

Car il ne suffit pas de se retrouver dans unhéros pour acquérir la liberté : connaître les autres, connaître le monde assure une maîtrise encore plus forte del'existence.

Une « avidité nouvelle » lui vint, entretenue par les rêveries ou les conversations amicales quicomplétaient la réflexion individuelle.

Il redécouvrit Les Nourritures terrestres d'A.

Gide, muettes pour lui lors d'unepremière rencontre.

Car le livre offre un dialogue : avec nous-mêmes, avec les auteurs de tous les temps et lieux.

Ilalimente aussi nos rapports quotidiens.

Ne parlons pas du brillant de la conversation, mais des échanges quienrichissent le livre des différentes sensibilités des lecteurs.L'intérêt que suscite pour nous un ouvrage dépend en fait de ce que nous y cherchons : plus le champ de noscuriosités s'ouvre, plus la lecture peut nous aider.

Dès lors une bibliothèque de particulier se fournit sans limites :outre les dossiers nécessaires aux études, elle accueille tout ce qui peut nous faire comprendre le monde passé ouactuel.

Des romans, le lecteur passe aux monographies historiques, à la sociologie, la linguistique...C'est pourquoi les livres furent si souvent suspects aux autorités désireuses de maintenir les populations dans leservage et l'ignorance : la liberté de l'auteur, qui dénonce les injustices ou les hypocrisies morales, stimule la libertédes lecteurs.

Les luttes des philosophes du xviiie siècle contre l'absolutisme et la censure ont ainsi favorisé la prisede conscience qui amena la Révolution.Mais en nous révélant les beautés du monde, par exemple la dignité de la pauvreté pour Camus, le livre nous offreaussi parfois sa propre beauté, qui est esthétique.Un vers musical de Verlaine ou Baudelaire sur la tristesse, une description réussie de paysage nous font voir etsentir différemment, mais nous les apprécions également pour eux-mêmes : pourquoi sinon les apprendre par cœur,les relire ? Des images, des sonorités, un rythme touchent non seulement le cœur ou la raison, mais notre sensesthétique.

La structure d'un roman, celle d'À la Recherche du temps perdu, par exemple, peut exercer la mêmefascination pour ceux qui savent la goûter, que l'agencement d'un tableau ou le montage d'un film.

Cet art peut semettre au service des idées, mais il existe aussi à part entière.Ainsi s'explique le pouvoir de la poésie, qui travaille particulièrement ces éléments.

Mais un roman comme MadameBovary, outre son analyse d'un phénomène psychologique, s'impose à la relecture pour ses qualités de style, sesthèmes récurrents.

Flaubert pensait d'ailleurs que le sujet importe peu, et rêvait d'un livre qui ne repose que sur sabeauté formelle.

Des mouvements comme celui des Parnassiens, des recherches comme celles de Mallarmé ontcontribué à donner des exemples de cet art pour l'art, de ce plaisir des mots et de l'évocation pure.

Nousrecherchons aussi, dans Candide ou dans les Lettres persanes, la perfection donnée aux procédés de l'ironie, oudans Molière celle du comique, par-delà les intentions politiques ou morales des auteurs.Souvent la fréquentation des livres bien écrits nous influence volontairement ou non dans notre langage : on saitleur valeur éducative dans le domaine de l'orthographe, du vocabulaire et de la grammaire, et aussi pour organiserles idées et les exprimer, donc pour mieux penser et plus librement.

Mais ils peuvent aussi nous donner l'envie desoigner nos lettres, d'écrire un journal pour faciliter l'introspection, d'aider nos contemporains par des œuvresadaptées aux problèmes et aux goûts du temps.

C'est pourquoi les livres engendrent les livres, les auteurs lesauteurs.Tel fut le cas d'A.

Camus, qui par ses actions, sa participation à des journaux, ses livres, s'engagea dans son temps,exprima la condition humaine dans des essais comme L'Homme révolté, ou des romans comme l'Étranger.

Et labeauté sobre des paysages de Tipasa, la dignité superbe des quartiers pauvres s'expriment, souvenir de La Douleur,dans la prose poétique de L'Été ou de L'Envers et l'Endroit.

Certes tous les lecteurs ne se découvrent pas unevocation pour la plume, mais chacun pourra se retrouver en partie dans cette confidence de S.

de Beauvoir : «Enfant, adolescente, la lecture était non seulement mon divertissement favori, mais la clé qui m'ouvrait le monde.Elle m'annonçait mon avenir : m'identifiant à des héroïnes de romans, je pressentais à travers elles mon destin.

Dansles moments ingrats de ma jeunesse elle m'a sauvée de la solitude.

Plus tard, elle m'a servi à étendre mesconnaissances, à multiplier mes expériences, à mieux comprendre ma condition d'être humain et le sens de montravail d'écrivain.

». »

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