ESQUISSE D'UNE MORALE SANS OBLIGATION NI SANCTION de Jean-Marie Guyau (résumé)

 Œuvre du philosophe vitaliste Jean-Marie Guyau (1854-1888). L’auteur pose en principe que la vie sert de base commune à l’art, à la morale et à la religion, étant donné qu’elle englobe dans son intensité un principe général d’expansion naturelle. L’œuvre fut publiée en 1885. Guyau tente résolument de tracer les lignes essentielles d’une morale positive dans laquelle n’interviendraient ni les préjugés ni les hypothèses métaphysiques ; en somme, une morale jaillissant de la nature même de l’homme, exprimant ses sentiments les plus élevés et exempte de toute obligation et de toute sanction. Pour Guyau, le principe et la source de la moralité, c’est la vie elle-même. La vie est à la fois désir de conservation et d’expansion ; plus elle est intense, plus elle est étendue et féconde sous tous les rapports ; mais elle n’est pas seulement fécondité matérielle, elle est aussi fécondité intellectuelle et morale. Et c’est justement ce désir d’expansion qui est à l’origine de notre action morale : nous voulons souffrir pour les autres, étendre notre petit « moi » jusque dans une plus vaste sympathie pour les hommes et les choses ; nous voulons agir, donner au monde notre activité, à pleines mains : seul le criminel ne connaît pas le tourment de l’inertie. Le processus de la nutrition et de l’assimilation est toujours accompagné, par loi vitale, de celui d’expansion et de fécondité ; l’individu est porté par sa nature même à devenir un homme social et un homme moral. Avec le développement de la moralité, on arrivera à une solidarité complète du plaisir et de la douleur ; un jour, les plaisirs, les peines et les soucis de tous résonneront d’un écho éternel dans l’âme de chacun. Ainsi la loi morale, pour Guyau, part des profondeurs obscures de notre inconscient : les lois physiques et les lois psychologiques poussent l’homme à se répandre et à agir pour les autres ; mais la loi morale est aussi la loi naturelle.